L’écosystème entrepreneurial s’est, certes, développé en Tunisie au fil des années, mais le modèle mis en place semble ne pas répondre complètement à l’objectif capital qui est de ramener les bonnes idées au bon port et au final de créer une entreprise, des emplois et surtout réaliser de la performance et de la croissance. Sur les composants de cet écosystème et leurs rôles, il y a débat . L’écosystème d’accompagnement entrepreneurial manque de maturité et souffre de diverses carences et faiblesses faisant que ses acteurs ne remplissent pas pleinement leur rôle pour l’émergence d’un écosystème d’accompagnement entrepreneurial performant et efficace en Tunisie.
Redynamiser les processus d’accompagnement à l’entrepreneuriat devient une urgence pour faire de ce dernier un des leviers de la relance économique. L’événement organisé par Hammamet Valley Hub (HVH), un centre d’incubation de startups était destiné à augmenter le networking entre la diaspora et l’écosystème entrepreneurial tunisien. L’objectif était de convaincre la diaspora de la solidité et du potentiel des startups en Tunisie et de mettre en contact les startups incubées par HVH et la diaspora”. Des startups telles que Waf Waf House, Cargoween, Ginger et Gentle Ties étaient présentes, chacune apportant des perspectives innovantes et des projets prometteurs
Il est vrai que les jeunes aujourd’hui n’ont qu’un seul choix : contribuer eux même à la création de l’opportunité de leur insertion. Certes, l’État doit être plus présent pour accompagner ces jeunes, mais ils doivent surtout cultiver une confiance et une considération de soi. C’est de là que découle l’autonomie dans l’élaboration de leur propre projet de vie. Et pour cela, il faut un bon accompagnement.Débattre les différentes stratégies d’accompagnement et de financement des startups permet de mettre en exergue les différentes contraintes et causes qui entravent leur essor et de proposer des scénarios adaptés pour mieux stimuler l’évolution de cet écosystème.
En effet, au cours de ces dernières années, l’intérêt accordé par les décideurs politiques et les organisations internationales pour les startups n’est plus à démontrer. Cet intérêt s’explique par le fait qu’elles sont considérées comme l’élément le plus efficace et le moins coûteux pour atteindre les objectifs de développement socio-économique. Elles sont perçues comme des vecteurs potentiels pour la stimulation des innovations, la création de la valeur ajoutée et d’emplois pour les jeunes, ainsi que l’attraction des investissements étrangers.Or le développement des startups dans un territoire quelconque nécessite la création d’un écosystème propice et stimulant.
Cet écosystème est composé par un ensemble d’acteurs et d’une panoplie de politiques. Pour les acteurs, on distingue les incubateurs, les accélérateurs, les universités, les espaces de coworking et les bailleurs de fonds … qui s’associent et interagissent pour faciliter l’émergence des startups. C’est le rôle joué par exemple par Hammamet Valley Hub qui selon Olfa Soukri,Enseignante en entrepreneuriat et en économie d’entreprise, est un lieu de rencontre, d’échange et de partage d’expériences professionnelles par excellence entre les investisseurs et les jeunes entrepreneurs. À travers l’expertise et le réseau de ses actionnaires et partenaires prévoit d’assurer, via ses programmes d’incubation, un accompagnement ciblé pour les graines d’entrepreneurs et les startupers. HVH veut faire connaître Hammamet comme pépinière digitale attractive grâce à sa qualité de vie et à son écosystème orienté tourisme, entertainment culturel et artistique. c’est également un centre de formation pour renforcer de leurs compétences (skills) et mise en contact avec les bailleurs de fonds et les structures de financement.
A l’instar de plusieurs pays, la Tunisie n’a pas échappé à cette tendance. Les autorités publiques ont déployé des efforts remarquables pour booster le développement des startups et faire de la Tunisie une « Startup nation ». Dans cette approche, le gouvernement tunisien a mis en place plusieurs mesures ambitieuses, tels que la promulgation du startup act (2018) qui a créé un environnement légal propice au développement des start-ups, ou encore l’accés à d’autres modes de financement à savoir le crowdfunding ou le financement participatif (2020).
