Dans un monde de plus en plus fragile, à l’environnement pollué et au climat déréglé, les énergies renouvelables apparaissent comme la solution unique et parfaite, des sauveuses. En effet, la raréfaction des ressources fossiles (pétrole, gaz, charbon), la recherche d’une moindre dépendance énergétique et la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, imposent de plus en plus le recours à des sources d’énergie renouvelables, c’est-à-dire des sources qui, contrairement aux énergies fossiles, se régénèrent au moins au même rythme que celui auquel on les utilise. Les énergies nouvelles ne sont pas en reste. Et l’hydrogène est de plus en plus présenté comme l’énergie propre de demain. Il a incontestablement son rôle à jouer dans la transition énergétique.
La Tunisie présente un formidable potentiel pour le développement des énergies renouvelables. En effet, le contexte énergétique tunisien est caractérisé par un déficit du bilan énergétique en raison de la hausse de la demande d’électricité face à une production au ralenti due la baisse de la production de gaz naturel de 36% entre 2010 et 2018.Pour faire face à cette situation, l’Etat a mis en place une stratégie nationale d’intégration des énergies renouvelables dans le mix énergétique du pays en vue de réduire le déficit énergétique, notamment par la production d’électricité à partir des énergies renouvelables dans l’objectif de les porter de 3% actuellement à 30% à l’horizon de 2030
La Tunisie est en passe de relever le défi de la transition énergétique à l’heure où la crise insidieuse mais persistante générée par le changement climatique menace toute la planète. Les énergies renouvelables poursuivent un double objectif. Le premier est d’ordre économique. En effet, ces énergies ne dépendent que de la nature et sont donc à la fois gratuites, mondiales et inépuisables. Pas de dépendance à un pays importateur, pas de rupture de stock… que des bénéfices. Le second, mais non le moindre, est d’ordre environnemental. Les énergies renouvelables ne produisent que très peu de déchets, voire aucun. Elles sont idéales pour réduire notre empreinte carbone et préserver la planète. La Tunisie a élaboré une stratégie énergétique à l’horizon 2035 qui s’inscrit dans une vision qui consiste à appréhender la problématique de sécurité énergétique du court terme dans une optique de long terme tournée vers un modèle énergétique durable qui contribue au développement bas carbone de la Tunisie.. Le premier objectif consiste à élaborer une stratégie qui permet à la Tunisie de reprendre son destin énergétique en main et permettre à son économie de rester à l’abri de la volatilité des prix de l’énergie. Cette stratégie vise le renforcement de la sécurité énergétique, la réduction des importations des énergies fossiles, la lutte contre la précarité énergétique et la contribution à la neutralité carbone d’ici 2050. Le deuxième objectif visé consiste à asseoir une feuille de route permettant la mise en œuvre concrète de cette stratégie à travers la mise en place des conditions propices pour encourager l’investissement dans les technologies vertes. Aujourd’hui, il existe un grand nombre de sources d’énergie renouvelables et, contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce nombre ne cesse de croître grâce aux découvertes technologiques.
Transition énergétique : la Tunisie, la solution pour l’Europe
La Tunisie bénéficie de plusieurs atouts pour saisir les opportunités du marché émergent des énergies renouvelables. Elle fait déjà des progrès tangibles pour stimuler sa production d’énergie renouvelable .Elle a pu transformer le manque de production de pétrole et de gaz en opportunité. La première réponse réside dans les abondantes ressources en énergie solaire et éolienne de la Tunisie, avec un potentiel de production estimé à une capacité de 320 gigawatts (GW) par rapport à la demande de pointe actuelle d’environ 5 GW. Le développement à grande échelle des énergies renouvelables peut catalyser la croissance en Tunisie de plusieurs manières : premièrement, en réduisant les coûts énergétiques et en diminuant la nécessité de subventions, deuxièmement, en rendant cette énergie verte et en minimisant la dépendance aux combustibles fossiles importés, contribuant ainsi à l’équilibre de la balance commerciale et troisièmement, en attirant des investissements directs étrangers dans la production industrielle et les exportations vertes, créant ainsi des emplois et des opportunités économiques. La Tunisie émerge comme une solution énergétique prometteuse pour l’Europe importatrice de gaz naturel. La consommation intérieure de gaz naturel dans l’Union Européenne dépend à 66% de l’étranger. La majorité de ces importations sert à produire de l’électricité. L’Europe comme la Tunisie, ont tout à gagner d’une plus grande intégration du marché de l’énergie et de l’instauration d’un mécanisme qui régit le commerce des énergies renouvelables.
