Le port de pêche de Kélibia a du mal à recevoir des bateaux. Il souffre actuellement d’un grand encombrement, avec plus d’un millier d’embarcations qui y mouillent, ce qui dépasse de loin sa capacité d’accueil. Une situation dénoncée par les professionnels de la pêche qui demandent l’extension du port.
Le secteur de la pêche à Kélibia ne souffre pas du non-renouvellement des générations, mais plutôt de l’absence d’infrastructures portuaires, ce qui pose de nombreuses inquiétudes aux pêcheurs qui réalisent des investissements énormes au début de l’activité et qui craignent que les centaines de milliers de dinars investis ne s’évaporent. Pourtant, ce port de pêche de Kélibia, est classé 3ème au niveau national derrière ceux de Sfax et de Teboulba. Près de 60% de la production nationale provient de ce port qui compte 50 unités de pêche de poisson bleu, 25 unités de chalutiers. Durant la saison de pointe (mai/septembre), le port peut atteindre 400 unités venant de différents ports. Près de 11% de la flotte représente la pêche de poisson bleu et plus de 70% revient à la pêche côtière.
Une virée du côté du port, nous révèle une activité mi-figue mi -raisin. Une dizaine de pêcheurs, visages fatigués, s’activent pour faire descendre les caisses de poissons mi- pleines. Le résultat de la pêche n’est pas au niveau des attentes. Les quantités sont réduites et de petit calibre. Un bateau qui veut décharger son poisson doit attendre plus longtemps avant qu’un autre termine son débarquement. D’ailleurs, on assiste parfois à une interminable file des bateaux qui attendent leur tour pour le débarquement de leur poisson », raconte Habib, un pêcheur d’El Haouaria qui pointe du doigt un manque d’infrastructures dans ce port de pêche
Ce port enregistre une baisse sensible de la production de poissons, toutes espèces confondues, en raison de la réduction du nombre de bateaux. Ce qui a enregistré une baisse sensible de la production de poissons, toutes espèces confondues, baisse constante de revenus des marins-pêcheurs, provoquée par la rareté du poisson « Il ne me reste plus qu’à prendre la mer », soupire Rachid, un jeune pêcheur. C’est un paradoxe difficile à comprendre : Kélibia compte plusieurs kilomètres de côtes et pourtant, on n’y mange pas beaucoup de poisson. Sardine, rouget, chien de mer… La pêche demeure une activité importante dans cette cité balnéaire. Une virée du côté du port, nous révèle une activité mi-figue mi -raisin. Sur le quai, des pêcheurs réparent des filets, alors que d’autres, artisanaux trient ou nettoient les poissons capturés lors de cette journée. Ils se considèrent comme des membres d’une même famille, puisqu’ils partagent plusieurs choses en commun. Une dizaine de pêcheurs, visages fatigués, s’activent pour faire descendre les caisses de poissons mi- pleines. Le résultat de la pêche n’est pas au niveau des attentes. Les quantités sont réduites et de petit calibre. « Une réduction de 70% de la production a été enregistrée. Nous assistons à une désertification de la mer suite à la pêche anarchique et au chalutage qui a fait disparaître les petits poissons ainsi que le couvert végétal aquatique. Ceci sans oublier l’arrêt des travaux du projet d’aménagement et de maintenance du port, lancé en septembre 2019, pour un coût de 20 millions de dinars (MDT). Cet arrêt a créé un dépassement de la capacité d’accueil du port jusqu’à 150%, d’autant plus que plusieurs embarcations venant de différents ports accostent à Kélibia » explique Walid Kouja, le secrétaire général de la Fédération régionale de la pêche en eaux profondes de Nabeul.
Un manque criant d’infrastructures !
Le port de Kélibia souffre d’une insuffisance d’infrastructures. Il manque presque de tout, il n’a connu, depuis sa création, aucun renforcement ou rénovation de son infrastructure.La pollution menace le port .Depuis quelques années, un phénomène prend de l’ampleur : les rejets de déchets plastiques envahissent les rives et encombrent les zones où travaillent les pêcheurs. Faute d’un système opérationnel de collecte des ordures ménagères et de sensibilisation aux risques liés à la pollution des eaux par le plastique, ces déchets s’entassent dans les canaux de la ville avant de se disperser dans la mer, au point que les pêcheurs réclament l’interdiction des sacs plastiques.La pollution provenant du réseau d’assainissement de l’ONAS et surtout des cinq oueds qui déversent leurs déchets en pleine mer corse la situation.Pour les êtres vivants qui habitent ces eaux, les rejets industriels mêlés aux déchets et eaux usées ne peuvent faire que mauvais mélange. « La mer est devenue des toilettes à ciel ouvert » s’indigne Mohamed Ali. La contamination de ces eaux rompt un équilibre essentiel à la survie de la faune et la flore maritimes.Dans ces eaux, la reproduction marine est difficile sinon impossible, entraînant la disparition de plusieurs espèces de poissons. La quantité de déchets de plastique qui se retrouvent au port suscite beaucoup d’inquiétude .Cette pollution par le plastique guette le port de Kélibia comme en témoignent les photos affichées sur les réseaux sociaux par les internautes qui se sont indignés sur la situation environnementale et de l’accumulation des déchets au port où l’eau est submergée par les bouteilles de plastiques, les mégots de cigarettes qui sont presque impossibles à récupérer une fois qu’ils se retrouvent dans l’eau , les produits d’hygiène (serviettes, tampons, lingettes), et les gobelets en plastique. Rien n’a été fait pour arrêter cette menace .Cette pollution est un véritable fléau pour la biodiversité et, à terme, pour l’humain.La situation d’encombrement est également dénoncée par les professionnels de la pêche artisanale. Le port de pêche souffre d’un grand encombrement, avec plus d’un millier d’embarcations qui y mouillent, ce qui dépasse de loin sa capacité d’accueil.De vieilles embarcations de pêche hauturière hantent le port et ne sont plus en activité depuis plus d’une quinzaine d’années. Ce problème d’encombrement est loin d’être nouveau et s’est amplifié au fil des années. « L’aménagement du port était très attendu par les habitants et les professionnels du secteur. Nous voulions un véritable projet pour l’accélération du développement socio-économique de la ville. Mais c’est une grande déception, le port est resté depuis le lancement de ses travaux un chantier inachevé depuis plus de cinq ans». Plusieurs pêcheurs ont un problème : l’absence d’infrastructures qui complique sérieusement leur tâche. Leur difficulté majeure c’est avoir accès aux quais. L’accostage au débarquement fatigue beaucoup les pécheurs et causse assez des dégâts au niveau des embarcations.« Ce nombre de barques mouillant dans le port provoque une grande pression à l’échelle des services et exige davantage d’efforts pour assurer les services nécessaires aux marins- pêcheurs et aux professionnels. » précise Walid Kouja, le secrétaire général de la Fédération régionale de la pêche en eaux profondes de Nabeul qui appelle à réaménager le port, à l’assainir et à le mettre à niveau surtout que l’infrastructure actuelle ne répond plus aux attentes des pêcheurs. Les pêcheurs sont conscients que leur avenir va changer avec la reconversion du port. En attendant la concrétisation de ce grand projet, ils continuent d’exercer leurs activités dans un port de pêche qui souffre d’un manque d’infrastructures de base.
Kamel Bouaouina.