Les Tunisiens consomment des quantités de sel bien supérieures à la limite recommandée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), fixée à 5 grammes par jour. Certaines personnes tombent ainsi dans l’excès de consommation et ne feront pas attention à la quantité de sel dans les repas au moment où certains ont eu l’habitude de manger des repas salés. Or, la consommation non modérée du sel constitue un véritable danger pour la santé. Les médecins et les nutritionnistes tirent la sonnette d’alarme et appellent à une action urgente des consommateurs qui sont invités à adopter une alimentation équilibrée, riche en fruits et légumes, tout en limitant le sel. La prévention commence dans la cuisine : changer ses habitudes alimentaires ne nécessite ni argent ni miracle, mais simplement conscience et volonté. Car si ce sel rend les plats plus savoureux, il peut aussi transformer le plaisir de manger en un chemin lent vers la maladie comme l’atteste Nihel Béji, nutritioniste.
Le Temps.news : Pourquoi les Tunisiens mangent-ils trop salé ? À partir de quelle quantité cela devient-il préoccupant ?
Nihel Béji : La consommation excessive de sel en Tunisie s’explique par un ensemble de facteurs culturels, sensoriels et nutritionnels : une cuisine historiquement riche en salage, une forte utilisation des conserves et olives, et une exposition précoce à des aliments industriels.
Selon les recommandations internationales, l’apport maximal ne devrait pas dépasser 5 g de sel par jour. Au-delà de ce seuil, on observe une augmentation mesurable du risque d’hypertension, de rétention hydrique et de complications cardiovasculaires.
Comment reconnaître un excès de sel ? Quels symptômes surveiller ?
Un apport trop élevé peut se manifester par une soif inhabituelle, une bouche sèche, un œdème au niveau des doigts, des chevilles ou du visage, des maux de tête et une sensation de lourdeur digestive ou de ballonnement. Ces signes reflètent une perturbation du volume hydrique et de l’équilibre sodium-potassium.
Quels sont les effets d’une consommation excessive sur la santé ?
Un apport chronique trop élevé augmente le risque d’hypertension artérielle, premier facteur de risque des accidents vasculaires cérébraux, d’insuffisance rénale à long terme, d’œdèmes liés à la rétention de sodium et de complications cardiovasculaires (remodelage cardiaque, rigidité vasculaire).Chez les personnes vulnérables, les effets surviennent plus rapidement.
Comment réduire la consommation de sel en cuisine ?
Quelques mesures simples s’avèrent efficaces : saler en fin de cuisson plutôt qu’au début, rincer les aliments en conserve, limiter bouillons cubes, sauces industrielles, olives très salées et goûter avant d’ajouter du sel. La modulation du sel pendant la cuisson permet de préserver le goût tout en maîtrisant l’apport.
Comment éviter de resaler les plats à table ?
Une alternative fiable consiste à renforcer la saveur par les épices (curcuma, paprika, coriandre, cumin…),les herbes et le citron, dont l’acidité amplifie naturellement les arômes.Cela permet de réduire l’usage du sel tout en maintenant une stimulation gustative satisfaisante.
Quelles règles spécifiques pour les enfants ?
Le rein de l’enfant étant encore immature, il est conseillé d’éviter totalement le sel ajouté avant 1 an, limiter les aliments industriels destinés aux enfants et privilégier les saveurs naturelles afin de ne pas conditionner précocement leur perception du goût salé.
Faut-il éviter les produits transformés et la charcuterie ?
Évidemment. Ces produits représentent une source importante non seulement de sodium, mais aussi de composés reconnus comme nocifs : nitrites et nitrates, associés à un risque accru de cancer colorectal, graisses hydrogénées, favorisant l’inflammation chronique, glutamate monosodique, modifiant la perception du goût et renforçant l’appétence , colorants et conservateurs oxydants et acrylamide, toxique et potentiellement mutagène. Une consommation régulière expose à un risque métabolique et cardiovasculaire significatif.
Quelles stratégies pour les personnes habituées à manger très salé ?
Les approches les plus efficaces sont une réduction progressive du sel pour rééduquer le seuil de perception du goût , une augmentation des aliments frais au détriment des produits industriels, une utilisation systématique d’herbes, d’épices, d’ail, d’oignon et de citron comme renfort aromatique et une lecture attentive des étiquettes, car le sodium est souvent présent là où on ne l’attend pas (pain, biscuits salés, fromages).Cette approche progressive rend le changement durable.
Le sel vendu à l’air libre perd-il son iode ?
Oui. L’iode est une molécule volatile et sensible à l’humidité, à l’air et à la lumière. Le sel exposé dans des sacs ouverts ou des sachets non hermétiques perd rapidement une partie de son iode, ce qui diminue son intérêt nutritionnel. Un conditionnement fermé et opaque assure une meilleure conservation.
Propos recueillis par Kamel BOUAOUINA
