Le tourisme culturel est depuis quelque temps un secteur en pleine expansion et fait l’objet d’un grand intérêt de la part des autorités qui misent de plus en plus sur ce marché en faisant de la culture et du patrimoine un choix stratégique dans la promotion du secteur touristique en Tunisie grâce aux richesses culturelles et civilisationnelles spécifiques. La réouverture récente du Musée de Bardo et le classement de Djerba dans le patrimoine de l’UNESCO passent pour deux grands événements qui contribueront au tourisme culturel qu’on doit promouvoir davantage en Tunisie.
En effet, notre pays recèle de sites archéologiques, de monuments historiques et de musées de toutes sortes, ce qui constitue un bon facteur pour développer un genre de tourisme autre que celui des « Three S » (Sun, Sea, Sand), soleil, mer et sable. Ce tourisme classique s’est révélé aléatoire et fragile et souvent tributaire des conditions climatiques, étant une activité concentrée essentiellement dans la saison estivale. En revanche, le tourisme culturel peut s’effectuer durant toute l’année et en toute saison, le patrimoine culturel étant un produit toujours disponible pour tout visiteur souhaitant explorer l’histoire et les traditions du pays.
Mise à niveau des musées tunisiens
Chaque année, on célèbre « Le mois du Patrimoine » entre deux dates marquant deux journées internationales, du 18 avril (Journée Internationale des Sites Archéologiques) au 18 mai (Journée Internationale des Musées). De même, plusieurs mesures ont été prises en vue d’améliorer la capacité d’accueil de certains musées et favoriser les meilleures conditions aux visiteurs des sites et des musées. Des travaux de restauration, d’extension et de rénovation ont été achevés (l’exemple du Musée de Bardo), d’autres sont programmés ou en cours d’exécution.
Les musées et les sites archéologiques ne manquent pas chez nous et ils sont de plusieurs types. On y trouve des musées nationaux (Musée National du Bardo, Musée National de Carthage, Musée National d’Art Islamique de Raqqâda, Musée National de la Médecine), des sites archéologiques (El Jem, Gafsa, Kerkouane, Lamta, Salekta, Sfax, Sousse, Monastir) et le Musée paléo-chrétien de Carthage). De même, nous disposons des musées patrimoniaux (Musées des arts et traditions populaires de Djerba, de Tunis et Monastir, le Musée Dar Cherait à Tozeur, Musée Dar Jellouli à Sfax, Musée Dar Essid, Musée El Kobba, Musée du patrimoine insulaire de Kerkennah, Musée du Sahara à Douz, Musée de Sidi Amor Abada à Kairouan, des musées municipaux (Musées de Chemtou, Douz, Enfidha, Le Kef, Mahdia, Mareth, Nabeul et Zarzis. D’autres musées de la mémoire nationale comme le Musée des finances, Musée postal de Tunis, Musée océanographique de Salammbô, Musée ethnographique de Gabès. Tous ces musées recèlent d’objets précieux et de collections de pièces rares qui reflètent l’histoire de la Tunisie, de la préhistoire jusqu’à nos jours. Une grande richesse culturelle et patrimoniale qu’on se doit de préserver.
Enfin, réouverture du Musée National du Bardo
Le musée National du Bardo, joyau du patrimoine tunisien, qui possède notamment l’une des plus importantes collections de mosaïques au monde, a rouvert ses portes au grand public ce jeudi 14 septembre après deux ans de fermeture, après deux ans de fermeture.
C’est l’un des musées qui demeure le plus important et qui jouit d’une réputation à l’échelle mondiale pour la variété et la valeur des pièces archéologiques qu’il contient. Tout en gardant le style architectural de l’ancien palais royal, ce musée a connu plusieurs transformations à travers les années, notamment concernant la création de nouvelles salles d’exposition aux différentes fonctions (salles de réception, le grand patio, la salle de musique, les appartements privés, les panneaux de faïence et de mosaïques…) Les derniers travaux de restauration ont permis la réorganisation de ses collections et l’exposition d’autres œuvres rares, ainsi que la création d’un nouveau département consacrés aux manuscrits islamiques. Ces travaux visent donc à rénover le musée à la lumière de ce qui existe dans les grands musées du monde, en vue d’améliorer sa capacité d’accueil pour atteindre des millions de visiteurs chaque année.
Intégration entre culture et tourisme
Cependant, malgré l’effort des autorités à mettre à niveau les musées nationaux pour drainer le maximum de visiteurs nationaux et étrangers, il reste beaucoup à faire quant à l’organisation des musées en vue de satisfaire les besoins des touristes dont la visite est souvent limitée par le temps. Penser à les satisfaire, vite et bien, demeure une priorité pour les responsables des musées. C’est ainsi que nos musées, partout dans le pays, doivent suivre des normes internationales pour ce qui est des salles d’exposition, des couloirs, des classifications des collections, des chronologies des faits historiques, des espaces pédagogiques, visites ludiques pour enfants… Toute cette organisation muséale, qui existe déjà dans plusieurs pays européens, est susceptible de répondre aux attentes des visiteurs. Aussi faut-il se doter des moyens modernes adaptés d’information, de communication, de commercialisation, d’accueil et d’accès aux contenus culturels de ces musées. Pour ce faire, la concertation et le partenariat entre les acteurs culturels et les professionnels du secteur touristique sont les conditions sine qua non pour mettre en place une politique de tourisme culturel moderne et équilibré. Une nouvelle démarche d’intégration entre culture et tourisme s’impose aujourd’hui plus que jamais.
Hechmi KHALLADI