Il s’agit d’une nouvelle réalité qui est en train de s’imposer et d’envahir notre monde. C’est que l’intelligence artificielle (IA) commence à se profiler comme un levier de transformation pour les entreprises tunisiennes, bien que son adoption reste encore largement limitée. Si des secteurs comme la banque, la santé et les télécommunications montrent des signes d’expérimentation, l’IA demeure pour beaucoup un domaine en développement, avec des initiatives pionnières qui témoignent d’un début d’intégration dans l’attente de voir ce nouveau phénomène se généraliser…
L’intelligence artificielle (IA) transforme rapidement le monde du travail, créant de nouvelles opportunités tout en modifiant les compétences recherchées par les entreprises. En Tunisie, l’IA influence de nombreux secteurs économiques, allant de la finance à la santé en passant par l’industrie manufacturière.
A titre illustratif, certaines banques tunisiennes ont commencé à déployer des chatbots pour améliorer la gestion de la relation client, et certaines entreprises testent des solutions basées sur l’IA pour automatiser la gestion des ressources humaines et des finances.
Dans le secteur de la santé, plusieurs startups explorent l’utilisation de l’IA pour développer des outils de diagnostic plus précis et des traitements personnalisés, bien qu’encourageantes, ces avancées restent limitées à des cas d’usage spécifiques et ne reflètent pas encore une adoption généralisée à l’échelle nationale.
Un transfert technologique encore lent et hésitant
Toutefois, la réticence à ce nouveau mode de travail et de vie est évidente. Ça peut s’expliquer par une résistance au changement pour plonger dans un monde encore inconnu, et une forte crainte de prendre des risques en plus de la méconnaissance des nouveaux outils technologiques. Ces facteurs font que les entreprises tunisiennes peinent encore à réussir leur digitalisation. Peut-être n’y voient-elles pas, à tort ou à raison, un avantage décisif. Pourtant, la transformation digitale et désormais l’intégration de l’IA leur ouvrent de nouvelles perspectives et opportunités, s’agissant d’une «révolution» mondiale qui finira par envahir tout le monde.
Cet état des lieux prouve qu’iI n’y a pas encore suffisamment de prise de conscience au sein de l’entreprise tunisienne quant aux avantages et aux opportunités qu’offre l’intelligence artificielle dans cette transformation. Ceci s’explique, très probablement, par une méconnaissance de la technologie et des impacts transformateurs qu’elle peut entraîner. C’est pour cette raison qu’un grand travail doit être effectué au sein des entreprises tunisiennes pour qu’il y ait une prise de conscience. Un travail qui doit être mis en application dans des délais brefs car la vague de l’IA est désormais là, à nos portes mais également chez nous et tout doit être mis en place pour s’y intégrer à temps afin d’en profiter comme il se doit.
Mieux encore, notre pays a les capacités de devenir un leader régional dans le domaine de l’IA si, bien entendu, il parvient à résoudre les deux problèmes clés qui se posent forcément : la formation des talents et l’adoption d’un cadre réglementaire adapté, où il pourrait se différencier dans un environnement numérique en constante évolution. Nos entreprises doivent en être conscientes pour se lancer dans ce défi qui doit, d’une manière ou d’une autre, les motiver et les encourager à faire les pas nécessaires en avant. C’est que le coup est plus que jouable et la transformation digitale et l’intégration de l’IA vont sûrement leur ouvrir de nouvelles perspectives et opportunités faisant de cette transformation un investissement hautement rentable.
Un besoin urgent de compétences spécialisées
Il est vrai que nos entreprises doivent oser se diriger vers ce changement quasi radical des méthodes de travail, mais il ne s’agit pas d’une promenade de santé. Cette transformation a ses exigences et notre pays doit s’y accommoder. En dépit de son intégration progressive, l’IA fait face à plusieurs obstacles avec, en premier lieu, la rareté des talents spécialisés. Ce déficit de compétences s’explique en grande partie par l’absence de formations spécialisées en IA dans les établissements d’enseignement supérieur en Tunisie. En effet, alors que l’IA est devenue un domaine central dans les pays développés, peu d’universités tunisiennes proposent des programmes dédiés exclusivement à cette technologie, ce qui crée un écart majeur entre les besoins des entreprises et la disponibilité de profils qualifiés sur le marché local.
Ceci sans parler de l’absence de cadre réglementaire spécifique à l’IA et ce, contrairement à des régions comme l’Union européenne, où des régulations encadrent déjà l’utilisation de l’IA. La mise en place d’un cadre juridique adapté est essentielle pour garantir une adoption responsable de l’IA, tout en protégeant les utilisateurs et les entreprises.
L’intelligence artificielle est également en train de transformer le marché du travail, créant à la fois des opportunités et des défis. Si certains métiers sont automatisés, elle ouvrira la voie à de nouveaux emplois spécialisés dans la gestion, le développement et l’intégration de solutions intelligentes. Pour rester compétitifs dans cette nouvelle ère technologique, les professionnels tunisiens doivent développer des compétences en programmation, en data science et en intelligence artificielle. Avec des investissements accrus dans ce domaine, l’IA pourrait devenir un moteur clé de l’économie tunisienne dans les années à venir.
Aujourd’hui, il est grand temps de passer la vitesse supérieure dans ce domaine pour ne pas rester en marge du progrès et de la marche en avant des autres pays. Il suffit de sensibiliser davantage nos entreprises, privées et publiques, en plus de mettre en place une architecture juridique à jour et un écosystème éducatif IA résilient, c’est-à-dire les deux principaux leviers permettant de stimuler l’innovation et la compétitivité du pays sur la scène numérique régionale et mondiale.
Kamel ZAIEM