Le prédiabète est une anomalie du taux de sucre sanguin qui précède le diabète de type 2. Il s’agit d’une pathologie silencieuse qui ne présente aucun symptôme clinique. Cependant, au bout de quelques années, plus de la moitié des personnes qui ont un prédiabète deviendront diabétiques si elles ne sont pas prises en charge. Ce prédiabète est facile à diagnostiquer mais il faut y penser. Ce n’est pas une fatalité.
Contrairement au diabète, il est réversible comme l’a signalé le Dr Habib Jerbi, président de la Société Tunisienne de Médecine Générale et Médecine de Famille, lors de la présentation de l’étude nationale transversale descriptive 2025 réalisée sur la prévalence du prédiabète chez les patients consultant en médecine de première ligne en public et en privé dans toutes les régions du pays à Hammamet, à l’occasion de la Journée mondiale du diabète.
Le prédiabète n’est pas une maladie, du moins pas encore puisque c’est une forme intermédiaire du diabète qui ne s’est pas encore réellement installée. On peut parler d’un signal d’alarme et d’un diagnostic précoce qui permet aux patients atteints d’adopter de nouvelles habitudes et amorcer des changements dans le mode de vie afin de prévenir et retarder l’apparition du diabète. «Le prédiabète, explique Dr Jerbi, est asymptomatique et est un trouble glycémique qui se tient sous la définition du diabète proprement dit, c’est-à-dire que la glycémie à jeun se situe entre 1,10 g/L et 1,25 g/L (une glycémie normale à jeun est inférieure à 1,10 g/L). L’étude vise à estimer la prévalence du prédiabète et identifier les profils à risque dans la population tunisienne. Elle a été réalisée dans les secteurs public (32%) et privé (60%) de la médecine de première ligne. 6470 sujets ont été ciblés. Seulement 5180 ont été analysés. L’enquête a révélé que 63,3% sont des sujets prédiabétiques et 36,7% ont un taux d’HbA1c normal. 1 patient sur 2 est prédiabétique.
66% sont prédiabétiques dès 30 ans. 5 à 10% des prédiabétiques tunisiens deviennent diabétiques dans l’année et 30 et 50 % deviennent diabétiques dans les 5 à 10 ans qui suivent. Le prédiabète est fréquent, silencieux et sous-diagnostiqué. 1 adulte sur 4 a un prédiabète, mais la majorité d’entre eux ne le sait pas. Un million de Tunisiens ne savent pas qu’ils sont diabétiques. 3 hypertendus sur 4 sont en situation de prédiabète, 1 prédiabétique sur 2 est obèse et près de 8 adultes sur 10 ont un surpoids. 4 prédiabétiques sur 5 ont un antécédent familial de diabète. L’antécédent familial est le principal déterminant du prédiabète. 4 prédiabétiques sur 5 ont un antécédent familial de diabète. Pour diagnostiquer le prédiabète (ainsi que le diabète) Dr Jerbi appelle à réaliser une prise de sang pour contrôler la glycémie à jeun. Une personne atteinte de diabète aura une glycémie d’au moins 1,26 g/L. Alors qu’une personne atteinte de prédiabète aura une glycémie qui se trouvera entre le seuil du diabète et le seuil normal soit entre 1,10g/L et 1,26g/L. Il est possible et conseillé de réaliser cet examen en acte de prévention car le prédiabète peut parfois être silencieux, ou présentant des symptômes tels que le besoin fréquent d’uriner, une soif plus marquée, une vision trouble, de la fatigue…).
Comment sortir du prédiabète ?
Afin de prévenir, de retarder, voire d’éviter le prédiabète de se transformer en diabète de type 2, il faut réaliser des modifications thérapeutiques du mode de vie. Dr Jerbi insiste sur un véritable changement de mode de vie qui doit être apporté devant la découverte de cette anomalie, sinon le prédiabète se transforme en diabète de type 2 qui peut provoquer une insuffisance rénale, la cécité, des neuropathies (perte de sensibilité aux chocs, au chaud et au froid etc.), des troubles cardiovasculaires. « Il faudrait adopter une alimentation équilibrée, éviter les pâtes, le pain, les produits ultra-transformés et les boissons sucrées qui créent des pics de glycémie dans le corps. L’excès de poids, surtout autour de l’abdomen, peut augmenter le risque de prédiabète. Perdre 5 à 7% de votre poids peut réduire significativement ce risque. Les soins de première ligne jouent un rôle central dans le repérage du prédiabète et permettent d’éviter des traitements et des complications cardio-rénales et hépatiques. Ignorer le prédiabète augmente les risques de développer de graves problèmes de santé. Mais agir tôt permet de reprendre le contrôle. De nombreuses personnes parviennent à inverser le prédiabète grâce à des changements de mode de vie ciblés et à ne jamais développer de diabète de type 2. Si vous ne savez pas par où commencer, obtenir le soutien d’un professionnel de la santé peut faire une grande différence», précise Dr Jerbi qui estime que le prédiabète n’est pas une condamnation à perpétuité, c’est un signal d’alarme. En adoptant les bonnes mesures, nous pouvons prévenir le diabète, améliorer notre énergie et préserver notre santé à long terme. De petits changements dans l’alimentation, le niveau d’activité et nos habitudes quotidiennes peuvent avoir un impact important sur notre glycémie et notre bien-être général. «N’attendez pas qu’il soit trop tard, commencez dès aujourd’hui à les mettre en œuvre», insiste Dr Jerbi.
Kamel BOUAOUINA