Au vu de son classement actuel dans le championnat Elite, le Club Africain donne la nette impression qu’il se porte comme un charme et que tout baigne dans l’huile. En effet, solide co-leader, il est le bulldozer qui ravage tout sur son chemin avec, à la clé, quatorze victoires sur quinze possibles, une seule défaite à Sousse, de larges scores réalisés à domicile et à l’extérieur, cinq joueurs appelés en sélection, et puis ce «luxe» d’avoir été, jusqu’à présent, le seul tombeur de «l’empereur du handball tunisien», en l’occurrence l’Espérance Sportive de Tunis.
La grogne enfle
Or, les apparences sont parfois trompeuses. Car, derrière un look impressionnant et une beauté sulfureuse, peuvent toujours se cacher des souffrances et des maux. Hélas, c’est justement le cas, en ce moment, du CA. En ce sens que la grogne des joueurs ne cesse d’enfler, alimentée qu’elle est non seulement par l’accumulation de trois salaires impayés, mais aussi et surtout, par la persistance des promesses non tenues pour la régularisation des arriérés de ces mensualités. «La patience a ses limites» tempête, sous couvert de l’anonymat, l’un d’entre eux qui s’indigne qu’«on nous prenne pour des dupes, voire pour des esclaves qui bossent, 26 heures sur 24, sans recevoir le moindre sou».
Plus que touchante, cette déclaration est grave. D’autant plus grave que les joueurs ont, jusqu’ici, brandi, à trois reprises, la menace de la grève, et s’ils sont revenus, à chaque fois, sur leur décision, c’était par respect à leur entraîneur Mounir Hacen. «En l’inexistence d’un responsable de la section, révèle notre interlocuteur, visiblement dépité, nous n’avons plus de vis-à-vis que notre coach. Mais, jusqu’à quand ? »
Absence de dirigeants
Du coup, surgit, tel un ouragan, la question suivante : est-il normal qu’un si grand club soit délaissé et maltraité de la sorte? C’est d’autant plus bizarre que le président de la section n’a plus, depuis un mois, donné signe de vie, ni aux entraînements ni lors des matchs officiels. Les uns disent qu’il a des problèmes de santé, d’autres expliquent son absence prolongée par son incapacité à amener des fonds pour financer les besoins de l’équipe et éponger les dettes. Et, en guise d’un énième accessoire pour ce décor lugubre, sachez que le CA est, aujourd’hui, la seule équipe du championnat à jouer ses rencontres sans la présence, sur le banc, d’un accompagnateur et cela, depuis le départ controversé, il y a plus d’un mois, du dirigeant et enfant du club Walid Ajroudi.
C’est à n’y plus rien comprendre !
Mohsen ZRIBI
