Par Samia HARRAR
Par deux fois, la souveraineté tunisienne a été profanée par Israël : trois, si l’on compte l’assassinat de Zouari dans son propre fief, à Sfax, par des “nettoyeurs” du Mossad israélien. L’on comprend mieux aujourd’hui, pourquoi son nom lui a survécu. Et pourquoi il a été éliminé… Il est évident que les deux fois précédentes : le bombardement de Hammam- Chatt par l’entité sioniste (1985) et l’assassinant d’Abou Jihad, dans sa maison à Sidi Bou Saïd, dans la banlieue nord de Tunis (1988) obéissaient à la même logique. Et ce, en violation de notre territoire national, et donc de notre souveraineté.
La Tunisie de Bourguiba avait accueilli, en 1982, lors-même qu’aucun pays arabe n’avait osé le faire, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP): il fallait en payer le prix. Mais, il faut se rappeler qu’à l’époque, Bourguiba qui avait porté plainte contre Israël, devant le Conseil de sécurité de l’Onu, avait alors menacé, si jamais les États Unis d’Amérique y opposaient leur véto, de couper toutes relations diplomatiques avec ce pays. Et pour la première fois de son histoire, les States ont obtempéré et Israël a été officiellement condamnée, même si cette condamnation était plutôt symbolique en définitive. Car, en sa qualité d’État-voyou, cela ne l’a jamais empêché de se comporter en “voyou” qui fait fi de toute légalité internationale, et des droits humains des Palestiniens, que l’entité n’a eu de cesse de déposséder, méticuleusement et sûrement, de ses terres afin d’y réaliser son rêve de “grand Israël”. Eretz Israël pour les intimes. Jusqu’à l’extension de tous les domaines du mal. Signant, avec ce qui se passe aujourd’hui à Gaza, et dans les Territoires-occupés, sans doute, l’épisode le plus sanglant de son histoire, même si, sur ce plan-là, vis à vis des Palestiniens spoliés de leurs terres, Israël se sera surpassé. Est-il besoin de préciser que ce n’est point à son honneur ?
Indéniablement, et nous n’hésiterons pas à le répéter, le massacre des civils, quels qu’ils soient, ne peut qu’être condamnable. Mais lorsque la condamnation est à sens unique et se joue de la vérité, avec la bénédiction d’une communauté internationale, frappée de cécité, il y a lieu de se poser quelques questions essentielles sur la notion d’égalité et de respect des droits humains.
Évidemment, tout se joue sur les mots et ceux-ci ont leur poids lorsqu’il s’agit de “racler” dans le fonds de “sympathie”, qui n’est pas inépuisable puisqu’il n’y a plus rien à y puiser quand l’entité sioniste tombe le masque, aidée en cela par l’extrême-droite radicale qui lui fait office de gouvernement. Les mots pèsent de tout leur poids dans la balance, lorsqu’il faut choisir, entre “L’indépendance” de l’État d’Israël, et sa “Création” en 1948. Ce qui montre d’emblée, que la mystification ne date pas d’hier…
Nous avons tous été “nourris”, peu ou prou, selon la “littérature” que l’on a eue entre les mains, de “Si je t’oublie ô Jérusalem…”. Anne Frank a fait le reste mais la conscience politique vient plus tard. Qui dicte, qu’il ne faut permettre à personne, de tuer en nous, le sens de l’humain. Et de l’universalité de l’humain. En ce sens qu’il serait inhumain et fou, d’appeler à l’extinction de tout un peuple, qu’il faudrait, le cas échéant, jeter à la mer, fut-ce pour réparer une injustice. Et il aurait fallu écouter Bourguiba. Qui avait préconisé, puisqu’il était visionnaire, lors de son fameux discours de Jéricho (Ariha) en 1964, d’envisager la solution de partage, comme un début de chemin pour une paix, que tout le monde était censé appeler de ses vœux. Sommes-nous “légion” aujourd’hui, à croire encore à la solution des deux États ?
A l’heure où Israël tente d’enterrer la Palestine avant même qu’elle puisse (re)voir le jour, et se montre coupable d’atroces et de flagrants crimes de guerre, il est difficile d’y répondre. Mais la réponse de la Tunisie, une fois encore, quant à sa position envers la Cause palestinienne, et pour être cohérente avec son histoire, elle n’a pas dévié.