Par Slim Ben Youssef
Qui a dit qu’il était interdit à la Tunisie de « tenter sa chance » auprès des Brics, à l’heure où pas moins d’une trentaine de pays se bousculent au portillon ? On va se dire qu’il n’est jamais trop tard ni trop tôt pour y penser, et encore moins pour y croire. Toujours est-il qu’il faut rester tout de même humbles et surtout réalistes : il ne s’agit pas, pour le moment, de demander à intégrer les Brics. Il s’agit là d’un objectif – pour le moment, l’on osera répéter – difficile à atteindre pour ne pas dire autre chose ; surtout lorsque l’on sait que des économies beaucoup plus puissantes que la nôtre ont été « gentiment » recalées, bien qu’elles présentent des atouts fort considérables, du moins sur le papier. Bien sûr, ces pays gagneraient à attendre des vents plus propices pour revenir à la charge au « moment opportun ». Nous pensons très particulièrement à notre Algérie voisine, dont nous souhaitons ardemment et en toute sincérité l’entrée dans la « cour des grands » ; elle, qui en a la stature et qui présente tous les « critères » favorables à une future adhésion à cette puissante locomotive émergente du Sud global.
En ce qui concerne la Tunisie, le plus sage – pour le moment – serait de se garder de viser la lune : à défaut de pouvoir ne serait-ce que penser à postuler pour intégrer les Brics, ciblons au moins le statut de partenaire. En voilà un objectif qui est raisonnable.
À l’heure où notre monde actuel vit de profondes transformations, aucun de nos partenaires dits « historiques » n’aura jamais le droit d’en vouloir à la Tunisie si elle tournerait le dos à une quelconque constance en briguant ce statut avec les Brics. Un statut qui permettrait à notre pays de faire face aux injustices de l’économie mondiale et du système financier international en vigueur, contrôlé par l’Occident impérialiste afin d’asseoir son hégémonie et dicter sa loi au monde. Parmi une infinité d’avantages, il suffit de penser aux financements de la banque des Brics et des autres circuits de « solidarités Sud-Sud » créés par le groupe, dont l’accès serait une manne pour notre économie meurtrie après plus d’une décennie d’errements, outre les vastes perspectives de coopération tant bilatérale que multipartite avec les pays membres. Aujourd’hui, avec l’émergence du Sud global, auquel nous appartenons et dont la locomotive n’est que le groupe des Brics, l’époque où une seule puissance impérialiste ou deux dictaient la loi au monde est à jamais révolue. Aussi, la Tunisie, dont l’aspiration au développement et à la prospérité n’a jamais été aussi forte, est-t-elle déterminée à promouvoir un monde multipolaire et faire évoluer la gouvernance mondiale dans un sens plus juste, plus honnête et plus équitable.
Il est sans doute trop tard pour tenter quoi que ce soit avant le prochain sommet des Brics. Il se tient incessamment sous peu, du 22 au 24 octobre à Kazan en Russie. Mais il ne sera ni impossible ni tabou d’œuvrer activement dans les prochaines années pour tenter le « raccordement » à la locomotive.