La Tunisie a connu également une augmentation significative du nombre d’incubateurs et d’accélérateurs qui accompagnent les startups à différents stades de leur développement. Ces diverses mesures ont entraîné une augmentation du nombre des startups labellisées à un chiffre de 1002 en 2023.Malgré ces mesures, les résultats restent insuffisants. Les start-ups tunisiennes sont confrontées à plusieurs problématiques. Entre autres: la difficulté d’accéder à des financements adaptés à leur profil risqué et leurs besoins évolutifs, le taux d’échec très élevé des startups, …
Le classement de Global Startup Ecosystem Index 2023 montre pour la troisième année consécutive, un recul de classement de l’écosystème tunisien des startups passant de 77 en 2020 à 91 en 2023. De plus, on constate que la levée des fonds par les start-ups tunisiennes s’élève à 35 millions de dollars en 2022 qui se situe loin derrière le Kenya (1milliard de dollars), l’Égypte (766 millions de dollars), l’Afrique du Sud (640 millions de dollars), le Nigeria (587 millions de dollars) qui sont les « Big Fou »
Encourager la mobilité internationale des jeunes talents
Malgré tous les problèmes et les défis auxquels les Start-ups se sont confrontées en Tunisie, ce type d’entreprises s’éprouve d’essayer de survivre, de croître et de continuer son cycle de vie, en créant de la valeur ajoutée pour tous les partenaires, en satisfaisant leurs clientèles, en atteignant des taux de performance et de profit très élevés. On dénombre une pléiade de professionnels hautement qualifiés, évoluant dans des domaines stratégiques tels que les nouvelles technologies, la finance, la santé ou l’éducation. Comme le souligne Lotfi Gabsi, Président du Valley Hammamet Hub ,ces compétences acquises au sein de nations à la pointe du progrès constituent un atout majeur pour la Tunisie . «Leus investissements seront naturellement les bienvenus, mais c’est surtout le savoir-faire des Tunisiens des diasporas qui est susceptible d’être d’un très grand apport pour le pays.
En effet, le transfert de ces savoirs permettrait non seulement de combler les déficits sectoriels, mais aussi d’insuffler une dynamique d’innovation et de modernisation au tissu économique national. Une perspective qui semble séduire les hautes sphères gouvernementales, désireuses de rompre avec le modèle traditionnel du «migrant captif, réduit à ses seuls transferts financiers». La diaspora peut être un outil et un partenaire important des gouvernements et des institutions d’aide au développement dans afin de promouvoir la coopération, le développement, la globalisation, l’intégration régionale et l’entrepreneuriat. Il faut dire que la diaspora tunisienne hautement qualifiée représente un atout majeur pour le pays. Elle est composée d’intellectuels, experts, chercheurs et spécialistes résidant à l’étranger.
Cette communauté de talents constitue une priorité de premier plan pour le pays. L’objectif affiché est clair : intégrer une économie de la connaissance performante et compétitive en s’appuyant sur les compétences tunisiennes disponibles à l’échelle mondiale, en particulier dans les technologies émergentes et l’entrepreneuriat innovant.
Tout le monde s’accorde que notre diaspora regorge plusieurs profils et plusieurs talents et comporte des compétences. Ceci entraîne un transfert des ressources financières et un capital humain.La création d’un environnement favorable est une condition sine qua non pour réussir à attirer et à mobiliser la diaspora. Dans cet esprit les pouvoirs publics tentent d’éliminer et de réduire les contraintes qui freinent le développement et l’investissement en général et celui de la diaspora en particulier. En créant un climat favorable à l’investissement, on va attirer davantage la diaspora à investir.
