La plaisance constitue un produit touristique qui se confirme comme un marché à part entière dont il faut tenir compte sérieusement à l’avenir. Ce produit de niche a pris une place importante dans la promotion du tourisme tunisien et lui confère une image valorisante. Ce créneau nous permet d’améliorer le taux d’occupation en hiver et d’étaler la saison.Les ports de plaisance affichent complet. La fréquentation est en hausse par rapport à 2023. La plaisance se porte bien et les yachts, voiliers, trimarans ou plus petits bateaux affluent dans les eaux tunisiennes.
Avec ses 1350 Km de côtes, la Tunisie est pourvue de solides atouts à faire valoir en termes de tourisme de plaisance à la fois géographiques (littoral étendu, situation centrale dans le bassin méditerranéen, distante d’à peine 100 à 400 miles des principaux ports de la rive nord et placée au cœur des flux de populations et des échanges entre les civilisations du monde entier), climatiques (ensoleillement près de 300 jours par an, période de navigabilité plus longue de 3 mois par rapport à la rive nord, coups de vent 4 fois moins nombreux, température moyenne supérieure à 18°), culturelles (un héritage culturel particulièrement riche de vestiges de civilisations anciennes), économiques (avantages fiscaux, faible coût de la main d’œuvre, amélioration du niveau de vie).
Le pays dispose, dans ce sens, de six ports de plaisance en exploitation avec une capacité d’accueil totale de 2150 postes d’accostage. Cette chaîne a été renforcée par des ports de pêche, des ports-abris et des ports de commerce qui offrent un certain nombre de places à quai disponibles augmentant la capacité d’accueil des installations de 1500 anneaux. Doper le tourisme immobilier On compte 4693 bateaux fréquentant les différents ports du pays. De nombreux ports sont saturés en été en Europe, incitant les plaisanciers à parquer leur bateau hors de l’eau comme cela se fait sur de nombreuses côtes méditerranéennes. Le cas le plus édifiant est la Bretagne. Environ 60.000 bateaux de plaisance à voile ou à moteur, sont stationnés en Bretagne mais il y en a près de 10.000 en liste d’attente.
Des carences en anneaux, il y en a partout sur le littoral méditerranéen et cela constitue une entrave pour certains plaisanciers pour parquer leurs bateaux. Cette pénurie d’anneaux pourra attirer cette clientèle de plaisanciers vers nos ports. L’animation nautique se développe aussi avec les voiliers, les parachutes ascensionnels, les planches à voile, les pédalos, les catamarans, les skis nautiques et les pédalos. La plaisance tunisienne arrive à maturité pour la plus grande satisfaction de tous les plaisanciers qui nous visitent mais une marina n’est pas une «animation touristique» pour «mieux vendre» un produit immobilier ou touristique, c’est une industrie à part entière. Comment lutter contre une compétition consciente des enjeux et de plus en plus agressive : (Turquie, Croatie, Monténégro). A Malte, les propriétaires des super yachts disposent d’un statut spécial et sont exempts de toute taxe (y compris les taxes d’enregistrement de l’immobilier). En Turquie un plaisancier qui dépose 3 millions de dollars US dans une banque turque obtient un statut de résident pour toute sa famille et il est dispensé de toute taxe pour son yacht pendant 5 ans.
Comment booster la plaisance en Tunisie ?
Mais pour doper ce secteur, on doit s’organiser et agir, affirme le directeur du port de Monastir, Abdelmonem Dimassi . « La plaisance constitue un élément attractif permettant des retombées touristiques élargies. Divers aspects sont presque tous prioritaires. La réglementation d’abord. Les procédures administratives n’ont pas changé depuis 1980 . Ce qui répercute sur l’arrivée des plaisanciers . Le Code maritime promulgué en 2010 doit être complété par des textes d’application clairs et précis. Il faudrait réviser ce code , et surtout le rôle ainsi que les missions de l’autorité portuaire et de l’occupant du port, et les documenter sous forme d’annexes jointes aux contrats de concession et de partenariat. L’ unification et la numérisation des procédures administratives et douanières liées à la navigation des bateaux de plaisance et des ports de plaisance est primordiale . Le chemin n’est pas toujours balisé, mais l’essentiel est de continuer à bouger, à se battre et à croire à notre capacité de devenir maîtres chez nous et tenons-nous debout afin de relever ces défis pour un lendemain meilleur. Il faudrait impliquer les commandants de ports dans la prise des décisions administratives et surtout écouter nos doléances pour faire progresser ce créneau porteur. .. Bien sûr, il faut une mise à niveau des textes législatifs et fiscaux sinon, on risque de ne pas avancer par rapport à la concurrence»
A propos de la saison touristique , le directeur du port Abdelmonem Dimassi estime que le port de Monastir a réalisé un bilan positif cet été avec un taux d’occupation de 120% pour l’hiver . « Les ports tunisiens restent attrayants pour les plaisanciers pour plusieurs raisons; d’abord, il y a la saturation des ports méditerranéens et ensuite des prix préférentiels appliqués dans notre pays qui sont vraiment plus avantageux. 300 mille bateaux de plaisance sillonnent les mers et océans, chaque année, à travers le monde, la Tunisie n’en accueille que 1%, voire moins, l’équivalent de 2.500 à 3.000 bateaux par an. Notre objectif est de renforcer la part de la Tunisie dans ce marché pour atteindre 5% d’ici 10 ans. A part les européens , on peut miser sur la clientèle asiatique, américaine voire russe .Ce tourisme de plaisance est porteur. Il contribue à améliorer les taux d’occupation en périodes de basse saison en plus une clientèle différente et sans aucun doute plus aisée. Donc aucune fausse note n’est permise, la fidélisation des clients plaisanciers et une bonne bouche à oreille indispensable dans ce métier passe par une qualité irréprochable. Quant aux prix, ils sont particulièrement attractifs surtout en tenant compte du coût du séjour et de l’hivernage. Côté promotion et marketing, nous devons reprendre l’initiative en la matière, avec des stratégies appropriées, de vraies campagnes intensives ciblées des moyens suffisants et des équipes dédiées. Nous sommes présents aux salons de Paris, Cannes et Dusseldorf»
Kamel BOUAOUINA