Ouvertures de banques, multiplication des exportations et des lignes maritimes et aériennes, etc. : la Tunisie se tourne économiquement vers l’Afrique. Ce marché africain offre de vastes opportunités et un potentiel significatif pour les entreprises tunisiennes qui souhaitent à présent inonder le marché africain de produits tunisiens comme le souligne Mourad Ben Hassine, PDG du Centre de promotion des exportations (Cepex).
Le Temps.news : Quels sont les atouts de la Tunisie sur le marché africain ?
Mourad Ben Hassine : Le continent africain présente un immense potentiel de croissance dans de nombreux secteurs. La Tunisie est présente sur le marché africain à travers une panoplie de produits et de services.
Il existe dans le continent, des niches d’investissement prometteuses, en particulier, dans les secteurs du bâtiment et travaux publics (BTP), les industries agroalimentaire, la santé, l’éducation, les services et les finances. De plus, l’Afrique, qui compte un milliard de consommateurs, se caractérise aujourd’hui par une forte classe moyenne en progression continue, une demande accrue de produits plus sophistiqués et un taux d’urbanisation en forte évolution. Le CEPEX dispose de six bureaux régionaux en Afrique, au Sénégal, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Kenya, au Nigéria et au Congo.
La Tunisie gagnerait, ainsi, à profiter de cette nouvelle donne et à exploiter au mieux l’image rayonnante dont elle jouit à travers le continent africain. Cependant les échanges commerciaux de la Tunisie avec l’Afrique subsaharienne représentent seulement 3 % de ses exportations totales alors que l’Union Européenne représente les 2/3 de nos exportations. Ce qui atteste qu’il y a une place pour exporter plus vers l’Afrique. Ainsi pour 2024, la Tunisie ambitionne d’augmenter le volume des échanges commerciaux avec l’Afrique subsaharienne.
Quelles sont les failles qui entravent l’exportation des produits tunisiens en Afrique ?
Il y a certaines lacunes en matière d’infrastructure, de transport et de logistique plus particulièrement, parallèlement à l’insuffisance au niveau des informations sur le marché. Mais nous sommes en train de solutionner ces failles à travers l’adhésion de la Tunisie à des marchés communs comme l’Afrique Orientale et Australe (COMESA) ainsi que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDAO) qui offre de nouvelles opportunités aux entreprises tunisiennes et à l’Initiative pour le commerce dirigé, qui regroupe 8 des pays qui sont prêts dans le cadre des mécanismes commerciaux intra-africains, il existe une valeur d’exportation inexploitée de la Tunisie de l’ordre de 1,2 milliard de dollars américains. Ces accords de libre-échange ne peuvent être que bénéfiques pour l’ensemble de l’appareil exportateur.
L’objectif, pour le centre des exportations, est d’atteindre une valeur d’exportation au niveau de 5% en boostant d’autres marchés. Nous sommes dotés d’outils techniques et juridiques pour pouvoir aborder ces marchés d’une manière sereine.
D’ailleurs, le CEPEX ne cesse de participer aux salons internationaux, d’organiser des rencontres d’affaires, des journées commerciales et d’inviter des donneurs d’ordres et d’acheteurs. Le Centre de Promotion des Exportations organise aussi des forums économiques comme la troisième édition des rencontres d’affaires « Tunisia Africa Business Meetings ». Cet événement organisé en juillet 2024 vise à créer un rendez-vous professionnel entièrement consacré au rendez-vous B2B directs avec plus de 100 acheteurs de 25 pays de l’Afrique Subsaharienne et 300 entreprises tunisiennes dans des secteurs porteurs ciblés à savoir l’agroalimentaire, les industries mécaniques et électriques, le textile et habillement, l’industrie pharmaceutique, les matériaux de construction et les travaux publics, l’industrie chimique, les services de la santé, les services de l’éducation et de la formation, les technologies de la communication et de l’information et les services divers destinés aux entreprises (finance, consulting, etc.).Un programme riche proposant des rencontres B to B, une séance plénière, des workshops et des visites d‘entreprises est prévu durant les jours de l’évènement.
Et le transport ?
La logistique est un des maillons importants pour le développement des exportations tunisiennes vers des pays subsahariens. Les coûts élevés de transport et la complexité des chaînes d’approvisionnement peuvent nuire à la compétitivité des produits tunisiens sur le marché africain. Cependant, le CEPEX appuie les exportateurs tunisiens à travers un levier financier (fonds de promotion des exportations) et ceci pour soutenir financièrement le coût du transport et alléger ce fardeau .La logistique, autrefois centrée sur le déplacement physique des marchandises, évolue de plus en plus vers une dimension numérique. La digitalisation des ports africains est essentielle pour améliorer leur efficacité opérationnelle, renforcer leur compétitivité, faciliter le commerce régional et international, garantir la transparence et stimuler le développement économique.
Propos recueillis par Kamel BOUAOUINA