Que n’a-t-on pas supputé sur le classement final de la Tunisie au Mondial féminin de Hollande, les pronostics allant bon train entre les 20e et 24e places. Il a fallu attendre le communiqué officiel de l’IHF (fédération internationale de handball) paru, avant-hier après-midi, pour en avoir le cœur net. Ce sera finalement la 20e place (sur 32) pour notre pays. Un rang, faut-il le souligner sans excès de patriotisme, très honorable et sans doute historique. Très honorable, parce que la Tunisie a fait beaucoup mieux que d’autres nations handballistiques de renom, telles que l’Islande, l’Autriche et l’Égypte. Historique, parce que la Tunisie, et nous ne le dirons jamais assez, aura été le premier pays arabe à accéder au tour principal et à y remporter une victoire. Rappelons que notre sélection féminine senior n’a même pas pu se qualifier au dernier Mondial de 2023, alors que sur l’ensemble des dix autres participations au championnat du monde, il faut remonter à l’édition 2009 qui fut la moins mauvaise (15e place sur 24, sans pour autant passer au second tour, selon l’ancienne formule de la compétition).
Salut, Picasso !
Ceci dit et tiré au clair, et pour rendre à César ce qui appartient à César, l’objectivité et la sagesse exigent qu’on ne passe pas sous silence ce qu’a fait notre staff technique en Hollande pour transformer un rêve fou en une réalité nue. Et là, on peut avancer, sans la moindre hésitation, que toutes les prestations des camarades de Sondes Hachana portaient l’empreinte de leur entraîneur Pablo Picasso, pardon Pablo Morel. La majorité des techniciens tunisiens l’a, d’ailleurs, dit, reconnu et souligné dans un vibrant hommage qui ne doit absolument pas passer inaperçu, étant donné que, chez nous, une vieille tradition, à connotation presque xénophobe, qui tient encore la route, se veut un barrage contre le recours aux entraîneurs étrangers. N’empêche que le président de la FTHB, Karim Helali, a pris la gageure (le risque ?) d’aller, au mois de mai dernier, en France à la rencontre d’un certain Pablo Morel que lui a recommandé son homologue de la fédération française de handball. Il est vrai que le futur coach de notre Sept national était précédé d’une flatteuse réputation. En effet, celui-ci, ancien joueur international du club de Brest, a tôt entamé une carrière d’entraîneur qui l’a vu rouler sa bosse et impressionner dans l’Hexagone (clubs de Paris 92, Brest, Metz, Celles-sur Belle) en Roumanie (club de Glora Buzau) avant de passer au Gabon où il a jeté les jalons de la pratique du handball féminin.
Une extraordinaire métamorphose de la sélection
Succombant au charme de ce CV, ne voulant pas rater une si belle aubaine, Karim Helali a finalement réussi, au terme de rudes négociations, à tomber d’accord avec lui sur tous les détails. Juin 2025 : le Breton pose ses valises à Tunis, muni d’un calepin comprenant son plan de travail et les objectifs à atteindre à court et moyen terme. La suite ? Eh bien, non seulement une participation historique au Mondial du Pays-Bas, mais aussi une extraordinaire métamorphose de la sélection qui a, après moins de six mois de travail, assimilé les nouvelles convictions tactiques et techniques chères au français. En ce sens que nos filles sont désormais plus rapides dans la circulation de la balle, plus robustes en défense (notamment dans les duels 1 contre 1), moins lentes dans le repli des contres. Et, toujours selon le new style Pablo, elles appliquent mieux la tactique moderne de la défense 06 étagée qu’elles viennent pourtant de fraîchement découvrir.
En somme, le recrutement de Pablo Morel constitue un acquis inestimable et aux perspectives des plus prometteuses à quelque 11 mois de la CAN qu’abritera notre pays.
Mohsen ZRIBI