En pleine transition énergétique mondiale, la Tunisie se distingue par son immense potentiel solaire, se positionnant ainsi comme un acteur incontournable dans la production d’hydrogène vert. Ce vecteur énergétique propre ouvre à la Tunisie des horizons stratégiques pour diversifier son mix énergétique et s’imposer comme un fournisseur clé pour l’Europe, surtout dans le contexte actuel marqué par une demande accrue suite aux tensions géopolitiques en Ukraine. Dotée d’un des gisements solaires les plus riches au monde, la Tunisie, jouit d’une irradiation solaire annuelle favorisant une production photovoltaïque compétitive. Sa proximité avec l’Europe renforce son potentiel à devenir un hub d’hydrogène vert régional. Outre son avantage solaire, la Tunisie bénéficie également de vastes réserves éoliennes, notamment dans le désert et dans des régions telles que Kasserine, Bizerte, et El Haouaria, enrichissant ainsi son bouquet énergétique renouvelable. L’Europe, engagée dans une démarche d’indépendance énergétique et de décarbonation, considère les énergies renouvelables comme un pivot de sa stratégie future. Les ressources dont la Tunisie dispose pourraient être l’une des grandes réponses à la demande européenne. La guerre en Ukraine a incité les responsables politiques européens à redoubler d’efforts pour lutter contre le changement climatique à l’aide de nouvelles sources d’énergie propre. La Tunisie espère faire partie de la solution. Assurer l’accès aux marchés d’exportation, notamment en Europe, est essentiel pour la rentabilité du secteur. Pour capitaliser sur cette opportunité, la Tunisie doit rapidement déployer ses initiatives en énergies renouvelables, en instaurant un cadre réglementaire attractif et des incitations pour les investisseurs européens. La Tunisie peut ainsi aspirer à une position privilégiée de transit et de carrefour dans le corridor central de connectivité et de dialogue énergétique Afrique-Méditerranée-Europe. En effet, il est important de rappeler que la Tunisie est un pont entre l’Afrique et l’Europe.
Ainsi, la Tunisie, à cheval sur les deux bassins de la Méditerranée, est connectée à l’Europe par le gazoduc Transmed. En outre, cette connectivité sera renforcée par le câble électrique Elmed (entériné et adopté par la Commission européenne en 2022). Ce projet d’interconnexion électrique Tunisie-Italie (Elmed), cofinancé par la STEG et l’opérateur italien Terna, grâce à des subventions de l’Union Européenne et à des prêts de la Banque mondiale et d’autres institutions financières internationales, établira une liaison sous-marine de 600 mégawatts entre la Tunisie et la Sicile. Cette interconnexion permettra un échange d’électricité bidirectionnel entre les deux rives de la Méditerranée et devrait être opérationnelle d’ici 2028. Elle renforcera la sécurité de l’approvisionnement énergétique en Tunisie, permettant d’importer depuis l’Europe en période de demande de pointe et lorsque cela s’avère économiquement avantageux. En outre, Elmed offre également une opportunité majeure à la Tunisie : intensifier la production d’énergies renouvelables et exporter le surplus vers l’Europe. De cette manière, la Tunisie pourra réduire les coûts de production d’électricité, tandis que les deux parties bénéficieront de ces échanges.
Le Forum tunisien de l’investissement TIF 2024 : l’énergie renouvelable, atout maître de la Tunisie pour séduire les investisseurs
A l’heure de la crise énergétique mondiale actuelle, plusieurs pays européens se précipitent vers l’hydrogène vert. Cela constitue un avantage pour la Tunisie dans la mesure où elle est en mesure de fournir cette énergie verte au marché européen. La Tunisie est prête à mettre le cap sur les énergies renouvelables, surtout que le pays dispose d’un potentiel éolien et solaire important. L’organisation de la 21ème édition du Forum tunisien de l’Investissement TIF 2024 qui se tiendra les 12 et 13 juin 2024 à Tunis. Cette édition spéciale, intitulée « EU-Tunisia Business Forum » , explorera différents thèmes d’actualité en relation avec les choix stratégiques de développement de la Tunisie dans le but de consolider sa compétitivité et son partenariat stratégique avec l’Union européenne. Ce forum, se veut une opportunité d’inviter, de nouveaux partenaires à saisir les opportunités d’affaires qu’offre la Tunisie, de s’intéresser à d’autres régions, d’autres secteurs par la même occasion.
La Tunisie conserve des atouts non négligeables. Son emplacement stratégique en tant que porte d’entrée vers l’Afrique offre des opportunités d’investissement intéressantes. En identifiant ce secteur prioritaire, les investisseurs Européens auront une meilleure compréhension des opportunités spécifiques disponibles en Tunisie. De ce fait, l’Europe a besoin d’ici 2030 de 10 millions de tonnes d’hydrogène. Or si la Tunisie arrive à produire un million de tonnes de production d’hydrogène, elle peut aspirer à devenir à son tour un client de taille pour l’Europe. En quête d’une échappatoire face à un compte à rebours climatique, les pays européens présentent l’hydrogène comme la solution énergétique propre de l’avenir. Ainsi à l’horizon de 2025, toutes les industries manufacturières destinées à ces régions devront instaurer l’empreinte Carbone (Carbon Foot Print) comme label propre pour tous les exportateurs vers l’Europe sous peine de nouvelles taxations sur tous leurs produits exportés.
Tous les exportateurs devront impérativement souscrire à l’effort de « Décarbontion » et justifier auprès importateurs de leur conformité à l’empreinte Carbone moyennant leurs actions entreprises pour l’environnement. Un label qui pourrait pénaliser certains pays exportateurs mais qui peut représenter une opportunité et une chance pour la Tunisie qui pourra profiter de ses atouts naturels et ses dons divins le soleil, le vent et l’eau pour avancer et devenir un grand producteur des nouvelles formes d’énergie. Elle peut ainsi minimiser sa dépendance aux combustibles fossiles importés, contribuer à l’équilibre de sa balance commerciale et attirer des investissements directs étrangers dans la production industrielle et les exportations vertes, créant ainsi des emplois et des opportunités économiques. Dans une perspective à long terme, ce partenariat énergétique régional Europe-Tunisie, pourrait conduire à un marché de l’énergie durable intégré, améliorer la sécurité énergétique dans la région, réduire la vulnérabilité aux chocs externes et apporter plus d’avantages économiques à la Tunisie et à l’Europe
Kamel BOUAOUINA