Au début de l’année, des obstacles importants prédisaient des perspectives de croissance mondiale moroses pour 2024. Pourtant, l’économie mondiale a de nouveau fait preuve d’une résilience remarquable face à ces défis. Bien que la croissance attendue de 3,2 % pour cette année soit inférieure à la moyenne de 3,6 % observée entre 2000 et 2023, elle reste largement au-dessus du seuil de 2,5 %, en dessous duquel l’économie mondiale est considérée en récession. De plus, les prévisions pour l’année prochaine s’établissent également à 3,2 %, ce qui indique une stabilité continue.
Prévisions de croissance du PIB selon le WEO
(en % d’une année sur l’autre, estimations pour 2024 et 2025)
Les Perspectives de l’Économie Mondiale (WEO) sont un outil précieux pour analyser les perspectives économiques globales. Publiée deux fois par an par le Fonds Monétaire International (FMI), cette publication phare constitue une référence essentielle pour les marchés et l’industrie. Elle fournit une analyse cohérente et intégrée des conditions économiques mondiales, des tendances et des risques, complétant ainsi les prévisions consensuelles qui reflètent une diversité d’opinions. La récente édition du WEO offre une opportunité de réexaminer et de réévaluer les perspectives économiques mondiales. Dans cet article, nous mettons en lumière les principaux facteurs qui sous-tendent la stabilité des prévisions de croissance économique mondiale.
Premièrement, la croissance économique mondiale stable repose sur la croissance continue des principaux groupes d’économies. Bien que la croissance économique aux États-Unis devrait ralentir de 2,8 % à 2,2 % selon le FMI, cette baisse serait compensée par une amélioration de la situation dans la zone euro, au Royaume-Uni, au Japon et dans d’autres pays développés. En conséquence, le groupe des économies avancées (AE), qui représente 40 % de l’économie mondiale, devrait croître de manière stable à un rythme de 1,8 % par an en 2024-2025, malgré des tendances divergentes au sein du groupe.
La croissance des économies en développement (DE) devrait également rester stable, à un niveau beaucoup plus élevé de 4,2 % par an en 2024 et 2025. Dans ce cas, un léger ralentissement en Asie émergente et en Europe émergente sera compensé par une amélioration en Amérique latine, au Moyen-Orient, en Asie centrale et en Afrique subsaharienne. Ainsi, la stabilité de la croissance mondiale résulte de la croissance soutenue des groupes AE et DE.
Deuxièmement, les cycles d’assouplissement de la politique monétaire des grandes banques centrales contribueront à atténuer les défis majeurs et à stabiliser l’économie mondiale. La maîtrise de l’inflation a permis à la Réserve fédérale américaine et à la Banque centrale européenne, les deux principales banques centrales des économies avancées, de débuter leurs cycles de réduction des taux d’intérêt. Cet assouplissement monétaire soutiendra l’activité économique au moment où les marchés du travail commencent à s’affaiblir et aura des retombées positives pour les économies en développement.
En outre, ce nouveau cycle monétaire permettra de contrer les défis majeurs potentiels pour l’économie mondiale. L’intensification des conflits régionaux pourrait provoquer de nouvelles flambées des prix des matières premières, entraînant une hausse de l’inflation et contraignant la politique des banques centrales. Un ralentissement plus profond ou plus long du secteur immobilier en Chine pourrait générer des retombées négatives à l’échelle mondiale, étant donné l’importance de la Chine dans le commerce international. De même, une volatilité soudaine sur les marchés financiers, comme celle observée en août de cette année, pourrait resserrer les contraintes financières et peser sur l’investissement et la croissance. Face aux risques imminents et à l’incertitude, l’assouplissement monétaire par les principales banques centrales des AE contribuera à une performance économique mondiale en 2025 similaire à celle de 2024.
Troisièmement, des flux commerciaux internationaux sains représentent un autre facteur clé soutenant la stabilité de la croissance mondiale. Malgré les tensions géopolitiques persistantes, les volumes du commerce mondial en pourcentage du PIB devraient rester relativement inchangés. Le commerce international stimule la productivité et l’investissement, et est donc essentiel pour la croissance mondiale. Il y a de plus en plus de preuves que les tensions géopolitiques entraînent une fragmentation géoéconomique, affectant principalement le commerce entre blocs géopolitiques, mais qui pourrait être compensée par une augmentation du commerce intra-bloc. Ce processus pourrait avoir des effets progressifs à long terme, en réduisant l’efficacité des marchés et en ralentissant les transferts de connaissances et de technologies. Cependant, à court terme, les changements dans les flux commerciaux ne seront probablement pas assez significatifs pour provoquer des effets dramatiques sur la croissance mondiale, à moins qu’une guerre commerciale majeure entre blocs économiques ne se produise.
En résumé, la croissance économique mondiale devrait rester stable, soutenue par une croissance régulière tant dans les AE que les DE, par une politique monétaire plus souple dans les économies avancées et par l’absence de changements radicaux dans les volumes du commerce international.
Part du commerce mondial des biens dans le PIB
(en %, prévisions pour 2024-2029)