En Tunisie, les actes d’agression et de violence connaissent une recrudescence inquiétante dans les établissements éducatifs et leurs environs. Cette violence en milieu scolaire est d’autant plus préoccupante qu’elle se commet non seulement entre les élèves, mais à l’encontre des enseignants également, qui sont de plus en plus exposés aux agressions physiques et verbales commises par les élèves et, fait plus grave, leurs parents. Le secrétaire général du syndicat de l’enseignement secondaire, Mohamed Essafi, a maintes fois qualifié la situation dans les écoles tunisiennes de «catastrophique» en raison de l’augmentation de la violence scolaire. En effet, selon lui, la violence a augmenté de 19% entre 2023 et 2024, avec 312 cas graves ciblant principalement les enseignants, un indicateur qu’il ne faut pas ignorer.
Dans le cadre de la lutte contre la violence scolaire, le gouvernorat de Sousse vient de prendre une initiative louable visant à mobiliser tous azimuts des organismes nationaux, des organisations et des forces vives de la société pour faire face à ce phénomène inquiétant. Cette campagne de lutte contre la violence scolaire a commencé le 28 novembre 2025, quand le gouvernorat de Sousse a lancé le «Projet régional» de lutte contre la violence scolaire et de protection de la société contre les comportements perturbateurs dans l’espace public, sous le slogan «Ensemble, la Tunisie est toujours meilleure».
Etat des lieux
Cette initiative n’est pas fortuite, mais elle est la conséquence d’un grand nombre de cas de violence perpétrés dans les écoles du gouvernorat de Sousse. En effet, plusieurs établissements scolaires ont connu des épisodes violents qui ont défrayé la chronique et suscité la colère des habitants de la région.
Il y a eu d’abord l’affaire du lycée pilote de Sousse. Cela a commencé quand les responsables, face à un manque d’espace dans le lycée, ont choisi de faire appel au collège Jawhara mitoyen pour leur emprunter quatre salles afin d’assurer leurs cours. Les hostilités ont commencé, alors, lorsqu’un élève du collège a agressé une élève du lycée. Petit à petit, l’escalade a mené aux jets de pierre, blessant des élèves et des parents. Un autre incident similaire a eu lieu récemment, mercredi 27 novembre, dans les environs du collège Ezzahra, lorsqu’un affrontement a opposé des élèves à des individus étrangers à l’établissement et comptant des délinquants. L’accalmie n’a eu lieu que lorsque les forces de l’ordre sont intervenues. D’autres actes de violences ont eu lieu dans la région, notamment dans les collèges qui sont les plus touchés par ce phénomène (85% des cas de violence y sont concentrés). Le taux des cas de violence physique est de 24.28%. 70% des faits de violence sont commis par des garçons. La résurgence de la violence a poussé la délégation régionale de l’éducation à Sousse à travailler à l’activation des clubs d’éducation à la citoyenneté et des clubs culturels avec la participation des élèves dans le cadre d’un programme visant à lutter contre la violence.
Programme
Dans le cadre de ce programme, il a été recommandé de constituer un comité réunissant tous les services concernés, les organisations de la société civile et des représentants des conseils parlementaires. Et ce, suite à un rapport concernant la violence scolaire présenté par la délégation régionale de l’éducation à Sousse.
Les principales activités de ce programme régional visent d’abord à sensibiliser le public sur la violence scolaire. Des journées d’études et des ateliers seront organisés en faveur des citoyens, des associations et des établissements d’enseignement afin de les sensibiliser aux dangers de la violence et aux moyens de la prévenir. Ensuite, on vise la coordination des différentes structures (santé, sécurité, éducation…) afin d’assurer une intervention rapide en cas de violence dans les établissements scolaires. Puis, vient le rôle de la formation d’équipes spécialisées de personnel de sécurité et social afin de prendre en charge les victimes avec professionnalisme et empathie. Enfin, la mise en place de centres d’accueil et d’hébergement temporaire, ainsi que d’un soutien psychologique, social et juridique afin d’accompagner les victimes de la violence.
Hechmi KHALLADI
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