Les exigences à l’école et dans la formation ne cessent de croître et la pression de la performance ne fait qu’augmente. Si les élèves se sentent dépassés à long terme, le stress s’installe. Il n’y a pas de cause unique pour tous les élèves, en termes de pression scolaire, mais plutôt une série de facteurs qui jouent un rôle, tant auprès des parents que des enfants.
Tout d’abord, la société, au travers des modèles qu’elle promeut, suggère, dans le conscient et dans l’inconscient, une image de ce que serait la réussite, de ce que serait un statut plus valorisant qu’un autre. L’élève est constamment en train de se dire : «Il faut que j’aie de meilleures notes que les autres». Le problème se trouve aussi dans la perception de la compétition. L’école participe aussi à sa façon, à la pression scolaire chez les enfants et les adolescents, de par ses exigences, ses conditions d’enseignement et d’apprentissage, de sa difficulté à inclure des profils atypiques avec un cadre parfois difficile à intégrer pour ces élèves, et même pour les autres.
Les réseaux sociaux ont aussi leur rôle à jouer dans cette situation, avec un impact considérable sur les enfants, en lien avec l’image associée à une filière, à un métier ou plus généralement, à l’image de ce que doivent être la réussite et l’échec. Cette pression scolaire peut se manifester de différentes manières. Les symptômes possibles sont des troubles du comportement, des difficultés de concentration et d’apprentissage et une anxiété aux examens. Les effets de la pression ne se manifestent pas seulement à l’école. Des troubles physiques ou des émotions pénibles peuvent également être des symptômes de stress et de surmenage.
L’Organisation internationale pour la protection des enfants de la Méditerranée a tiré la sonnette d’alarme sur la dangerosité de la pression psychologique exercée sur les élèves en raison de leurs résultats scolaires. Elle a affirmé que la santé et la vie des enfants demeurent bien plus importantes que toute réussite académique. Un constat alarmant sur la pression familiale. Dans son communiqué, l’Organisation a souligné que les familles tunisiennes accordent une importance extrême à l’éducation, atteignant parfois un degré de sévérité excessive. Cette pression constante produit souvent l’effet inverse et peut mener à des tragédies familiales graves, allant parfois jusqu’au suicide ou à la tentative de suicide. L’Organisation appelle les parents à prendre conscience de la primauté de l’équilibre de leurs enfants sur les notes. Elle rappelle que les recherches scientifiques prouvent qu’un élève exposé au stress et aux mauvais traitements perd une partie de sa personnalité et de son équilibre psychique.
Si nos écoles vont mieux, nos jeunes iront mieux…
Si les parents ont l’impression que leur enfant est en permanence stressé à l’école, il est important d’aborder le sujet. Le père ou la mère pourra lui demander comment il se débrouille à l’école : Aime-t-il aller à l’école ? Comment se sent-il dans la classe ? Que pense-t-il de l’enseignant et des cours ? De nombreux jeunes interrogés dans diverses études se disent non épanouis au sein de leurs institutions. Ce mal-être se traduit par une prévalence accrue de phénomènes à risque.
La violence en milieu scolaire, la consommation de stupéfiants, l’extrémisme idéologique, l’émigration clandestine et, dans les cas les plus graves, le suicide chez les jeunes, sont des réalités qui s’accentuent et qui témoignent d’une détresse psychologique profonde et mal prise en charge. La détresse psychique des jeunes s’aggrave. Pression scolaire, harcèlement et inégalités renforcent le mal-être. En effet, face au mal-être grandissant, les élèves ont bien besoin de trouver à l’école un lieu qui soit contenant. Nous entendons par le terme de contenance institutionnelle, la capacité d’une institution à créer un environnement sécurisant et structurant. Elle constitue un cadre éducatif clair et partagé où les professionnels peuvent intervenir de manière cohérente et bienveillante. En bref, un lieu contenant est un lieu qui apporte la sécurité psychologique, qui soit accueillant et qui favorise l’épanouissement. La satisfaction des élèves va souvent dépendre du sens qu’ils trouvent aux longues heures passées à l’école.
Elle est aussi liée au climat scolaire, qui peut être altéré par de micro violences entre élèves, comme des insultes, des vols de fournitures, un surnom méchant, des mises à l’écart, des moqueries. Le soutien des camarades de classe est un indicateur important de satisfaction des jeunes à l’école. Avoir au moins un ami proche est considéré comme un facteur de résilience afin de faire face au stress, aux pressions et aux obstacles pouvant survenir dans leur vie. Les bonnes relations avec les enseignants, l’écoute, le respect, l’empathie, la bienveillance, etc., permettront à l’élève de se sentir bien à l’école. La satisfaction des élèves par rapport à l’école est aussi fonction du niveau de confiance que la famille offre à l’institution scolaire. L’élève se sentira nettement mieux à l’école si la famille la valorise et est positive par rapport à l’institution scolaire.
Nous vivons dans une société en mutation : les rapports entre les élèves, la famille et l’école évoluent, et on observe une montée de l’individualisme. L’accent étant mis, dans la mesure du possible, davantage sur l’élève, on observe qu’un enfant ou un jeune qui ne se sent pas bien dans son milieu scolaire éprouvera des difficultés à se concentrer et à intégrer de nouveaux apprentissages. C’est pourquoi il faudrait dynamiser les clubs scolaires (informatique, sport, musique, théâtre, dessin). Ces activités sont essentielles pour évacuer le stress psychologique, développer les talents et construire la personnalité de nos élèves.
Kamel BOUAOUINA
