Les sections régionales de la Fédération générale de l’enseignement de base ont dénoncé l’indifférence du ministère de l’Education face à la détérioration des conditions de travail des enseignants exerçant dans les écoles primaires, tout en brandissant le menace d’entamer des actions de protestation dès la prochaine rentrée scolaire pour relancer les négociations.
Ces sections, qui ont tenu des réunions ces derniers jours pour évaluer le processus des négociations avec les autorités de tutelle, ont indiqué que les mouvements de protestations prévus comprennent notamment des rassemblements devant les commissariats régionaux de l’éducation dans tous les gouvernorats qui seront couronnés par une journée de colère nationale, avant d’envisager d’autres mesures plus radicales comme la grève générale ou encore la rétention des notes.
Elles ont aussi indiqué que plusieurs demandes officielles adressées au ministère en vue de tenir des séances de travail sur l’amélioration des conditions de travail dans les établissements éducatifs et la situation financière des enseignants sont restées lettre morte.
La Fédération de l’enseignement de base ne réclame que la reprise du dialogue sur les modalités de la mise en œuvre de plusieurs accords conclus au cours des dernières années alors que les conditions de travail des enseignants ne cessent de se détériorer sous l’effet du manque d’outils de travail, d’une baisse du pouvoir d’achat dans un contexte d’inflation galopante et de la dégradation des services de base, dont la disponibilité de l’eau courante et de l’électricité dans de nombreuses écoles primaires, plus particulièrement dans les petites villes situées dans l’intérieur du pays et les zones rurales.
Les principales revendications urgentes des enseignants concernent des majorations salariales conséquentes pour compenser la détérioration du pouvoir d’achat des enseignants au cours des dernières années, la révision du mouvement des directeurs des écoles primaires qui a été décidée avant la rentrée scolaire de façon « unilatérale et non transparente » par le ministère, la régularisation de la situation des titulaires de la licence appliquée en éducation et enseignement (LAEE) et le décaissement de l’indemnité de travail dans les zones rurales.
Inspection périodique
Les revendications portent également sur la régularisation de la situation des enseignants appartenant à la « catégorie A3 », la révision à la baisse de leurs horaires de travail à 18 heures contre 25 heures actuellement, la titularisation des enseignants stagiaires, la reconnaissance du droit des instituteurs à l’avancement professionnel à travers l’organisation de sessions d’inspection périodique et l’octroi d’une note de base à l’ensemble des enseignants, le décaissement des honoraires des enseignants suppléants et contractuels.
Les enseignants du primaire revendiquent par ailleurs le versement de l’indemnité de travail dans les zones rurales au titre des années 2023 et 2024, ainsi que le décaissement de la prime de direction aux directeurs des écoles primaires qui avaient été révoqués après avoir participé au mouvement de rétention des notes durant l’année scolaire 2022/2023.
Pour rappel, un long bras de fer avait opposé tout au long de l’année scolaire 2022/2023 la Fédération générale de l’enseignement de base au ministère de l’Education.
La fédération avait alors décidé la rétention des notes relatives aux trois semestres de l’année scolaire, en signe de protestation contre le refus du ministère de satisfaire les revendications des enseignants. Plusieurs séances de dialogue tenues entre les deux parties se sont révélées infructueuses. Arguant de la situation peu envieuse des finances publiques, le ministère avait proposé une augmentation de l’indemnité pédagogique de 300 dinars entre 2026 et 2028, mais cette offre a été jugée « très en deçà des attentes » par la fédération. Suite au rejet de sa proposition, le ministère avait procédé à la révocation de quelque 500 directeurs d’écoles primaires et au gel des salaires de plusieurs milliers d’enseignants qui avaient refusé de remettre les notes via une plateforme électronique.
Walid KHEFIFI
