Plusieurs tunisiens ont l’intention de partir en vacances cet été, entre juin et septembre. Des prévisions encourageantes, qui laissent augurer un record en termes de fréquentation touristique pour cette saison estivale. Les professionnels du tourisme peuvent se réjouir : 2023, celle de 2024 s’annonce encore meilleure.
Alors que le contexte international autour du voyage évolue, apportant de nouvelles contraintes ou préoccupations telles que l’inflation, l’incertitude géopolitique ou le changement climatique, les tunisiens sont enthousiastes à l’idée de partir en vacances mais surveillent de près leur budget et adaptent leurs projets en conséquence. Le budget continue de générer des inquiétudes à de multiples niveaux . L’inflation impacte l’enthousiasme des tunisiens à partir en vacances et plus concrètement leurs projets de vacances. Les vacanciers se préparent à réduire leur séjour ou faire des économies sur le type de logement, le budget nourriture, visites ou activités sur place…
Partir à tout prix…
Ce que les professionnels du tourisme ont aussi remarqué, c’est une forte envie des Tunisiens de partir en vacances. « On n’a jamais eu autant de gens qui nous disent que s’ils travaillent, c’est pour pouvoir partir en vacances et c’est un peu « profitons-en tant qu’il est encore temps », précise Nader, agent commercial dans un hôtel à Hammamet.
Les Tunisiens ont vraiment envie de partir en vacances malgré l’inflation. « C’est devenu excessivement cher, Nous avons opté pour une auberge de vacances plutôt que de renoncer à leurs vacances », explique Sami, père de quatre enfants.« Finalement, nous allons pouvoir partir, mais c’est clair qu’on ne fera pas de folies. » précise Alia qui compte séjourner trois jours dans un hôtel avec son mari et ses trois enfants. « C’est difficile . On a eu plus de mal à mettre de l’argent de côté pour payer son séjour ». Les vacances, on en a tous besoin. Malheureusement, elles deviennent la plupart du temps une source d’endettement. Sahbi et Nadia en savent quelque chose.
Si l’on ne planifie pas ses dépenses et si l’on choisit de tout payer à crédit, le retour d’un congé bien mérité peut devenir un véritable cauchemar financier Ils l’ont appris à leurs dépens lorsqu’ils ont décidé de s’offrir une semaine de vacances dans un hôtel tout inclus avec leurs enfants . Senda préfère voyager en dehors des mois de juillet et août, quand les prix sont plus sages et les hôtels moins fréquentés. « L’été, je préfére m’oxygéner les poumons dans la montagne chez ma tante» dit-elle.
Le président de l’Organisation tunisienne pour informer le consommateur (Otic) Lotfi Riahi explique que « le contexte de la forte inflation qui frappe de nombreux produits est venu chambouler les habitudes. Ainsi, plusieurs tunisiens ont modifié leurs projets de vacances estivales en raison de la hausse du coût de la vie. La location saisonnière reste leur hébergement préféré, suivie de l’hôtel, puis les séjours chez les proches Le budget prévu pour leurs vacances est d’environ 100 dinars par jour. Il peut dépasser les 300 dinars dans certaines unités à Hammamet, Mahdia et Djerba .
Imaginer une famille de 4 personnes, ça peut dépasser la somme d’ un million le week-end ! Il est vrai que certains ne choisissent pas de baisser leurs standards mais sont prêts à réduire leur période de séjour. Ceux qui doivent faire des arbitrages partent soit moins longtemps, soit moins loin ou sont encore à la recherche du bon plan, de la promotion.Ainsi, les réservations pour une durée supérieure à une semaine sont en baisse. De nombreux tunisiens sont contraints de repenser leurs habitudes de vacances, en particulier en termes de date de départ, durée du séjour, destination, mode d’hébergement et dépenses de restauration. Face à cette situation, de nouvelles pratiques touristiques émergent, comme partir hors saison.»
Des modes d’hébergement alternatifs
Afin de réduire leurs dépenses lors de leurs vacances, de nombreux tunisiens optent pour des modes d’hébergement alternatifs tels que les maisons d’hôtes ,les gîtes ruraux, les auberges. Ces solutions, moins coûteuses que les hôtels traditionnels, permettent de limiter l’impact de l’inflation sur le budget alloué aux vacances.
Ces nouvelles formes d’hébergement offrent également l’opportunité de vivre des expériences différentes et plus authentiques. Par exemple, séjourner chez l’habitant permet de découvrir la culture locale et d’échanger avec les résidents, tandis que le gîte favorise un contact direct avec la nature et un retour aux sources. Face à l’inflation et à la nécessité de repenser leur mode de consommation, les vacanciers développent de nouvelles pratiques et s’intéressent à des offres innovantes.
Parmi les tendances qui se dessinent, on peut noter : les séjours à thème axés sur la gastronomie, le bien-être, le sport, la culture ou encore la découverte du patrimoine ou encore le tourisme responsable privilégiant un rythme plus lent et une meilleure connaissance des lieux visités, en prenant le temps de découvrir et d’apprécier les richesses locales. »
Le président de l’Organisation tunisienne pour informer le consommateur appelle à proposer des offres adaptées pour répondre aux attentes de cette clientèle en quête de solutions alternatives et durables. Il faudrait développer le tourisme social et multiplier les offres touristiques sociales et solidaires qui permettent au plus grand nombre de profiter de l’accès aux loisirs comme les écoles, les internats, les auberges, les restaurants universitaires qui peuvent accueillir des familles à des prix compétitifs »
Kamel BOUAOUINA