Elle est un peu partout et elle commence à envahir la société de plus en plus, touchant les citoyens, les établissements, la rue et les moyens de transport. Il s’agit de la violence qui est en train de gagner du terrain et de prendre de l’ampleur face à un Etat qui ne semble pas capable d’arrêter ce fléau.
Ce qui s’est passé il y a quelques jours devant un collège de la capitale nous interpelle longuement et ne peut qu’amplifier notre inquiétude à propos de la violence qui gagne la jeune génération et le sentiment d’insécurité qui hante les esprits, de jour comme de nuit.
Il s’agit d’une dispute entre élèves qui a failli tourner au drame puisqu’un simple désaccord entre quelques élèves a visiblement pris une tournure dangereuse et a vite dégénéré en bataille entre deux groupes d’élèves. Un grave incident qui a causé de graves blessures à une élève de quatorze ans, poignardée par une autre élève de seize ans alors qu’une autre collégienne a été légèrement touchée.
Eh oui, il s’agit d’une adolescente, élève de surcroit, qui se promène avec une arme blanche et qui n’hésite pas à poignarder une autre pour des raisons futiles de simples disputes qui ont, malheureusement, tourné au drame.
Certes, la police, alertée par les élèves, est vite intervenue, mais le mal était déjà fait avec une adolescente emmenée d’urgence dans un centre hospitalier où elle a été admise au service des soins intensifs dans un état critique puisque sérieusement touchée au rein.
Rien que des promesses
Il ne s’agit pas du premier grave incident devant les établissements scolaires, devenus ces derniers temps des champs de bataille pour les uns et de lieu de délices pour ceux qui sont pris dans le piège de la drogue qui s’invite en toute quiétude devant nos lycées, nos collèges et même certaines écoles primaires.
C’est dire que la question de la sécurisation des établissements éducatifs et scolaires inquiète les parents d’élèves, surtout que le taux de violence dans le milieu scolaire ne cesse d’augmenter. Du côté du ministère de l’Education, on ne fait que promettre de mettre en place un dispositif capable dissuader les énergumènes de propager leurs poisons près des collèges et des lycées et de mobiliser, avec la coopération du ministère de l’Intérieur, des patrouilles sécuritaires mobiles et d’autres régulières déployés au niveau des établissements éducatifs. Or, avec la succession de graves faits de violence dans ces lieux montre de manière évidente que tout ce qui est en train de se faire est largement insuffisant pour mettre fin à l’hémorragie et pour protéger de jeunes écoliers de plus en plus gagnés par l’inquiétude et par le sentiment d’insécurité.
Ces faits de violence font désormais partie de notre pain quotidien et s’invitent partout. A titre d’exemple, les voyous et les délinquants n’éprouvent aucune difficulté à venir semer la pagaille et la terreur dans les moyens de transport, notamment les métros de la capitale. Quotidiennement, des citoyens sont agressés ou dépouillés par de jeunes et moins jeunes bandits, parfois enivrés et sentant la fameuse « zatla » qui leur procure du « courage » pour commettre de tels faits sans trop se soucier des gens présents ou de l’intervention des forces de sécurité.
Il en est de même dans certains lieux plus ou moins fréquentés où le simple passage est devenu hautement dangereux, jour et nuit.
Une stratégie sécuritaire à revoir
Face à la prolifération de ces actes de violence et de banditisme, les autorités compétentes ne semblent pas maitriser le sujet puisque le fléau continue à prendre de l’ampleur. Certes, les responsables sécuritaires ne peuvent pas mettre des policiers dans chaque rue ou croisement, mais il y a d’autres méthodes de contrôle et d’intervention beaucoup plus efficaces.
De même, la mise en place de plus en plus de caméras de surveillance, dans les artères très fréquentées et devant les établissements scolaires et même hospitaliers, permettrait de mieux contrôler la situation et de décourager les âmes criminelles qui sauront d’avance qu’un dispositif de surveillance est planté là où ils planifient de commettre leurs méfaits.
Pour revenir à la sécurité dans les établissements scolaires, publics et privés, il y a lieu de rappeler quelques chiffres effrayants. Selon l’observatoire social tunisien, les cas de signalements de violence en milieu scolaire ont augmenté de dix fois en 2021 par rapport à 2020 et de la même moyenne en 2022.
C’est dire qu’un Etat qui se respecte se doit d’être capable d’imposer plus de sécurité et de sévir fermement pour mettre fin à ce tsunami de violence. Il ne s’agit pas d’un phénomène particulier à la Tunisie, mais une mise à niveau dans la manière de s’opposer à ce fléau est plus qu’urgente.
La solution n’est certes pas exclusivement sécuritaire puisqu’il s’agit de conséquences d’échecs dans la gestion économique, sociale et politique du pays depuis de longues années, mais le fait est là avec des taux alarmants et effroyables et les ministères concernés doivent agir de manière autrement plus efficace pour rendre le sourire et le sentiment de sécurité à un citoyen de plus en plus inquiet pour sa quiétude et celle de ses proches.
Kamel ZAIEM