La Fédération générale des banques et établissements financiers prévoit d’organiser une série d’actions revendicatives, dont une grève de trois jours les 29, 30 et 31 décembre, pour protester contre le blocage des négociations sur la majoration des salaires des employés.
Selon une déclaration publiée hier, les salariés ont été appelés à porter le brassard rouge et à organiser des rassemblements de protestation sur les lieux du travail à partir du lundi 15 décembre. Un rassemblement national devant le siège de la Banque centrale ou le ministère des Finances devrait également être organisé d’ici la fin du mois en cours, avant le recours à un débrayage de trois jours.
«Ces activités revendicatives interviennent dans un contexte marqué par le blocage du dialogue social et de violations du droit syndical alors que le Conseil bancaire et financier (organisation patronale) refuse toujours d’accorder aux salariés des majorations salariales malgré les énormes bénéfices que réalisent les banques, les compagnies d’assurance et d’autres catégories d’établissements financiers», a déclaré le secrétaire général de la fédération rattachée à l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Ahmed Jaziri.
«Les négociations salariales entamées en mai dernier ont été suspendues sans explications», a-t-il ajouté.
A l’heure où les bénéfices cumulés de l’ensemble des banque et des compagnies d’assurance ont dépassé 2000 millions de dinars en 2024 d’après des données officielles, la partie syndicale estime que les salariés du secteur font l’objet d’un «acharnement et d’une exploitation de la part du capital national et étranger, sous le regard silencieux du ministère de tutelle qui s’est abstenu d’assumer son rôle en matière de contrôle et de protection, ce qui en fait un partenaire objectif des violations continues dont sont victimes les agents et les cadres».
Recul du pouvoir d’achat sous l’effet de l’inflation et de la hausse de l’IRPP
Elle note également que le blocage des négociations salariales a contribué à la détérioration du pouvoir d’achat des travailleurs du secteur sous l’effet de la flambée des prix et de l’envolée de l’inflation, indiquant que le pouvoir d’achat des salariés a aussi subi les contrecoups de la révision du barème de l’Impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) qui a été instaurée par la loi de Finances 2025 pour plusieurs catégories professionnelles, dont les employés des banques et des autres établissements financiers.
La Fédération générale des banques et établissements financiers a d’autre part pressé le Conseil bancaire et financier de lancer des négociations sérieuses sur les diverses revendications des employés dans les plus brefs délais, et les autorités de tutelle de ne pas exclure les employés du secteur de l’application des dispositions de l’article 412 ter du Code du commerce qui prévoit un abattement de 50% des intérêts à taux fixes pour les crédits dont la durée initiale dépasse 7 ans, si les intérêts payés au cours des trois dernières années excèdent 8% du capital restant dû.
Elle a par ailleurs fait état de «pressions», d’«intimidations», de «prélèvements abusifs sur les salaires» et de «sanctions» ayant ciblé plusieurs banquiers qui avaient participé à la première grève générale de deux jours observée les 3 et 4 novembre dernier.
Il est à rappeler que le gouvernement avait augmenté l’IRPP pour les tranches de revenus supérieures pour mobiliser les ressources nécessaires au budget de l’Etat pour l’exercice 2025. Selon cette mesure fiscale adoptée dans le cadre de la loi de Finances pour l’exercice 2025, les employés des banques appartiennent en majorité aux catégories de contribuables pour lesquels les taux d’imposition sont passés de 35% à 40%, soit de 32% à 36% à partir de l’année en cours, étant donné que leurs salaires imposables dépassent les 40 000 dinars par an. Cela s’est naturellement traduit par des baisses de leurs salaires nets et, partant, de leur pouvoir d’achat.
Walid KHEFIFI
