Entre les prouesses chirurgicales qui ont propulsé la Tunisie en tant que leader médical reconnu mondialement et les caméras des médias constamment braquées sur ces réussites, un aspect crucial demeure souvent relégué à l’arrière-plan : la santé mentale. Alors que les médias glorifient ces exploits, il est temps de mettre en avant l’importance vitale de la santé mentale. Les troubles et les tourments psychologiques, aux causes multiples et individuelles, représentent une réalité souvent négligée. Ignorer cet aspect de la santé risque de fragiliser la cohésion sociale, ce qui aurait un impact significatif sur la situation générale du pays.
D’un autre côté, la montée en puissance des coaches de vie dans la société se fait de plus en plus évidente. Certains vantent une quête incessante du bonheur et de l’énergie positive, mettant en avant leur passage fréquent dans les médias, tandis que d’autres remettent en question la véracité de leurs paroles. Cette multiplication des discours, oscillant entre croyance et scepticisme, suscite des interrogations quant à leur réel impact sur nos vies.
Les médias au cœur de la stratégie nationale pour la santé mentale
En effet, la « Stratégie nationale multisectorielle pour la santé mentale à l’horizon 2030 » tel est le thème d’un atelier de travail organisé jeudi par le ministère de la Santé à l’intention d’un groupe de représentants des médias, en présence d’experts, de médecins et psychologues.
Jean-luc Roelandt, expert en stratégies de santé mentale à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué à cette occasion, qu’un guide pour les médias sera élaboré, dans le cadre de cette stratégie sur le traitement médiatique de la santé mentale selon une approche des droits de l’homme et qui encourage les journalistes à effectuer une couverture médiatique équilibrée permettant de sensibiliser les citoyens et de comprendre la thématique de la santé mentale, a rapporté l’agence TAP
Dans le même contexte, il a souligné que la lutte contre la stigmatisation des pathologies mentales à travers l’information, l’éducation et la communication figure parmi les priorités de l’OMS en matière de santé mentale.
Selon la même source, les médias jouent un rôle crucial influençant la perception publique, la compréhension et même les politiques. Ils peuvent contribuer à sensibiliser, éduquer et réduire la stigmatisation associée aux troubles mentaux, a-t-il dit.
« Cependant il est essentiel que les médias abordent ces sujets avec responsabilité, en évitant la sensationnalisation et en favorisant une compréhension nuancée » a-t-il ajouté. « Une couverture équilibrée peut contribuer à promouvoir la compréhension, l’empathie et encourager la recherche de soins appropriés. Les médias ont le pouvoir de façonner les attitudes et les comportements à l’égard de la santé mentale et ils doivent exercer ce pouvoir de manière éthique et positive » a affirmé l’expert.
Les participants à cette rencontre ont appelé à la nécessité d’accroître la vigilance et l’attention du public sur les dangers de recourir à des personnes se faisant passer pour des psychiatres, tels que des » coachs de vie « , lorsqu’ils sont exposés à des crises psychologiques.
Les médecins traitants et psychologues ayant assisté à cet atelier ont souligné que le » coach de vie » ne peut pas traiter les maladies et les troubles mentaux qui nécessitent des connaissances et un accompagnement médical, soulignant l’importance de rétablir la confiance entre le médecin et le patient afin de garantir un bon processus de traitement, lit-on encore sur le site de l’agence TAP.
« Une réalité complexe qui varie d’une personne à une autre »..
La santé mentale correspond à un état de bien-être mental qui nous permet d’affronter les sources de stress de la vie, de réaliser notre potentiel, de bien apprendre et de bien travailler, et de contribuer à la vie de la communauté. Elle fait partie intégrante de la santé et du bien-être, sur lesquels reposent nos capacités individuelles et collectives à prendre des décisions, à nouer des relations et à bâtir le monde dans lequel nous vivons. La santé mentale est un droit fondamental de tout être humain. C’est aussi un aspect essentiel du développement personnel, communautaire et socio-économique, a noté l’OMS sur son site officiel.
La santé mentale ne se définit pas seulement par l’absence de trouble mental. Il s’agit d’une réalité complexe qui varie d’une personne à une autre, avec divers degrés de difficulté et de souffrance et des manifestations sociales et cliniques qui peuvent être très différentes. Et d’ajouter que les problèmes de santé mentale comprennent les troubles mentaux et les handicaps psychosociaux ainsi que d’autres états mentaux associés à une souffrance importante, une altération du fonctionnement ou un risque de comportement auto-agressif. Les personnes qui ont des problèmes de santé mentale sont plus susceptibles de ressentir un bien-être mental moindre, mais ce n’est pas toujours ni nécessairement le cas, selon la même source.
Tout au long de notre vie, de multiples déterminants individuels, sociaux et structurels peuvent se combiner pour protéger ou compromettre notre santé mentale et ainsi modifier notre position sur le spectre de la santé mentale. Des facteurs individuels d’ordre psychologique et biologique, tels que les compétences émotionnelles, l’usage de substances et la génétique, peuvent rendre certaines personnes plus vulnérables face aux problèmes de santé mentale, lit-on sur le site susmentionné.
L’exposition à des circonstances sociales, économiques, géopolitiques et environnementales défavorables – y compris la pauvreté, la violence, les inégalités et la privation de bonnes conditions environnementales – augmente aussi le risque de développer des problèmes de santé mentale. A noter que les risques peuvent se manifester à tous les stades de la vie, mais ceux qui surviennent pendant les périodes critiques du développement, notamment au cours de la petite enfance, sont particulièrement préjudiciables. Par exemple, on sait que les pratiques éducatives sévères et les châtiments corporels compromettent la santé de l’enfant et que le harcèlement est un facteur de risque majeur dans le contexte des problèmes de santé mentale, d’après l’OMS.
Ghada DHAOUADI