Bon nombre de jeunes Tunisiens qui bouclent leurs dix-huit ans pensent à se mettre au volant. Aussitôt le permis de conduire en poche, le voilà qui prend la route. Serait-ce un signe d’autonomie et de prise de responsabilité ? La conduite automobile leur permettrait-elle de se confirmer dans la société et d’affirmer leur personnalité au sein de la famille et de l’entourage ? Ou tout simplement, conduire une voiture à cet âge (18 ans), serait-ce un fait de prestige et de rayonnement dans une société où les gens sont souvent jugés à leurs apparences ?
Les jeunes conducteurs sont confrontés à plusieurs risques accrus en matière de conduite automobile, principalement liés à leur manque d’expérience et à des comportements à risque.
Ces facteurs augmentent significativement les chances d’accidents graves ou mortels. Et dire que certains parents qui offrent une voiture à leur enfant (fille ou garçon) en récompense à une réussite au bac ne pensent pas souvent aux risques encourus par leurs rejetons une fois au volant, d’autant plus qu’ils sont encore dans une période d’essai et qu’ils sont encore loin de maîtriser la conduite automobile et peu ou non sensibilisés aux dangers de la circulation.
Passion pour la vitesse
Qu’un jeune se mette au volant à 18 ans aurait certes des avantages : il peut ainsi être libre de ses déplacements, faire des courses pour ses parents, plus facilement se trouver un emploi grâce à son permis, sachant que certains recruteurs exigent un permis de conduire, et il peut voir plus facilement ses amis qui habitent un peu loin. Cependant, les inconvénients existent : il peut développer une passion pour la vitesse et le risque, ce qui l’amènerait peut-être à être tenté de ne pas respecter la signalisation routière, comme la limitation de vitesse, augmentant par là, les risques d’accident.
En effet, pour ces jeunes conducteurs qui viennent d’avoir leur permis de conduire, donc encore en période de stage, la conduite automobile est synonyme de prouesse et de défi : ils ont tendance à rouler vite, souvent en état d’ébriété, faisant fi des signalisations routières et des risques encourus sur la route. De plus, l’immaturité, la propension à prendre des risques, le sentiment d’invincibilité et les distractions lors de la conduite sont autant de facteurs qui entraînent des accidents souvent mortels chez ces jeunes conducteurs. En effet, on enregistre chaque été une augmentation dans le nombre des accidents mortels parmi les jeunes conducteurs, surtout sur les routes des villes côtières qui accaparent plus de 70% de l’ensemble des victimes durant la saison estivale, c’est que ces villes sont les lieux de prédilection pour ces jeunes qui s’y rendent pour l’ambiance et le défoulement. D’autres facteurs entrent dans les causes des accidents de la route qui surviennent pendant la saison estivale, à savoir, l’intensité de l’activité touristique, le retour massif des Tunisiens émigrés, les festivités culturelles et le pullulement des fêtes familiales (mariages, fiançailles, anniversaires…). Tout cela peut servir de prétexte à un jeune, encore stagiaire en matière de conduite, de se mettre au volant ! Pas mal de jeunes, profitant de l’ambiance survoltée qui règne lors de ces occasions, boivent de l’alcool et choisissent de conduire en état d’ivresse, ce qui augmente le risque d’accidents.
Le rôle des parents est primordial
Généralement, les parents, en offrant à leur enfant une nouvelle voiture ou en lui cédant la voiture familiale, croient agir pour le mieux. Et c’est devenu chose courante chez nous. Cela arrive souvent non seulement dans les familles aisées, mais aussi dans pas mal de familles aux ressources modestes. Certains parents autorisent leurs enfants à user de leurs propres voitures, surtout à l’occasion d’une fête familiale ou encore pour sortir avec leurs copains. Si le père refuse, c’est la mère qui consent et inversement. Mais avant de le laisser prendre la route, ces parents pensent-ils à le sensibiliser à sa propre sécurité, pensent-ils à le mettre en garde contre les dangers de la route ? Un jeune de 18 ans qui vient d’obtenir son permis de conduire a toujours besoin de conseils et il est préférable qu’il soit accompagné par un adulte, une fois au volant. L’intervention des parents est indispensable, surtout en cette saison estivale où les jeunes, sans être bien expérimentés en conduite automobile, accumulent les sorties et les veillées jusqu’à une heure tardive, surtout les week-ends. Une collision, un dérapage, une crevaison pourraient survenir à tout moment, surtout en cas d’excès de vitesse, notamment lorsqu’ils écoutent de la musique à tue-tête, bavardent et crient, bougent, chahutent et lancent des cannettes de bière vides et autres objets, ce qui est très fréquent chez nos jeunes. Seuls les parents peuvent avoir une influence sur leur jeune conducteur en lui apprenant à devenir un conducteur prudent et adroit afin de lui éviter les risques de la route et de la mauvaise conduite. Il est donc crucial de sensibiliser les jeunes à ces dangers et de promouvoir une conduite responsable pour réduire la mortalité routière chez cette population, surtout pendant la saison estivale.
Hechmi KHALLADI
