La 2ᵉ édition du Salon International du Tourisme Saharien et Oasien (ISSOT) devait avoir lieu du 2 au 5 décembre 2025. Elle a été annulée… à moins d’un mois de son ouverture. Raison officielle : manque de financement.
Il est vrai que le tourisme saharien est un secteur porteur et pourrait jouer facilement le rôle d’une véritable locomotive de développement économique et social dans le Sud qui fait vraiment rêver. Les dunes et les dattes ne sont pas suffisantes. Maintenant, il faudrait que nos professionnels fassent de la question du Sahara un segment à défendre, en restructurant ce produit, en faisant du lobbying promotionnel et en vantant les mérites touristiques de cette région. Attirer des touristes, des investisseurs et des habitants ne se fait pas par magie. Le marketing territorial joue un rôle essentiel dans la création d’une image positive pour les villes et dans l’amélioration de leur attractivité. C’est le cas de Tozeur, ville aux mille coupoles, qui a été retenue depuis l’année dernière pour accueillir un grand événement touristique au regard de ses atouts touristiques variés, ainsi que de son patrimoine matériel et immatériel et les traditions de ses habitants : le Salon International du Tourisme Saharien et Oasien (ISSOT 2025). Cet événement qui devait réunir environ 300 acteurs professionnels du tourisme alternatif et durable, ainsi que des influenceurs et des journalistes, tant au niveau national qu’international, n’aura pas lieu du 2 au 5 décembre 2025. Il a été reporté à une date ultérieure. Hakim Tounsi, PDG d’un tour-opérateur à Paris, estime que ce report ou cette annulation est un mauvais signe pour un événement censé porter l’avenir touristique d’une région entière.
L’annulation est difficile à accepter
«Le Sud tunisien n’a pas besoin d’excuses. Il a besoin de vision. Ce salon a été créé pour une raison simple : rappeler que le développement ne descend pas du ciel ni des bureaux centraux, mais qu’il se construit sur le terrain, avec ceux qui y vivent, ceux qui y investissent et ceux qui y croient. Dynamiser l’aéroport de Tozeur, relancer une économie locale en difficulté, redonner au tourisme saharien et oasien la place qu’il mérite, ce sont des objectifs sérieux, pas des slogans. Et c’est justement pour cela que l’annulation de l’ISSOT 2025 est difficile à accepter. Le salon de 2024 est un premier essai perfectible, mais représente un potentiel énorme. J’étais présent lors de l’édition 2024. Il y avait surtout une formidable énergie locale, des centaines d’entreprises prêtes à travailler, à rencontrer, à investir. Le tourisme ne s’invente pas, il se structure. J’ai également accompagné le retour de la seule liaison internationale de Tozeur, soit deux vols effectués par semaine depuis Paris. Une bouffée d’air, mais pas un plan de relance. Cela restera l’un de nos points faibles à traiter sérieusement. Quand l’aérien manque, tout manque. On le sait tous : annuler un salon pour cause de budget ne pourra pas booster le tourisme saharien. Un salon professionnel n’a pas besoin de soirée gala ni de feux d’artifice. Un workshop, des rencontres professionnelles, des tables rondes, cela suffit largement pour faire avancer les dossiers. Annuler purement et simplement l’édition 2025 revient à retirer l’une des rares occasions pour la région de dialoguer avec les acteurs nationaux et internationaux du secteur».
Repartir sur des bases claires
Et d’ajouter : «2026 doit être l’année de la maturité, pas celle des regrets. J’espère que cette annulation de la session 2025 n’est qu’un incident de parcours. Mais, dès maintenant, il faut repartir sur des bases claires : professionnalisme avant spectacle, partenariats avant cérémonies, résultats avant communication et vision avant excuses. Le Sud tunisien a tout : le patrimoine, la culture, les paysages, le potentiel humain. Ce qui manque encore, ce sont la coordination, la rigueur et la volonté de tenir le cap jusqu’au bout. Et maintenant ? Il ne faut pas lâcher. Il faut être sur le terrain. Avec mon équipe, nous serons pendant toute la semaine dans le Grand Sud tunisien à Tozeur, Nefta, Tamerza, Kébili, Sabria, Tembaïn, Douz, etc. Nous allons rencontrer, écouter, revisiter, découvrir les nouveautés, élargir notre cercle d’amis, de partenaires et soutenir cette jeunesse locale qui se bat pour faire bouger les lignes. J’ai hâte de revoir le «Tamerza Palace» fraîchement rouvert, ainsi que l’avancement des travaux de l’hôtel «Palmeraie» de Tozeur, et de découvrir les nombreux projets qui émergent dans le Grand Sud.» «Le Sud a besoin de nous tous. C’est notre vitrine touristique. A nous de le revaloriser», conclut Hakim Tounsi qui tente de remettre un peu de positif avec sa vision empreinte d’optimisme à la veille d’une saison touristique prometteuse.
Kamel BOUAOUINA
