La séance plénière conjointe entre l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et le Conseil national des régions et des districts consacrée à l’examen du budget alloué à la mission de l’emploi et de la formation professionnelle pour l’année 2026, a démarré mercredi matin, au palais du Bardo.
Au cours de cette séance, les deux commissions parlementaires, la Commission de l’éducation, de la formation, de la recherche scientifique, des jeunes et du sport de l’ARP, ainsi que la Commission des Services et du Développement social relevant du Conseil national des régions et des districts (CNRD), ont présenté leur rapport.
Le budget du ministère de l’Emploi en hausse de 5% en 2026
Le rapport a précisé que le budget alloué à la mission de l’Emploi et de la Formation professionnelle pour l’année 2026 s’élève à 1 063,900 millions de dinars, contre 1 015,350 millions de dinars en 2025, enregistrant ainsi une hausse de 5%.
En ce qui concerne la répartition du budget selon les postes de dépenses, les dépenses salariales atteignent 463,286 millions de dinars, tandis que les dépenses de fonctionnement s’élèvent à 50,370 millions de dinars. Les dépenses d’intervention totalisent 546,560 millions de dinars, alors que les dépenses d’investissement ne dépassent pas 3,900 millions de dinars.
Formation professionnelle : 52 000 bénéficiaires et un taux de mobilisation de 87% en 2025
En termes de programmes, la formation professionnelle bénéficie de la part la plus importante, avec 494,3 millions de dinars. Le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Riadh Chaoued, a souligné que la formation professionnelle constitue aujourd’hui un pilier essentiel du développement économique et social en Tunisie. «Elle n’est plus considérée comme une alternative à l’enseignement académique, mais comme un levier stratégique pour former une main-d’œuvre qualifiée et adaptable aux évolutions rapides du marché du travail», a-t-il ajouté.
Le ministre a ajouté que cette approche explique l’afflux constant vers les formations en 2025. «Environ 52 000 bénéficiaires, et 16 000 stagiaires ont suivi des parcours de formation, avec un taux de mobilisation de 87% », a-t-il précisé.
Initiative privée : 230 sociétés communautaires créées et 400 nouvelles prévues en 2026
Le programme de promotion de l’initiative privée, doté de 161,3 millions de dinars, connaît un développement significatif. Dans ce contexte, le ministre a indiqué que 230 sociétés communautaires ont été créées, générant 380 emplois, tandis que 88 sociétés ont bénéficié de financements dépassant 29,46 millions de dinars.
Parallèlement, il a précisé que le cadre législatif des sociétés communautaires a été révisé par le décret n°3 de 2025 afin de simplifier les procédures de création, de participation, de gestion et de gouvernance, tout en offrant de nouveaux avantages financiers.
«Pour renforcer l’esprit d’initiative, un module spécifique a été intégré dans les programmes pédagogiques de dix centres de formation professionnelle, et la plateforme interactive «Moubader» a été lancée pour centraliser les services d’accompagnement et de suivi, facilitant ainsi l’accès aux dispositifs pour les jeunes entrepreneurs», a indiqué le ministre.
Dans cette continuité, le ministre a affirmé que son département prévoit la création de 400 nouvelles sociétés communautaires en 2026, ainsi que l’élargissement du système «Moubader» pour atteindre 5 000 bénéficiaires.
Concernant le financement des sociétés communautaires, il a souligné que, outre les lignes de financement de l’État, estimées à 35 milliards de dinars, de nouvelles lignes de financement seront mises en place dans les secteurs public et privé, avec l’implication active des banques. Dans ce cadre, la Banque centrale publiera une circulaire relative à l’octroi de prêts aux sociétés communautaires sur les ressources propres des banques, à un taux d’intérêt très faible.
Numérisation des services : 42 bureaux de l’ANETI modernisés
Le programme de l’emploi, doté de 383,1 millions de dinars, a également été mis en avant par le ministre, qui a salué les efforts du ministère pour soutenir l’emploi à l’international, notamment à travers des accords bilatéraux sur la migration organisée. Il a également évoqué les initiatives de l’Agence Nationale pour l’Emploi et le Travail Indépendant (ANETI), visant à moderniser ses services grâce à la numérisation des parcours de l’emploi et de l’initiative privée, avec la création de plateformes numériques rapprochant l’offre et la demande. «À ce jour, 42 bureaux relevant de l’agence ont été numérisés», a-t-il souligné.
Par ailleurs, le ministre a annoncé que, pour 2026, le ministère prévoit de développer et d’exploiter un système de veille et de prospective des métiers, visant à identifier les besoins en compétences de l’économie à court et moyen terme, en s’appuyant sur des études, des enquêtes de terrain et des plateformes numériques spécialisées.
S’agissant du programme de pilotage et d’appui, doté de 25,1 millions de dinars, il sera renforcé par la création de «l’Unité de stratégie et de portefeuille des projets», chargée d’assurer la cohérence des initiatives, programmes et projets du ministère avec sa vision et ses objectifs stratégiques. Cette unité aura pour mission de renforcer le suivi sur le terrain des projets publics, de numériser les services, de développer les systèmes d’information et d’améliorer les mécanismes de communication.
Le député Nejib Akremi : «Un budget limité pour une mission stratégique»
Dans cette perspective, le député Nejib Akremi, rapporteur de la commission de l’éducation, de la formation, de la recherche scientifique, des jeunes et du sport de l’ARP, a souligné dans une déclaration au journal Le Temps que la mission de l’emploi et de la formation professionnelle revêt un caractère stratégique.
Il a souligné que, malgré l’importance du ministère, le budget alloué ne dépasse pas 1 063 millions de dinars, une enveloppe jugée modeste au regard du rôle crucial du ministère.
Par ailleurs, le député a mis en avant le projet des sociétés communautaires, qu’il considère comme ambitieux et porteur de grandes attentes, notamment face à l’afflux croissant de créations de sociétés après la révision du décret visant à simplifier les procédures.
Il a également souligné que le nombre de demandeurs d’emploi augmente chaque année, en particulier parmi les diplômés universitaires, et que le secteur de l’emploi fait face à de nombreux défis.
Nejib Akremi a révélé que lors de la commission d’audition, il a été demandé l’élaboration d’une nouvelle carte de formation, adaptée à la nature des activités économiques. «Il a été également recommandé que cette carte soit précise en termes de centres de formation publics et privés et qu’elle tienne compte des besoins des titulaires de diplômes supérieurs», a-t-il insisté.
En outre, le député a souligné la nécessité de mettre en place une plateforme électronique permettant de prioriser les recrutements dans tous les secteurs pour les diplômés de l’enseignement supérieur, ainsi que pour les diplômés confrontés à un chômage prolongé.
Nouha MAINSI
