Face à l’urbanisation rapide, à la saturation des routes et à l’urgence climatique, la question du transport s’impose comme un enjeu stratégique majeur. Mais malgré les investissements réalisés ces dernières années, notamment dans les tramways, bus et routes, l’offre reste souvent inadaptée, inégalitaire et insuffisamment interconnectée. Un constat qui appelle à une réforme systémique des mobilités urbaines.
En effet, le développement rapide du tissu urbain du Grand Tunis a entraîné des besoins de plus en plus importants en matière de déplacements, et une mobilité aussi bien croissante que diversifiée si bien que l’écart n’a pas cessé de se creuser entre la demande de transport allant crescendo car due à la fois, à l’étalement aussi bien urbain que temporel des activités de la population, et à la modicité des moyens mis en œuvre pour la satisfaire. L’agglomération de Tunis a vu sa physionomie changer graduellement à mesure que la voiture prenait de l’emprise et grignotait de l’espace chaque jour un peu plus. Ces déplacements, dont la distance ne cesse de s’allonger et le volume d’augmenter, produisent de nombreuses nuisances : congestion routière, consommation d’énergie et d’espace, pollution atmosphérique locale et globale, bruit, accidents… C’est pourquoi la question d’optimisation des déplacements a toujours constitué une contrainte dans le Grand Tunis. Réformer les transports urbains ne consiste pas simplement à multiplier les lignes de bus ou de tramway. Il s’agit de repenser la ville et de placer l’humain, la planète et l’équité au cœur des mobilités. Reste à bâtir un système cohérent, connecté et durable, au service de tous les citoyens. D’ou l’intérêt de réaliser des enquêtes ménages déplacements (EMD), afin de recueillir les pratiques de déplacements d’une population urbaine dans le Grand Tunis. Par la connaissance de ces pratiques globales de déplacement, elles constituent un outil indispensable pour élaborer et évaluer les politiques de transport dans les agglomérations. Elle donne une image précise et fiable de la pratique des différents moyens de déplacement (marche à pied, vélo, deux-roues motorisées, transport collectif, voiture) et de leurs parts de marché respectives. Au-delà de l’analyse de l’usage actuel des modes, elle permet d’étudier les clientèles potentielles et de mieux comprendre le choix du mode de transport effectué par les personnes pour leurs déplacements. Elle constitue un outil efficace pour mettre en évidence et comprendre les liens entre urbanisme et déplacements. C’est le cas du Grand Tunis où une deuxième enquête sera réalisée afin de déterminer les pôles générateurs de déplacements et leur répartition sur le territoire de l’agglomération dont la dernière enquête déplacements auprès des ménages remonte à 1994.
Enquête des déplacements auprès des ménages
Cette enquête est indispensable dans la mesure où elle renseigne les institutions spécialisées sur les pratiques de déplacement des habitants. C’est dans ce cadre que s’inscrit la réunion du gouverneur de Tunis, Imed Boukhris, qui a présidé, mercredi 10 décembre 2025, au siège du gouvernorat, une séance de travail dédiée à la présentation et à la discussion d’une enquête sur les déplacements des ménages. La séance s’inscrit dans le cadre de l’avancement de l’étude du plan directeur des déplacements urbains du Grand Tunis «PDMU-GT», en présence du directeur général de l’Agence d’urbanisme de Tunis Métropole, des secrétaires généraux chargés de la gestion des affaires municipales, de l’équipe de travail interne de l’agence accompagnée du bureau d’études chargé de l’enquête «BJKA Consulting», des représentants de l’Agence japonaise de coopération internationale «JICA», des services de sécurité et des administrations régionales des transports, du développement et des affaires sociales. Cette enquête est d’une importance cruciale pour le développement du système de mobilité urbaine dans la grande métropole tunisienne pour le rendre plus durable, plus efficace et plus accessible. Elle repose sur une planification durable et intégrée reliant les domaines du transport et du développement territorial et urbain. Le Plan directeur vise ainsi à améliorer les conditions de vie des citoyens en optimisant les transports publics qui font l’objet de nombreuses critiques, en promouvant des modes de transport plus fluides, et en réduisant l’usage des voitures particulières pour limiter les embouteillages. En point de mire également, la rationalisation de la consommation d’énergie par le biais de la maîtrise des dépenses en carburant et l’atténuation de l’impact environnemental des transports. Parmi ces objectifs figurent l’amélioration de la sécurité routière en milieu urbain et le renforcement de l’attractivité de la grande métropole de Tunis. Le gouverneur a souligné au début de la séance l’importance de réussir cette enquête et a appelé toutes les parties prenantes, en particulier les délégués et les maires, à coordonner et à unir leurs efforts pour faciliter le travail de l’équipe de l’enquête. Le représentant de l’Agence de l’Urbanisme de Tunis a présenté l’étude sur les déplacements individuels des ménages, considérée comme un élément essentiel de l’étude du modèle directeur des déplacements urbains, prévue pour débuter en janvier 2026. Cette étude couvrira 3060 ménages de différentes régions, où un contact direct sera établi sur le terrain pour collecter des informations détaillées sur les modes de déplacement urbain des individus et les caractéristiques socio-économiques des ménages. Cette enquête sera réalisée selon une méthodologie scientifique garantissant la qualité des données relatives à la demande de transport et aux déplacements urbains, afin d’être ensuite utilisées dans l’élaboration d’une vision future du modèle directeur des déplacements urbains.
Kamel BOUAOUINA