Casser des tonnes de sucre sur le dos des enseignants est un sport national. Pour cet exercice, les noms d’oiseaux ne manquent pas : ce sont des « butors » fainéants qui font la grève pendant l’hiver et chôment tout l’été ; des « poules mouillées » qui prennent en otage les notes de nos enfants ; des « têtes de linotte » qui abrutissent ces mômes en les gavant d’informations inutiles ; des « bécasses » huppées qui sapent nos économies à coût de manuels, fournitures et cahiers ; et surtout –surtout- des « vautours » sans foi ni loi qui entassent « les milliards » à coups de cours particuliers.
La tête de Turc une fois désignée, la vox populi est sans pitié.
Mais certains chiffres aussi…
En pleine rentrée, un rapport du FTDES en remet une couche. Pendant une année scolaire, les familles tunisiennes dépenseraient, à en croire ce document, un total de 1,468 milliard de dinars pour les cours particuliers de leurs enfants. La bagatelle de 146 millions de dinars par mois, calcule le rapport. En tout, 67% des écoliers, 61% des élèves du collège et 80% des lycéens suivent ces cours. Le coût mensuel moyen pour chaque élève serait estimé, quant à lui, à 94 dinars dans les écoles, 74d dans les collèges et 120d dans les lycées. De quoi donner le tournis ? Ces montants repartent significativement à la hausse en fin d’année pendant la saison des concours, prévient le rapport.
Un milliard quatre- cents, vous dites ? Le phénomène est certes généralisé ; mais soyons honnêtes, ce sont les maths et la physique qui touchent le pactole. Traînés dans la même boue, leurs collègues des autres matières en pâtissent. Et, comble de l’hypocrisie, ce sont les parents qui en demandent ; et qui, par une espèce de croyance frénétiquement ancrée en ces cours « si » particuliers, font flamber les tarifs.
Ces mêmes parents qui, désormais, font monter les enchères pour les tarifs des écoles privées. La même frénésie. Un autre phénomène…
Slim BEN YOUSSEF