Qu’est-ce qui poussent tant de migrants à risquer leur vie pour traverser, entre autres, la mer Méditerranée ? Comment se fait cette traversée du Sud au Nord ? Ces questions seront au cœur de la représentation théâtrale « L’Albatros » du 26 juillet 2024 du Festival international de Hammamet, une pièce théâtrale de Chedly Arfaoui, produite par le théâtre de l’Opéra de Tunis dans le cadre du programme « Accademia ».
À travers cette pièce , le metteur en scène délivre un récit aussi sensible que réaliste sur le quotidien éprouvant des émigrés réfugiés et demandeurs d’asile. Le déracinement, le dépaysement, le partir, les traversées sont autant de termes qui foisonnent au fil de cette histoire. « L’Albatros » retrace l’envol, la liberté, des destins, des chemins et des univers certes différents, mais qui se croisent dans la souffrance, la douleur et l’espoir avorté d’une vie meilleure. Des milliers de personnes ont perdu la vie alors qu’elles voulaient fuir la misère, cherchant tout simplement à rejoindre d’autres horizons pour mieux respirer. Chedly Arfaoui use de son savoir pour traiter d’un sujet sensible et profondément politique. Des paroles, des anecdotes, des récits fusionnent et donnent vie à une création scénique des plus captivante, sans parvenir au spectateur comme une leçon ou une opération de sensibilisation imposée. La pièce mêle espoir et désespoir, camaraderie et solitude. À travers ses rencontres et ses épreuves, elle incarne le destin de milliers de migrants en quête d’un avenir meilleur, confrontés aux défis de l’immigration clandestine et de l’adaptation à un nouveau monde.
Au-delà de son récit touchant, « l’Albatros » aborde des thèmes primordiaux et universels qui résonnent avec l’actualité mondiale. Poésie, mapping-vidéos, danse, théâtre, peinture, autant de disciplines qui font « L’Albatros », une œuvre réussie.Fatma Ben Saidane, Ali ben Said, Abdelkader Ben said, Meriem Ben Hamida et Malek Zouaidi excellent dans de multiples rôles, incarnant tour à tour, avec brio, des personnages variés et complexes. La standing ovation était bien méritée. Quel talent ! La scénographie, avec ses projections qui font naître des décors et ses changements rapides, renforce l’immersion et la fluidité de l’action, garantissant une expérience théâtrale tourbillonnante, avec un final qui prône l’accueil de l’autre dans toute sa complexité et l’acceptation. Dans « L’Albatros » nous retrouvons la marque distinctive de Chedly Arfaoui , avec des enchaînements dynamiques qui nous entraînent sans répit au cœur de l’action. Grâce à son inventivité habituelle, il nous plonge une fois de plus dans une œuvre captivante, où chaque élément est soigneusement orchestré pour créer un récit parfaitement fluide et cohérent.
Kamel BOUAOUINA
Photos Berrazagua