Astrologie chinoise, horoscope, tarots, voyance, chiromancie, numérologie, tels sont les titres affichés à la une de la plupart des revues et des magazines exposés en cette fin d’année sur les rayons des kiosques et les devantures des librairies ; et l’on voit une grande affluence de lecteurs assidus de ce genre de publications et même des clients occasionnels en quête de prétexte à une déconvenue subie ou dans l’espoir de dénicher une recette capable de les guider dans le bon chemin.
C’est que l’intérêt accordé à l’astrologie prend des proportions de plus en plus étendues dans nos contrées. Pourquoi tout cet empressement à l’égard des signes du zodiaque ?
Il est vrai que, depuis la nuit des temps, les hommes ont cette croyance qu’il existe un lien entre les corps célestes et les êtres humains sur terre. Encore aujourd’hui, plus de la moitié de l’humanité croient encore à l’influence des astres sur notre vie bien que les scientifiques affirment que l’astrologie n’est que de la foutaise, que la science n’a rien à voir avec l’astrologie et que le fait qu’une pratique existe depuis des millénaires ne prouve pas qu’elle est fondée ; ou alors, il faudrait considérer comme vérités tant de prévisions qui se sont finalement révélées des erreurs, celles de Nostradamus par exemple. On se souvient encore des affirmations délirantes qui prédisaient la fin du monde le 11 août 1999, le jour de l’éclipse totale du soleil. Et pourtant, la Terre continue de tourner.
L’horoscope, c’est de l’irrationnel…
Vu son caractère ésotérique qu’on peut assimiler à des croyances ou à des impostures basées sur des affirmations issues le plus souvent du domaine de l’irrationnel, donc non vérifiables scientifiquement, plusieurs philosophes et penseurs ont critiqué et condamné l’astrologie. Au 18e siècle, la critique adressée par les philosophes des Lumières reste à cet égard la plus célèbre historiquement : on considérait l’astrologie comme l’exemple archétypal de la superstition, de la croyance en des forces occultes, ce qui allait à l’encontre du rationalisme tant prêché à l’époque.
Et pourtant, on assiste encore aujourd’hui, au 21e siècle à une prolifération de milliers de journaux et de revues spécialisés, des centaines de chaînes satellitaires et de sites d’horoscopes diffusés sur Internet qui, profitant de la popularité de l’astrologie, exhibent un grand nombre de voyants et de charlatans pour abuser une clientèle naïve en désarroi et qui souhaiterait voir exaucer ses vœux le plus vite possible. C’est devenu vraiment un commerce florissant.
Et pourtant, les Tunisiens en raffolent
Chez nous, en Tunisie, on ne fait pas l’exception : le phénomène existe bel et bien. L’horoscope gagne chaque jour un si grand nombre d’adeptes parmi les hommes, les femmes, les jeunes et les adolescents. Tous y recourent pour diverses raisons : sentimentales, familiales, professionnelles ou autres. Certains sont poussés par la curiosité, d’autres par le plaisir et d’autres encore par conviction. Rares sont ceux qui n’ont jamais lu leur horoscope et bon nombre de personnes le lisent ou l’écoutent deux ou trois fois par jour ; il y a même ceux qui tracent leur vie en fonction de leur horoscope. On n’exagère point si on avance qu’il y a certains individus qui restent à la maison pour peu que l’horoscope leur annonce un jour sans ! Ils y croient aveuglément et sont persuadés de la véracité des prédictions révélées par leur signe du zodiaque allant jusqu’à affirmer que les changements qu’ils ont subis dans leur vie ont été parfaitement décrits dans leur horoscope de tel jour, de tel mois ou de telle année.
Il y a d’autres qui disent ne pas y croire vraiment, mais aimeraient lire quand même leur horoscope parce que cela fait toujours du bien de lire des choses positives et encourageantes, surtout pour débuter une nouvelle journée, une nouvelle semaine ou une nouvelle année. Et il y a ceux qui n’y croient pas du tout : pour eux, c’est plutôt ludique. S’ils lisent l’horoscope, c’est surtout pour s’amuser à établir une confrontation entre prévisions et réalités.
Qu’on le veuille ou non, l’horoscope est devenu chez nous un fait de société incontournable au point d’être une conviction pour la majorité : on y recourt pour connaître sa chance de succès à un concours, à une promotion, en affaires comme en amour pour la recherche de l’âme sœur… De là, on comprend cette ruée, surtout en fin d’année, sur les revues qui publient les horoscopes de la nouvelle année.
A-t-on vraiment besoin de savoir ce que nous cache l’avenir à travers les astres ? On ne peut être que trop naïf pour croire de bonne foi à ce que prédisent les horoscopes. Un homme sage refuse d’admettre que ces pratiques occultes puissent agir sur son comportement et ses choix dans la vie de tous les jours, à moins que la Science ait montré sa faiblesse et son échec à trouver les solutions adéquates aux problèmes de l’homme contemporain.
Hechmi KHALLADI
