Dans le cadre de son action mondiale « One Country One Priority Product » (OCOP, « Un pays, un produit prioritaire »), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a publié des fiches d’information sur les 7 produits à promouvoir dans la région du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord (NENA). En ce qui concerne notre pays, c’est la harissa.
Afin de contribuer à la mise en œuvre du Cadre stratégique de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture 2022-31 et, au final, atteindre les Objectifs de développement durable (ODD), et ce, pour promouvoir des systèmes alimentaires inclusifs, rentables et durables sur le plan environnemental grâce au développement de produits agricoles spéciaux, la FAO a publié des fiches pays sur les produits à promouvoir.
10 pays pour 7 produits
Pour la région du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord (NENA), et dans le cadre de l’action mondiale de la FAO « One Country One Priority Product » (OCOP, « Un pays, un produit prioritaire »), dix pays se sont engagés à promouvoir sept produits variés : les figues pour l’Algérie, les dattes pour l’Égypte, l’Irak et la Jordanie, les légumes secs pour le Liban, le caroube pour le Maroc, le café pour l’Arabie saoudite et le Yémen, les olives pour la Syrie et la harissa pour notre pays.
Comme indiqué par la FAO, l’OCOP se veut aider les pays à tirer parti de leur potentiel et à identifier les produits agricoles spéciaux adaptés à leurs systèmes de production agroécologiques et à leur patrimoine national ou culturel, en garantissant un meilleur accès à des marchés stables et en servant de point d’entrée clé pour atteindre leurs priorités définies.
Ce programme se veut, donc, promouvoir aux niveaux global, régional et local des produits agricoles présentant des qualités uniques et des caractéristiques particulières qui peuvent contribuer à la transformation en systèmes agroalimentaires plus efficaces, inclusifs, résilients et durables pour une meilleure production, une meilleure nutrition, un meilleur environnement et de meilleures conditions de vie, ne laissant personne de côté.
Depuis le lancement de l’initiative OCOP, en septembre 2021, plus de 94 membres des cinq régions ont exprimé leur intérêt à promouvoir le développement vert de plus de 56 produits agricoles spéciaux.
Une filière stratégique
L’OCOP vise donc à développer des chaînes de valeur vertes et durables pour les produits agricoles spéciaux, à aider les petits agriculteurs et les agriculteurs familiaux à tirer pleinement parti d’un marché mondial, tout en protégeant l’environnement et la biodiversité.
Sur le site du Groupement des Industries de Conserves Alimentaires (GICA), a été publiée, en avril dernier, une information intitulée « La chaîne de valeur de la harissa », dans laquelle on peut lire que sous l’égide du ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, en collaboration avec le projet OCOP, une étude a été conduite sur la chaîne de valeur de la harissa.
Le choix de la filière harissa s’explique par sa position clé dans le secteur des conserves de fruits et légumes. Bien que faisant face à divers défis structurels et opérationnels, cette filière est un maillon essentiel de notre économie, tant sur le plan économique que culturel, et nécessite toujours des améliorations pour renforcer sa compétitivité.
Une démarche collaborative a permis de dégager des pistes concrètes pour améliorer la compétitivité et la durabilité de la filière harissa, tout en assurant une meilleure intégration des considérations sociales et environnementales dans le développement de cette filière stratégique.
Comme pour les six autres produits à promouvoir dans la région NENA, la FAO a édité une fiche d’information pour la harissa.
Un symbole culinaire
La fiche présente la harissa comme un symbole culinaire de notre pays, ancré dans la tradition et l’identité. Fabriquée à partir de piments broyés, elle tire son nom du mot arabe harasa, qui signifie « écraser ». Utilisée dans des plats comme le couscous et servie avec du pain comme condiment, la harissa est à la fois un élément essentiel de la cuisine quotidienne et un ambassadeur notre patrimoine gastronomique. Elle reflète des pratiques séculaires et continue de faire le lien entre les marchés nationaux et ceux de la diaspora.
La fiche continue sa présentation en indiquant que les piments (Capsicum annuum) sont cultivés sur une moyenne de 16.100 hectares, produisant environ 311 mille tonnes par an. Environ 10 mille agriculteurs, pour la plupart des petits exploitants, cultivent le piment en utilisant des variétés locales et hybrides. La récolte est manuelle, principalement effectuée par les femmes, et a lieu de juillet à octobre, avec un pic en septembre. Il est possible d’effectuer jusqu’à cinq récoltes par cycle. La production est concentrée dans les régions du Cap Bon, du Centre et du Centre-Ouest.
La fiche indique que 15 à 20% de la production de piments est destinée à la fabrication de la harissa industrielle et le reste utilisé pour les marchés de produits frais, le séchage ou la harissa traditionnelle. Les artisans s’approvisionnent directement auprès des agriculteurs ou sur les marchés.
66.600 tonnes de volume de transformation moyen
Selon la fiche, il existe, chez nous, 27 conserveries industrielles, dont 17 actives en 2022, d’une capacité de 3.600 tonnes par jour, et le volume de transformation moyen annuel est de 66.600 tonnes. Environ 10 mille tonnes sont consommées localement et 42% de la harissa sont vendues dans le pays par l’intermédiaire de grossistes, de détaillants et de points de vente traditionnels, et 58% sont exportées, principalement vers la Libye et la France
Il faut savoir que deux kilogrammes de piment frais donne un kilogramme d’harissa.
La fiche signale que la production artisanale concerne plus de mille producteurs enregistrés et, peut-être, plus de producteurs informels.
La fiche met en avant que la réglementation limitée et les normes de production incohérentes sont des défis à surmonter, tout comme la faiblesse de l’image de marque et de la commercialisation au niveau international, le manque d’intégration des artisans traditionnels dans les marchés formels, la fragilité des chaînes d’approvisionnement et de la logistique, et l’accès limité aux marchés internationaux.
Les principales activités de l’OCOP, selon la fiche, consistent à aider les agriculteurs à améliorer la qualité et le rendement des piments, à investir dans les infrastructures de production, à rechercher et développer de nouvelles lignes de produits à base de harissa, à investir dans des campagnes de marketing, à collaborer avec des chefs et des personnalités influentes, à développer des emballages respectueux de l’environnement et à améliorer la logistique.
Zouhour HARBAOUI
