Aujourd’hui, la Tunisie est confrontée à l’un des défis les plus pressants de son histoire contemporaine : garantir l’accès durable à l’eau dans un contexte marqué par la rareté croissante des ressources, la pression démographique et l’aggravation des effets du changement climatique. Consciente de l’urgence, la Banque mondiale réaffirme son engagement à accompagner le pays en mobilisant à la fois des financements, des outils méthodologiques et une expertise technique de haut niveau.
Une rencontre entre la Directrice régionale du développement durable pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), Meskerem Brhane, et le ministre de l’Économie et de la Planification, Samir Abdelhafidh, a permis de tracer les grandes lignes d’un partenariat renouvelé et renforcé.
Lors de cette réunion de travail, la Banque mondiale a confirmé sa volonté d’intensifier sa collaboration avec les autorités tunisiennes pour répondre aux enjeux structurels liés à l’eau. La Directrice régionale a insisté sur l’importance d’un appui global, combinant financements directs, coopération technique et partage de connaissances. L’institution internationale s’est engagée à participer au financement des projets qui visent à moderniser le secteur hydrique, mais également à fournir un soutien scientifique et technologique, indispensable pour concevoir des stratégies durables. Cette mobilisation marque une étape importante, à un moment où la Tunisie est confrontée à des épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents et à une demande en eau en constante augmentation.
Une coopération orientée vers une vision à long terme
La Banque mondiale ne se limite pas à répondre aux urgences immédiates, elle souhaite accompagner la Tunisie dans l’élaboration de programmes structurants, capables d’améliorer la résilience du pays sur plusieurs décennies. Meskerem Brhane a souligné la nécessité de renforcer la coordination entre les différentes institutions tunisiennes, publiques comme privées, afin de construire une vision unifiée du secteur hydrique. Cette démarche permettra de définir des priorités claires, d’optimiser l’utilisation des ressources financières et d’assurer une gestion cohérente et efficace de l’eau dans tous ses usages : domestiques, agricoles, industriels et environnementaux.
Pour Samir Abdelhafidh, il ne fait aucun doute que la question de la gestion de l’eau est devenue centrale dans les politiques publiques. Le pays fait face à un double défi : garantir un approvisionnement continu pour la population tout en préservant des secteurs économiques essentiels, notamment l’agriculture. Le ministre a mis en avant les orientations stratégiques en cours de formulation, visant notamment à augmenter les capacités nationales, à améliorer les infrastructures existantes et à développer des solutions innovantes. L’entretien des réseaux de distribution, le renouvellement des installations, l’amélioration de la gouvernance du secteur et la rationalisation de la consommation figurent parmi les axes prioritaires.
Moderniser les réseaux et développer des solutions alternatives
Parmi les mesures envisagées, plusieurs revêtent une importance particulière. D’abord, la modernisation des réseaux de distribution est essentielle pour réduire les pertes d’eau, qui restent élevées dans certaines zones en raison d’installations vieillissantes. Ensuite, la mise en œuvre de programmes destinés à valoriser les eaux usées traitées apparaît comme une piste stratégique.
La réutilisation de ces eaux pourrait permettre d’alléger la pression sur les réserves traditionnelles, notamment dans le secteur agricole, qui représente la majorité de la consommation nationale. Il s’agit d’un domaine où l’expertise internationale de la Banque mondiale peut offrir un appui précieux, tant en matière de financement que de technologies.
Préparer le pays aux impacts du changement climatique
Le réchauffement climatique intensifie les périodes de sécheresse, réduit les précipitations et fait peser une pression supplémentaire sur les nappes phréatiques. Une gestion efficace des ressources hydriques devient donc un impératif national. Le partenariat entre la Tunisie et la Banque mondiale vise à introduire des modèles de gestion plus sophistiqués, capables d’anticiper les crises plutôt que d’y réagir dans l’urgence. Cela inclut le développement de systèmes d’alerte hydrologique, la diversification des sources d’eau et la planification d’infrastructures résilientes.
La réunion, qui s’est déroulée en présence du directeur du bureau de la Banque mondiale en Tunisie, Alexandre Arrobbio, montre l’importance accordée par l’institution à la question hydrique tunisienne. Elle ouvre la voie à une phase de coopération renforcée, fondée sur un dialogue permanent et une implication plus profonde des équipes techniques.Ce partenariat n’est pas seulement financier, il constitue un véritable soutien structurel, destiné à aider la Tunisie à bâtir un modèle hydrique durable, adapté à ses spécificités géographiques, climatiques et économiques.
Vers un système hydrique modernisé et résilient
L’appui de la Banque mondiale intervient au moment où la Tunisie prépare une nouvelle stratégie nationale axée sur la sécurité hydrique, la gouvernance améliorée et la rationalisation des usages. Ce travail conjoint devrait permettre au pays de mieux protéger ses ressources, de moderniser ses infrastructures et de renforcer sa capacité à faire face aux défis futurs. À travers cette collaboration, la Tunisie aspire à transformer l’un de ses secteurs les plus sensibles en un levier de stabilité sociale, de développement durable et d’attractivité économique.
Leila SELMI
