La Tunisie est régulièrement confrontée à certaines manifestations du climat et il ne se passe pas un mois sans qu’une nouvelle inondation vienne frapper une des régions du pays. Le climat change et est devenu de plus en plus imprévisible. Il est aujourd’hui reconnu que les activités humaines sont à l’origine de ce dérèglement climatique et de l’augmentation de la fréquence de ces manifestations violentes. La Banque mondiale reconnaît que, la fréquence et l’intensité croissantes des catastrophes naturelles constituent une menace réelle et actuelle aux progrès du développement dans le monde entier. Si l’on y ajoute une vulnérabilité croissante liée à de fortes concentrations de populations et de ressources dans des zones à risque, l’évolution technologique et socio-économique, le changement climatique et la dégradation de l’environnement, etc. l’ampleur des préjudices humains, économiques et environnementaux s’alourdit .La vulnérabilité et la résilience sont deux concepts utilisés pour analyser et caractériser les risques de catastrophe. La Tunisie est située en région méditerranéenne, région considérée comme les plus vulnérables au changement climatique. Touchée par les phénomènes extrêmes climatiques récurrents (inondations, sécheresses, incendies de forêts, etc.), la Tunisie a, très tôt, engagé des actions d’adaptation pour protéger les populations et les infrastructures.La vulnérabilité au changement climatique montre que les zones de la Tunisie soumises à des aléas climatiques naturels sont de plus en plus étendues dans un contexte de dérèglement climatique. Ce changement climatique se manifeste, principalement, par le risque des inondations. C’est dans ce cadre qu’un atelier participatif organisé entre le laboratoire Green Team de l’INAT et l’école des ingénieurs suisse (HES –Valais ) a été organisé sur les enjeux et la vulnérabilité du risque d’inondation ,à l’espace Jeelen à Nabeul
Renforcer la résilience et réduire le risque d’inondation
La Tunisie est identifiée parmi les régions méditerranéennes les plus affectées par l’apparition soudaine de crues dues généralement aux débordements des oueds traversant les villes côtières.« Le recensement effectué par les services de la Protection Civile , révèle que les zones côtières du pays présentent une forte vulnérabilité aux inondations, a expliqué Zohra Lili Chabaane ,professeur à l’Institut National Agronomique de Tunisie et coordinatrice du projet « les dernières inondations de 22 septembre 2018 à Nabeul et Dar Chaabane Fehri ont causé de graves dégâts et des pertes économiques et humaines. Les deux villes aient été submergées en quelques heures par les eaux. Le couvert végétal des montagnes, qui encerclent les deux villes et qui représente un rempart naturel contre les inondations, a fini par disparaître au fil des années. A cela vient s’ajouter une urbanisation galopante et chaotique qui s’est traduite par la hausse du nombre des constructions anarchiques aménagées sur les parcelles agricoles qui absorbent l’eau .De nombreux réseaux d’infrastructures et d’habitations ont en été construits en zone inondable.Au cours des vingt dernières années la conjugaison de plusieurs facteurs a balisé le terrain à une vulnérabilisation plus élevée de la région, contribuant ainsi à augmenter le risque d’inondation et sur les lits des oueds qui se sont considérablement rétrécis, impactant négativement leur capacité naturelle à assurer la fluidité du ruissellement les eaux pluviales .
A l’heure actuelle, précise Najla Tlatli, professeur à l’INAT « Il faudrait des mesures préventives avec une véritable dynamique de mise en œuvre d’une politique à la fois pragmatique et cohérente de prévention des risques majeurs qui menacent les zones côtières. On se mobilise pour accompagner et préparer la population à l’éventualité d’événements catastrophiques, notamment dans le cas du risque inondation. C’est pourquoi nous avons voulu organiser cet atelier sur les enjeux et la vulnérabilité du risque d’inondation , le cas du Cap Bon, qui a rassemblé des enseignants chercheurs , des directions techniques aux ministères de l’agriculture, de l’équipement, de la protection civile, des représentants de la société civile, des ONG, des leaders communautaires pour discuter des défis et des vulnérabilités liés au risque d’inondation dans la région et pour identifier avec les parties prenantes les actions potentielles pour renforcer la résilience et réduire le risque d’inondation à Nabeul –Dar Chaabane . L’objectif c’est de comprendre cette vulnérabilité liée au risque d’inondation, identifier les domaines prioritaires pour l’action et l’investissement dans la gestion du risque d’inondation, renforcer la collaboration entre les parties prenantes impliquées dans les efforts de réduction des risques d’inondation et élaborer une feuille de route et un plan d’actions résilientes pour aborder le risque d’inondations dans la région tout en impliquant la société civile dans la sensibilisation aux risques d’inondations. Ceci nécessite l’élaboration d’une carte informative des zones inondables dont l’objectif est de répertorier les zones inondables par des investigations in situ ; utiliser la photographie aérienne et des enquêtes auprès des riverains et les outils de cartographie numérique pour superposer l’ensemble de couches définissant les degrés du risque pour chaque région. L’élaboration de cette cartographie devrait permettre de cibler et hiérarchiser les régions en fonction du niveau de risque possible avec la prise en compte de l’enjeu humain et économique. Elle doit constituer le véritable socle de la stratégie de prévention des risques d’inondation »
Kamel Bouaouina