Cette diaspora tunisienne compte 1,7 million de ressortissants, soit 14,7% de la population totale. Avec 83,3% installée en Europe, dont la moitié en France, il s’agit d’une jeune population. Par exemple, 34% ont entre 30 et 39 ans. C’est un vivier de compétences, de réseau et d’opportunités.Un potentiel important d’autant plus pour les start-up tech. C’est un capital humain très important. Elle peut devenir un partenaire startup voir public via une coopération institutionnelle et peut contribuer et fait avancer le développement, la création d’emploi et l’innovation. Les investissements qui seront effectués par notre diaspora dans toutes les activités et tous les secteurs et surtout ceux productifs et innovants peuvent, directement et indirectement, créer des emplois et participer est au développement du pays.
Un vrai booster de l’entrepreneuriat
La Tunisie a besoin de tous ses ressortissants et déterminée à créer un environnement favorable à l’entrepreneuriat .La diaspora pourra soutenir les projets de jeunes tunisiens et tunisiennes qualifié.es qui souhaitent vivre une expérience professionnelle à l’étranger tout en leur facilitant la mise en relation, l’acquisition de compétences et les projets de réinsertion professionnelle à leurs retours en Tunisie. Il est vrai comme l’a souligné Myriam Bourbia, Présidente d’ATUGE France « Les Tunisiens résidant à l’étranger ont un rôle crucial à jouer en matière de réseau, d’innovation, de transfert technologique, de mobilisation de fonds et de promotion des industries et des start-up. ATUGE a créé plusieurs événements en vue d’augmenter le networking entre la diaspora et l’écosystème entrepreneurial tunisien et de convaincre aussi la diaspora de la solidité et du potentiel des startups en Tunisie. Nous avons pu mettre en contact les startups incubées par Hammamet Valley Hub (HVH), un centre d’incubation de startup et la diaspora.
Tout au long de la journée, les participants ont pu échanger sur les meilleures pratiques, le mentorat ou les opportunités de partenariats. Un consensus s’est dégagé sur la nécessité impérieuse de mettre en réseau cette intelligentsia disséminée mondialement. Seule une synergie entre tous les acteurs permettra à l’écosystème tunisien d’atteindre son plein potentiel. Il est vrai que la Tunisie regorge de talents à l’étranger, une véritable mine d’or en termes de compétences et d’expertise qu’il nous faut absolument exploiter. Ces Tunisiens hautement qualifiés représentent une richesse inestimable pour le développement de notre écosystème technologique national. La diaspora peut aider les startups tunisiennes à s’internationaliser et à se plugger aux différents écosystèmes de l’innovation, via 3 approches : le mentorat, le financement et en endossant un rôle de « connecteurs d’écosystèmes » Nord-Sud . Notre objectif est de faire rayonner la Tunisie à l’international en propulsant nos startups sur la scène mondiale, en mobilisant l’expertise et le réseau de chaque business angel de notre diaspora.
Les jeunes startupeurs ont surtout besoin de conseils venant de professionnels expérimentés : comprendre les marchés visés, mettre à l’épreuve un business model, viser l’international, anticiper les imprévus, etc. Les success stories de la Diaspora constituent une véritable mine d’or en matière de conseils et d’inspiration pour les jeunes startupeurs. Cette vision continuera à porter notre action sur les mois et années à venir. Nous clôturons l’année 2024 en organisant le Tunisia Global Forum. Un grand événement de grande ampleur qui mobilisera de nombreux partenaires institutionnels et entreprises et permet de dynamiser les réseaux des talents tunisiens du monde, de booster la visibilité business de la Tunisie à l’international et d’ouvrir de nouveaux horizons d’opportunités pour nos talents, nos entreprises et notre pays. L’implication globale des diasporas, au-delà du simple aspect financier, pourrait marquer un tournant décisif pour le développement du pays. Il faudrait créer un pont solide entre la Tunisie et sa précieuse diaspora technologique »
Kamel BOUAOUINA