Les voitures de collection ont un attrait indéniable, suscitent l’admiration et ne passent pas inaperçues. Le passage d’un véhicule ancien ne manque pas de provoquer l’émerveillement ou des questions sur son prix, son propriétaire actuel ou initial, ainsi que sur sa date de mise en circulation. Le nombre exact de voitures de collection en Tunisie reste inconnu, mais selon les professionnels du secteur, il y en aurait plus de 3000. L’engouement pour ces véhicules est en constante augmentation et il n’y a pas d’âge exact requis avant qu’une voiture ne devienne un véhicule de collection, comme le souligne Hassen Mokadem, président fondateur de l’Association tunisienne des automobiles classiques et historiques.
Le Temps.news : Passion ou encore placement financier, la voiture de collection attire différents publics pour différentes raisons. Pourquoi collectionner une voiture ?
Hassen Mkadem : L’automobile, c’est dans le conscient collectif, elle est génératrice de souvenirs : la voiture de ses grands-parents, celle dont on rêvait quand on était gosse… La passion de l’automobile est d’autant plus intense que ce sont presque tous les sens qui sont éveillés. Sans oublier qu’avec une voiture, on prend la route, on construit de nouveaux souvenirs et on s’identifie à l’époque où nous avons vécu. De nombreux adeptes des voitures recherchent avant tout le témoignage du savoir-faire d’une autre époque, la vieille mécanique et la vraie conduite non assistée comme de nos jours. C’est une façon de traverser des époques qui ont marqué l’histoire de la mécanique.
Quels sont les conseils à suivre pendant l’achat d’une voiture de collection ? Quel budget pour l’achat d’une voiture de collection ?
Le collectionneur s’intéresse souvent à des véhicules en parfaite condition de présentation. Les critères de sélection sont donc financiers. Sa préférence ira ainsi vers les véhicules qui ont la cote. Cependant, les évaluations sont fluctuantes. L’achat se fera selon le budget. Pour lui, investir dans un véhicule de collection signifie pouvoir faire un profit substantiel lors de sa revente. La rareté du véhicule est également un élément à prendre en compte. Donc la notion d’investissement entre en ligne de compte, mais si on investit dans une voiture, c’est avant tout par goût, car une automobile, il faut l’entretenir et là les pièces de rechange doivent être disponibles pour la restaurer.
Par exemple, la Citroën Traction est très cotée, soit 150 mille dinars. Cette voiture mythique continue à mobiliser un important milieu de passionnés, prêts à rouler jusqu’à l’autre bout du monde à son volant. Les 2CV et DS sont aussi les Citroën les plus présentes dans l’inconscient collectif. Des modèles mythiques, d’autres qui se démarquent de par leur originalité comme la coccinelle, la 4L et la 203, dont les prix oscillent entre 1000 et 30 mille dinars. D’autres marques sont peu cotées comme la Renault dauphine et la 205 qui se vendent entre 5000 et 10 000 dinars.
Comment se renseigner sur les voitures de collection : sur Internet, auprès de la presse spécialisée, auprès des propriétaires, des garagistes ou lors des salons spécialisés ?
L’émotion liée à un véhicule de collection est renforcée par la découverte de son historique et par la qualité de sa documentation. L’automobile n’échappe pas à l’essor des réseaux sociaux. En effet, ils occupent une place de plus en plus importante dans ce domaine. Et pour cause, les automobilistes ! Aujourd’hui, tout est accessible à distance. Absolument tout est mis en place pour que les automobilistes n’aient plus besoin de se déplacer. Les photos, les contacts et parfois même une visite du véhicule. Les vendeurs misent donc tout sur leurs réseaux sociaux pour se faire connaître, vendre davantage et avoir plus d’informations. En Tunisie nous disposons d’une page Facebook intitulée « Voitures et motos de collection en Tunisie » suivie par 60 mille passionnés.
Pour quelle utilisation je veux acheter une voiture de collection ?
Vous pourriez vouloir acheter une voiture de collection simplement pour rouler par plaisir, pour participer à des rallyes, à des rassemblements de voitures anciennes ou pour un but lucratif. Ces voitures de collection sont utilisées dans les mariages, les balades, les circuits touristiques, les festivals, les films, les feuilletons, la publicité. C’est un investissement rentable qui fait rentrer de l’argent pour faire face à la restauration du véhicule.
Concernant la fiscalité, ces voitures de collection sont–elles soumises à des régimes spéciaux ?
Comme les autres voitures, on paye nos taxes et nos vignettes. Notre association est en train de proposer un projet de loi d’ici 2025 concernant la vignette, l’octroi d’une carte grise de véhicule classique, l’allégement du contrôle technique et la facilitation des procédures d’importation des véhicules de collection surtout pour les étrangers qui veulent s’installer en Tunisie. Côté régime fiscal, contrôle technique, assurance, les véhicules de collection doivent bénéficier de statuts particuliers.
Comptez–vous lancer un salon pour les voitures de collection ?
S’informer et aller à la rencontre des constructeurs, clubs, fédérations, vendeurs de pièces détachées, restaurateurs, marchands d’automobile : tout sera permis au prochain salon qui va être lancé lors de l’inauguration du premier circuit automobile à Tunis entre janvier et avril 2025. Ces voitures de collection constituent un patrimoine à préserver. Faut-il penser à édifier aussi des musées pour ces voitures anciennes. C’est un bon créneau touristique.
Interview par Kamel BOUAOUINA
Photos – Berrazagua