Un forum dédié à la coopération médiatique sino-chinoise encapsule l’essence d’un événement qui promet de renforcer les liens médiatiques entre la Chine et l’Afrique, mais qui sert de plateforme pour un dialogue approfondi entre les think tanks des deux régions. L’événement tenu à Pékin dernièrement, a mis en lumière la nature collaborative d’une initiative et son rôle dans la mise en forme des futures interactions sino-africaines soulignant son importance en tant que précurseur du sommet du Forum de coopération sino-africain de 2024 tenu pendant cette semaine à Pékin, pour mettre en avant la vision d’une coopération mutuellement bénéfique et d’un échange culturel enrichissant.
La capitale chinoise, Pékin, a récemment été l’hôte de la prestigieuse sixième édition du Forum médiatique sino-africain. Cet événement d’envergure a rassemblé plus de 500 délégués issus des sphères gouvernementales, médiatiques, académiques et des organisations internationales, venant de Chine et de plus de quarante nations africaines, y compris la Tunisie. Cette rencontre s’est inscrite dans le cadre préparatoire du sommet du Forum de coopération sino-africaine de 2024, qui était un rendez-vous clé pour les relations bilatérales. Ce dernier s’est déroulé du 4 au 6 septembre.
Philosophie gagnant-gagnant
Ce forum a été une plateforme pour discuter de la modernisation, de la coopération médiatique, et de l’autonomisation numérique, soulignant l’importance d’une narration partagée et d’une compréhension mutuelle. Ces dialogues entre think tanks chinois et africains sont essentiels, en effet, pour façonner des récits qui reflètent les perspectives et les réalités diverses des nations impliquées bien loin de la propagande médiatique occidentale. Depuis sa création en 2012, le forum a joué un rôle clé dans la facilitation des échanges culturels et intellectuels entre la Chine et les pays africains. L’adoption de technologies d’intelligence artificielle et la modernisation des médias sont des thèmes centraux de la tenue de cet événement cette année, reflétant une volonté commune d’innover et de s’adapter aux changements rapides du paysage médiatique mondial.
Les accords signés et les projets lancés lors de ces forums témoignent d’une collaboration fructueuse, visant à améliorer la qualité et l’impact des médias dans les sociétés concernées. Ces initiatives ne se limitent pas à la diffusion d’informations; elles englobent également la formation des professionnels des médias, le partage des meilleures pratiques et l’exploration de nouvelles formes de narration.
La sixième édition du forum a également mis en lumière les défis actuels auxquels sont confrontés les médias, notamment la nécessité de modernisation face à une ère numérique en constante évolution. Les discussions ont souligné l’importance d’une coopération mutuelle basée sur une philosophie gagnant-gagnant, en ligne avec l’initiative de la Ceinture et la Route. Cette vision stratégique vise à créer un réseau de développement partagé, inspiré par l’ancienne Route de la Soie, qui favorise non seulement le commerce mais aussi les échanges culturels et médiatique.
Les appels à une collaboration accrue entre les médias et les think tanks pour promouvoir les succès de la coopération sino-africaine ont été un leitmotiv. Li Shouli, éminent membre du bureau politique du comité central du Parti communiste chinois et directeur du département de la propagande, a affirmé dans son allocution que ces relations bilatérales franchissaient un cap vers une coopération plus intégrée et stratégique.
Monsieur Li a exhorté les médias et les instituts de recherche à narrer efficacement l’histoire de cette coopération fructueuse et du développement mutuel, contribuant ainsi à la modernisation et à l’essor de la Chine et de l’Afrique. Il a mis en lumière l’importance de partager les récits de progrès et d’innovation qui découlent de cette collaboration.
Les participants ont unanimement reconnu la nécessité de forger un chemin vers un développement et une prospérité de qualité supérieure, qui soit flexible, inclusif et profitable à tous. Cette démarche vise à soutenir les pays du Sud dans leur quête de solutions aux défis du développement. L’accent a été mis sur l’importance de l’adaptabilité et de l’inclusivité dans la recherche de stratégies de développement durable, soulignant l’impératif d’une prospérité partagée et d’une coopération qui bénéficie à l’ensemble des parties prenantes.
