La transition énergétique constitue aujourd’hui l’une des priorités majeures du gouvernement. Cette orientation se traduit clairement dans les programmes à moyen terme pour 2026 et à long terme à l’horizon 2035, qui visent à accélérer l’intégration des énergies renouvelables, renforcer l’efficacité énergétique et assurer une transition vers un modèle à faible émission de carbone.
Ces initiatives s’inscrivent dans la volonté de garantir la sécurité énergétique nationale. Cette priorité a été largement mise en avant lors des discussions du projet de loi de Finances 2026 au sein de l’Assemblée des représentants du peuple, et réaffirmée par la Cheffe du gouvernement, Sarra Zaâfrani Zenzri, lors de l’ouverture du Forum économique tuniso-algérien.
«Le défi majeur aujourd’hui réside dans la transformation énergétique, devenue une priorité aux niveaux régional et mondial. La Tunisie aspire à explorer de nouvelles perspectives d’un partenariat énergétique stratégique avec l’Algérie, couvrant les domaines de la production, du transport, de la distribution et des énergies renouvelables», a affirmé la Cheffe du gouvernement.
Dans ce cadre, elle a proposé d’élargir la coopération tuniso-algérienne aux projets d’interconnexion électrique et de développer des investissements conjoints dans les énergies propres, en particulier l’énergie solaire et l’énergie éolienne. «Une telle dynamique contribuerait à garantir la sécurité énergétique des deux pays», a-t-elle précisé.
La Tunisie vise 35% d’énergies renouvelables à partir de 2030
L’engagement de la Tunisie en faveur de la transition énergétique se manifeste notamment par son orientation vers le développement de grands projets de production d’électricité à partir des énergies renouvelables. Cette ambition a occupé une place centrale dans le programme présenté par le ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie lors des discussions du projet de loi de Finances 2026 au sein de l’ARP.
À cette occasion, la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, Fatma Thabet Chiboub, a précisé que les principaux objectifs de la stratégie du secteur énergétique à l’horizon 2035 sont d’améliorer l’autonomie énergétique, de contribuer à la croissance économique à hauteur de 2%, de réduire l’intensité carbone de 46% par an et d’atteindre une part d’au moins 35% des énergies renouvelables d’ici 2030, portée à 50% à l’horizon 2035. Elle a également souligné que le programme national de production d’électricité à partir des énergies renouvelables permettra, dès 2030, d’éviter l’importation d’environ 3 milliards de dinars de gaz naturel par an.
2025-2035 : Priorité à l’accélération de l’intégration des énergies renouvelables
Dans cette continuité, le ministère a exposé que la stratégie nationale de l’énergie à l’horizon 2050 repose sur quatre piliers fondamentaux, la sécurité énergétique, le développement économique durable, une transition énergétique juste et la progression vers la neutralité carbone.
Elle a ainsi expliqué que cette vision à long terme se déploie en plusieurs phases, jusqu’en 2025, l’accent est mis sur la finalisation des cadres juridiques et le lancement des projets structurants, tandis que la période 2025-2035 sera consacrée à l’accélération de l’intégration des énergies renouvelables et au renforcement de l’efficacité énergétique, préparant ainsi un système énergétique modernisé pour 2050.
Ainsi, selon les données présentées par le ministère, l’année 2025 a été marquée par des avancées significatives, avec un taux de raccordement au réseau électrique supérieur à 99%, le lancement de grands projets d’électricité renouvelable et la mise en œuvre de programmes d’efficacité énergétique. Dans ce cadre, le ministère a souligné que la Tunisie s’est fixé des objectifs ambitieux, soit atteindre 35% de production électrique à partir des énergies renouvelables d’ici 2030, réduire de 30% la consommation d’énergie primaire et contribuer à une réduction de 46% de l’intensité carbone par rapport à 2010.
Parmi les projets phares en matière de transition énergétique figure le projet d’interconnexion électrique Tunisie-Italie. Doté d’une capacité de 600 MW, ce projet vise à renforcer la sécurité, la durabilité et la résilience de l’approvisionnement énergétique, tout en stimulant les échanges d’électricité verte et en favorisant les investissements dans la production d’énergie propre.
Tunisie : 62ᵉ au classement mondial de la transition énergétique en 2025
Outre les projets actuels et les perspectives du gouvernement en matière d’énergies renouvelables, un classement international confirme la position de la Tunisie dans la transition énergétique.
Selon le rapport du Forum économique mondial, «Fostering Effective Energy Transition 2025», la Tunisie se classe 62ᵉ sur 118 au «Energy Transition Index (ETI)», juste derrière l’Arabie saoudite et le Nigeria. Le rapport indique qu’avec un score ETI 2025 de 54,6, la Tunisie affiche une performance relativement stable entre 2016 et 2025, marquée par des progrès graduels mais encore limités dans la transformation de son système énergétique.
Le classement repose sur deux indicateurs principaux. La performance du système énergétique, qui évalue la sécurité d’approvisionnement, l’équité d’accès et la durabilité, attribue à la Tunisie un score de 59,7 reflétant des avancées notables en matière d’accès à l’énergie et une gestion relativement équilibrée de ses ressources, malgré une dépendance persistante aux importations. Quant à la capacité de préparation à la transition (TR 2025), la Tunisie atteint 46,9, ce qui met en évidence les défis structurels qui freinent sa transition. Le rapport souligne que «les contraintes liées aux infrastructures, au cadre réglementaire et au financement ralentissent l’accélération du déploiement des énergies renouvelables et la résilience du secteur».
L’analyse globale du rapport indique qu’en 2025, le contexte mondial connaît une reprise modérée, stimulée par l’amélioration de l’accès à l’énergie et l’adoption croissante des technologies propres. Cependant, les progrès restent limités en matière d’infrastructures, de régulation et d’investissement.
Ainsi, la Tunisie se trouve à un tournant stratégique et si elle dispose de bases solides pour améliorer sa performance énergétique, elle doit encore renforcer ses réformes, attirer davantage de capitaux, moderniser ses infrastructures et accroître la part des énergies renouvelables afin de consolider sa trajectoire de transition.
Nouha MAINSI
