Les pharmaciens sont des acteurs clés dans la chaîne de soins, apportant expertise et compassion à chaque interaction. Leur rôle va au-delà de la fourniture de médicaments, englobant l’éducation et le conseil pour garantir une utilisation appropriée des traitements. Ils deviennent ainsi des facilitateurs de bien-être, guidant les patients vers des choix éclairés pour leur santé. Cependant, cette mission noble n’est pas sans obstacles. Parmi les défis auxquels ils font face, la question du trafic de médicaments surgit comme une préoccupation majeure.
Appel à la libération des pharmaciens en détention accusés de trafic de psychotropes
Le syndicat des pharmaciens d’officine de Tunisie (SPOT) a exprimé, le 6 février 2024, son soutien aux pharmaciens en détention depuis la semaine dernière, sur fond d’accusation de vente et de trafic de psychotropes prévu dans la loi numéro 52 de l’année 1992 en date du 18 mai 1992 relative aux stupéfiants, appelant à leur libération. Le SPOT a rappelé que les pharmaciens sont soumis, en matière de détention et de vente de médicaments, aux dispositions des lois 73-55 et 54-69 et à la circulaire du ministère de la santé de l’année 2013, ce qui leur permet de bénéficier de toutes les garanties légales pour s’acquitter de leur obligations professionnelles et de préserver la santé des citoyens, selon ce communiqué.
Dans le même contexte, le président du SPOT Naoufel Amira a indiqué dans une déclaration à la TAP que des pharmaciens exerçant dans les gouvernorats de Béja et Jendouba ont été arrêtés la semaine dernière après la saisie chez des citoyens de 5 ou 6 boites de médicaments à effet psychotrope, qui ne peuvent être délivrés que sous ordonnance médicale, soulignant que ces médicaments ont été achetés auprès des officines sur ordonnance, selon ses dires.
Il a indiqué que ces arrestations auront des répercussions sur l’activité pharmaceutique et la vente des médicaments aux citoyens, ajoutant que l’inspection des pharmaciens et le conseil de l’ordre n’ont pas été associés à ces dossiers.
Sont absolument interdits la culture, la consommation, la production, la récolte, la détention, la possession, la propriété, l’achat, le transport, la circulation, la cession, l’offre, la livraison, le trafic, la distribution, le courtage, l’importation, l’exportation, la fabrication, l’extraction ou la contrebande des plantes naturelles narcotiques visées à l’article premier de la présente loi. Sont formellement interdites toutes les opérations agricoles, industrielles ou commerciales se rapportant aux stupéfiants, à l’exception des cas légalement permis, dans le domaine exclusif de la médecine, de la médecine vétérinaire, de la pharmacie et de la recherche scientifique, en vertu des textes législatifs et règlementaires en vigueur., lit-on dans le deuxième article de la loi susmentionnée.
Qu’est-ce qu’un médicament psychotrope ?
C’est un médicament qui agit sur les mécanismes neurobiologiques du cerveau afin d’améliorer les troubles ou les dysfonctionnements de l’activité psychique. Au niveau du système nerveux, l’activité psychique se traduit par des réactions biochimiques au sein des cellules nerveuses (appelées « neurones »). Les neurones synthétisent des substances appelées neurotransmetteurs* (ou neuromédiateurs), dont les plus connus sont : la dopamine, la sérotonine et la noradrénaline. Ces neuromédiateurs interviennent dans le fonctionnement normal des neurones mais peuvent aussi, lorsqu’ils sont en quantité anormalement importante ou au contraire insuffisante, entraîner des troubles, qui se manifestent par certaines pathologies comme la schizophrénie, les troubles de l’humeur ou les troubles anxieux. Ce fonctionnement est d’une grande complexité, car il fait intervenir de nombreux systèmes biochimiques, selon un rapport publie par le ministère de la Sante et de la prévention.
La recherche scientifique a pu démontrer que des anomalies de biologie cérébrale étaient associées aux troubles psychiques. On sait par exemple que des anomalies du système sérotoninergique (c’est-à-dire l’ensemble des neurones qui utilisent la sérotonine comme neurotransmetteur) sont observées à la fois dans les troubles de l’humeur, dans les troubles psychotiques et schizophréniques et dans les troubles anxieux. Les médicaments psychotropes modulent les effets des neurotransmetteurs : ils améliorent ou stabilisent les anomalies de fonctionnement des cellules nerveuses, selon la même source. Et d’ajouter que toutefois, il faut être très prudent sur les liens de causalité. En effet, si certains antidépresseurs ont un effet sur les neurotransmetteurs comme la sérotonine, cela ne signifie pas que la cause de la dépression est un manque de sérotonine. « Un niveau bas de sérotonine ne cause pas la dépression, pas plus qu’un niveau bas d’aspirine ne ne cause un mal de tête.
Ghada DHAOUADI