« Unissons nos efforts sur la voie de la modernisation »
Sous le thème « Unissons nos efforts sur la voie de la modernisation », le forum s’est articulé autour d’une session principale et de sessions parallèles. Les discussions ont porté notamment sur le thème : forger ensemble une nouvelle ère d’échanges et d’apprentissage mutuel entre les civilisations chinoise et africaine », et « Innovation et progrès : stimuler ensemble le développement de l’autonomisation numérique des médias chinois et africains », et bien d’autres sujets. Ces discussions ont clairement illustré la stratégie de Pékin concernant les médias, visant à établir une plateforme internationale pour l’échange et la collaboration dans ce secteur. Cela contraste fortement avec la tendance des médias occidentaux à orienter l’information, une pratique souvent perçue comme manipulatrice. L’approche de Pékin souligne l’importance de diversifier les perspectives et de promouvoir un échange d’idées plus équilibré, qui transcende les frontières et les idéologies prédominantes. En favorisant un dialogue ouvert et en encourageant la coopération, il est possible de créer un environnement médiatique plus inclusif et représentatif de la multiplicité des voix et des expériences à l’échelle mondiale. Cette initiative pourrait potentiellement contribuer à une meilleure compréhension mutuelle et à une coopération accrue entre les nations, tout en respectant la souveraineté de l’information de chaque pays.
Un apprentissage mutuel grâce à l’IA
La collaboration médiatique sino-africaine, qui s’appuie sur l’apprentissage mutuel et une stratégie gagnant-gagnant, est fondée sur des principes d’égalité et de confiance réciproque. Cette approche vise non seulement à renforcer les échanges culturels, mais aussi à promouvoir un développement partagé entre la Chine et les nations africaines. L’intégration de l’intelligence artificielle dans cette stratégie est un pas en avant vers l’innovation et l’adaptation aux nouvelles technologies, avec des tâches qui incluent, à titre d’exemple, la reconnaissance de la parole, la prise de décision, la traduction entre les langues et bien plus encore. Dans le contexte des médias, l’IA a le potentiel de transformer radicalement la manière dont le contenu est créé, distribué et consommé. Par exemple, l’IA peut aider à personnaliser les flux d’informations pour les utilisateurs, optimiser les opérations de production et même générer du contenu automatiquement. En outre, l’IA joue un rôle crucial dans l’analyse des données pour comprendre les préférences et les comportements des audiences, permettant ainsi une meilleure ciblage publicitaire et une augmentation de l’engagement des spectateurs.
De grandes productions télévisuelles et cinématographiques
Le Bureau municipal de la radio, du cinéma et de la télévision de Pékin a créé le premier fonds spécial du pays pour renforcer les capacités de communication internationale, en se concentrant sur le soutien de projets tels que la traduction de communications externes, l’exportation de droits d’auteur, la construction de plates-formes de communication internationales et l’amélioration de l’efficacité de la communication internationale, ouvrant ainsi une large voie pour la narration à l’étranger des histoires chinoises. Le public africain peut non seulement regarder les versions anglaise et française de « Shicha Hai » et les versions arabes de « The Most Beautiful Central Axis » et d’autres œuvres cinématographiques et télévisuelles, mais le public des pays et régions d’Afrique de l’Est peut également regarder « Escape from Poverty » doublé en swahili familier, qui montre la grande histoire et les glorieuses réalisations de la lutte de la Chine contre la pauvreté.
La coopération cinématographique et télévisuelle sino-africaine est également entrée dans une nouvelle étape de développement. Prenons comme exemple la série télévisée « Bienvenue au village de Maile », coproduite par la Chine et l’Afrique. En tant que projet littéraire et artistique clé de « Beijing Audiovisual », elle raconte l’histoire touchante des traitements médicaux fournis par l’aide étrangère et construit un nouveau pont pour l’avenir.
Mona BEN GAMRA
Les propositions de la Tunisie
Lors du 6e Forum de coopération médiatique Chine-Afrique, Henda Ben Alaya Ghribi, dirigeante de la radio tunisienne, a exposé les avancées de la Tunisie dans l’intégration du numérique en radiodiffusion. Elle a souligné la transition numérique réussie de la radio nationale, qui se compose de 12 stations et bénéficie d’une large présence en ligne, incluant les réseaux sociaux. L’importance de s’adapter aux technologies émergentes, telles que l’intelligence artificielle, a été accentuée, ainsi que le développement continu des compétences des journalistes. Avec l’ajout de contenus web exclusifs, de streaming, de podcasts et une interaction renforcée sur les plateformes sociales, la radio a révolutionné son interaction avec l’audience et a intégré la vidéo dans ses émissions.
Elle a également évoqué la signature d’un accord bilatéral entre les radios tunisienne et chinoise durant la visite d’État du président Kais Said en Chine, du 28 mai au 1er juin 2024. Cet accord marque le début d’une collaboration renforcée, notamment par des échanges de programmes, qui a déjà commencé.
L’objectif est de renforcer cette coopération en exploitant les technologies de pointe et l’intelligence artificielle pour enrichir les contenus médiatiques, comme les podcasts et les documentaires, favorisant ainsi une meilleure compréhension entre nos peuples. Ce partenariat stratégique vise à créer des ponts culturels et informatifs, et à ouvrir de nouveaux horizons pour une collaboration fructueuse et durable.
M.B. G.