Les arrestations se poursuivent en Bolivie. Dans la foulée de l’arrestation du général Juan José Zuniga, chef de l’armée de terre, un deuxième général de l’armée, Juan Arnez Salvador, chef de la marine, a été arrêté dans la nuit du mercredi 26 au jeudi 27 juin après un coup d’État avorté, marqué par le siège du palais présidentiel. Les deux hauts gradés font l’objet de poursuites pour « soulèvement armé et terrorisme ». La tentative de coup d’Etat contre le président en exercice semble avoir manqué de soutien, et finalement même les rivaux d’Arce se sont solidarisés pour défendre la démocratie et condamner l’insurrection.
Affirmant vouloir « restructurer la démocratie », le général Juan José Zuniga, chef de l’armée de terre, et ses hommes ont avancé mercredi en rangs serrés dans les rues de La Paz jusque devant le palais présidentiel, où ils ont positionné huit véhicules blindés et lancé des gaz lacrymogènes sur toute personne tentant de s’approcher. Après plusieurs heures d’occupation et une tentative d’entrer dans le bâtiment où se trouvait le président Luis Arce, le général, en poste depuis novembre 2022, s’est retiré avec ses troupes vers une caserne de la capitale où il a été arrêté.
L’arrestation d’un deuxième responsable militaire, Juan Arnez Salvador, chef de la marine, a été annoncée par le ministre du Gouvernement (Intérieur) Eduardo Del Castillo, qui a fustigé, lors d’une conférence de presse, « deux militaires putschistes qui voulaient détruire la démocratie ». Peu de temps avant son arrestation, Zúñiga aurait affirmé qu’Arce lui avait demandé de prendre d’assaut le palais dans un geste politique. « Le président m’a dit : ‘La situation est très compliquée, très critique. Il faut préparer quelque chose pour augmenter ma popularité’ », a-t-il rapporté aux journalistes.
« Orchestré par l’extrême droite avec un traître militaire »
Cette rébellion survient alors que deux figures politiques majeures – Arce et son ancien allié, l’ancien président de gauche Evo Morales – luttent pour le contrôle du parti au pouvoir. Malgré les troubles, le président Arce a reçu un soutien significatif de ses partisans. Des centaines de personnes se sont rassemblées sur la place devant le palais, agitant des drapeaux boliviens et applaudissant. Arce, entouré de ministres, a salué la foule qui chantait l’hymne national. « Merci au peuple bolivien. Que vive la démocratie », aurait-il déclaré.
Les condamnations de l’action du général Juan José Zuniga mercredi ont afflué. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est dit « profondément inquiet » et l’Organisation des États américains (OEA) a averti qu’ « aucune violation de l’ordre constitutionnel » en Bolivie ne serait tolérée. Les États-Unis ont dit suivre « de près » la situation et appelé au calme. La Russie a condamné « fermement » la tentative de coup d’État. L’Espagne a appelé à « respecter la démocratie et l’État de droit » en Bolivie.
Les dirigeants du Chili, de l’Équateur, du Pérou, du Mexique, de la Colombie ont appelé au respect de la démocratie. Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a écrit sur X : « Je suis un amoureux de la démocratie et je souhaite qu’elle prévale dans toute l’Amérique latine ». Le président vénézuélien Nicolas Maduro a dénoncé une tentative de coup d’État en Bolivie orchestrée par « l’extrême droite avec un traître militaire ».
(avec agences et médias)