Apparemment, dans pas mal de familles chez nous, l’enfant n’a pas le droit de se reposer, de se défouler. Il est souvent obligé par ses parents de suivre des cours même pendant les vacances. En fait, à peine leurs enfants ont-ils fini le trimestre que les parents se mettent à la recherche d’un instituteur, d’un professeur ou d’un étudiant pour donner des cours particuliers à leurs enfants dès les premiers jours des vacances.
Les vacances, pour ces parents, constituent donc le moment idéal pour permettre à leurs enfants soit de rattraper des retards remarqués dans certaines disciplines, soit pour prendre un peu d’avance sur les programmes. Ce phénomène s’accentue surtout chez les élèves des classes dites terminales (9e année de base ou 4e année secondaire), appelées communément des classes à examen. Mais est-ce vraiment nécessaire d’engager des frais supplémentaires, parfois importants, pour préparer les enfants au trimestre suivant ? Cette anticipation des choses n’est pas pourtant toujours bénéfique pour les enfants qui attendent avec impatience les grandes vacances pour se délasser et pour respirer.
Il est légitime que des parents se soucient de la scolarité de leurs enfants et de leur avenir, ce qui explique ce grand besoin d’améliorer leur niveau scolaire et de les voir un jour accéder à des postes éminents dans la société. Cependant, obliger son enfant à suivre des cours particuliers même en période de vacances, c’est aller à contre-courant, c’est le priver de son droit au jeu, au divertissement et au défoulement, trois choses nécessaires à l’épanouissement de l’enfant. Il faut bien lui accorder l’opportunité de profiter de son temps libre pour changer le rythme de vie, exercer ses hobbies qu’il a peut-être délaissés pendant la période des études.
A la recherche de l’excellence
D’aucuns vous diront que les parents ont peut-être raison du fait qu’aujourd’hui, l’accès à l’emploi devient de plus en plus difficile et nécessite une bonne qualification, ce qui constitue un facteur considérable d’augmentation de la pression exercée par certains parents sur leur progéniture pour une excellente formation et une réussite scolaire brillante. D’où l’importance accordée aux cours particuliers même pendant les vacances. Ces cours devenus comme un mal nécessaire et considérés comme un moyen efficace pour garder l’enfant constamment en contact avec les études. C’est pourquoi ce phénomène prend de l’ampleur chez nous. Pour les parents soucieux de l’avenir de leurs enfants, seule l’excellence compte. Leur enfant doit briller par ses résultats exceptionnels dans toute la famille, dans tout l’établissement, voire dans toute la région ou le pays. C’est pour cette raison que pas mal de parents investissent beaucoup dans la réussite scolaire de leurs enfants.
Qui trop embrasse mal étreint
Or, les vacances, c’est du temps pour s’adonner à des activités (sorties, voyages, festivals…) que l’on n’a pas le temps de faire pendant le trimestre, et qui sont tout aussi bien récréatives qu’éducatives. Certes, les enfants ont besoin d’une coupure dans les apprentissages. Surtout ceux qui ont bien travaillé au cours du trimestre passé se trouvent fatigués à la fin des examens. Et puis, c’est leur droit de se divertir, de se marrer avec les copains. Il est vrai qu’une petite révision de temps en temps se révèle nécessaire dans une ou deux matières et ne demande pas forcément le recours aux heures supplémentaires ni à un programme trop strict fixé d’avance par les parents. Qui trop embrasse mal étreint ! L’enfant se conforme généralement aux exigences parentales, mais souvent à contrecœur, histoire de leur faire plaisir. Certes, une petite révision à la fin des vacances serait certainement d’un grand apport, surtout pour des élèves qui ont eu de mauvaises moyennes dans certaines disciplines, pendant le trimestre précédent. Autrement, il y a risque de surmenage aussi bien physique que mental à subir par l’enfant. Quelques heures de révision suffiraient, nous diront les pédagogues, pour que l’enfant revienne à l’école de gaieté de cœur.
Hechmi KHALLADI
