« La situation des ressources en eau pour l’année en cours est jugée meilleure que celle de l’année précédente. Les précipitations enregistrées ont affiché des taux supérieurs à la normale dans plusieurs régions. Elles ont atteint 122% dans le Nord-Est, 112% dans le Nord-Ouest, 108% dans le Centre-Ouest et 154% dans le Centre-Est. En revanche, les niveaux de pluviométrie dans le Sud-Est et le Sud-Ouest restent plus modestes, atteignant chacun 98% des moyennes habituelles », a révélé le ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Ezzedine Ben Cheikh.
Poursuivant son intervention lors d’une séance plénière de dialogue à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), le ministre a apporté des précisions sur la situation des barrages. Il a indiqué que les apports hydriques enregistrés depuis le début de l’année hydrologique, soit du 1er septembre au 14 juillet 2025, ont atteint 321 millions de mètres cubes. « Un chiffre nettement supérieur à celui de l’année précédente, qui s’élevait à seulement 127 millions de mètres cubes, soit un écart de 194 millions de mètres cubes », a-t-il souligné.
36% de remplissage des barrages : une capacité en deçà des besoins nationaux
Toutefois, malgré cette amélioration, le ministre a attiré l’attention sur la faiblesse persistante des réserves. « Le taux actuel de remplissage des barrages ne dépasse pas 36%, un niveau particulièrement faible au regard des besoins croissants en ressources hydriques, ce qui engendre des répercussions directes sur l’approvisionnement en eau potable dans plusieurs régions du pays », a-t-il précisé.
Face à cette situation, le ministère a mis en place un dispositif renforcé pour sécuriser l’accès à l’eau potable dans tous les gouvernorats. Le ministre a souligné que des équipes de travail conjointes et des unités de veille ont été créées au sein de la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (SONEDE). Plusieurs actions concrètes ont été engagées, forage et équipement de nouveaux puits, amélioration des réseaux de distribution, installation de compteurs intelligents pour une meilleure gouvernance du secteur.
Pour pallier les besoins urgents, des camions-citernes ont également été mobilisés afin d’approvisionner les zones rurales. En parallèle, plus de trois mille raccordements anarchiques ont été supprimés à fin juin 2025, une opération essentielle pour préserver la capacité des réseaux existants.
Dans la continuité de ces efforts, le ministre a ajouté que des quantités importantes d’eau ont été réservées à l’irrigation, en particulier pour alimenter les serres et les vergers. Ainsi, près de quarante mille hectares seront irrigués à travers les grands barrages durant la campagne 2024-2025.
Le ministre a également indiqué que la révision du Code de l’eau est en cours. Le nouveau projet de texte sera soumis aux ministères concernés avant d’être présenté au Conseil des ministres pour adoption. Il a, par ailleurs, évoqué l’état d’avancement de plusieurs projets relatifs à la construction de barrages et de réservoirs dans différentes régions, tout en soulignant les obstacles rencontrés dans leur exécution.
En ce qui concerne la distribution de l’eau, le ministre a tenu à démentir toute forme de manipulation dans la répartition entre les régions. Il a néanmoins reconnu que les coupures d’électricité affectent la régularité de l’approvisionnement en eau. Il a aussi précisé que les études techniques nécessaires pour la réalisation des projets d’eau courante sont prêtes et que des crédits ont été alloués pour la construction de stations d’épuration.
Il a ainsi évoqué les difficultés de financement que rencontrent les stations de dessalement, tout en précisant qu’il est prévu d’utiliser les eaux traitées pour l’irrigation agricole.
Céréales : une collecte supérieure à dix millions de quintaux
Abordant ensuite le secteur des céréales, le ministre a annoncé qu’à la mi-juillet 2025, plus de dix millions de quintaux avaient été collectés. « Cette performance est le fruit d’une profonde réorganisation de la filière, ayant permis de renforcer le système de collecte et de financer l’achat des céréales au profit des groupements agricoles. » a-t-il précisé.
Pour dynamiser davantage la filière, des mesures ont été prises afin d’optimiser le transport et de réviser à la hausse les tarifs appliqués aux différentes étapes de la chaîne.
Dans un souci de protection des agriculteurs face aux aléas climatiques, le ministre de l’Agriculture a souligné qu’un fonds d’indemnisation a été créé pour compenser les dommages causés par les catastrophes naturelles. « Ce dispositif, encadré par des textes juridiques, s’appuie sur des commissions nationales et régionales, ainsi que sur une plateforme informatique dédiée à la gestion des dossiers et des indemnisations. » a-t-il ajouté.
Le ministre a également assuré que son département œuvre à une gestion optimale du stock national de céréales, en lançant la construction de nouveaux entrepôts et en réhabilitant les infrastructures existantes. Il a par ailleurs évoqué une étude en cours pour la restructuration de l’Office des céréales, dans l’objectif d’améliorer son efficacité et ses performances.
Huile d’olive : une production en forte hausse malgré la baisse des prix mondiaux
Le secteur de l’olivier connaît également une embellie remarquable. « La production a enregistré une hausse de 55% durant la campagne 2024/2025, permettant l’exportation d’importantes quantités d’huile d’olive, en dépit d’un recul des recettes en raison de la baisse des prix sur le marché international », a indiqué Ezzeddine Ben Cheikh.
Le ministre a affirmé que son département s’est déjà engagé dans les préparatifs de la prochaine campagne. Il s’agira notamment de corriger les dysfonctionnements constatés lors de la saison précédente, d’améliorer les conditions de stockage et d’apporter un soutien accru aux agriculteurs, ainsi qu’aux propriétaires des huileries.
En parallèle, les opérations de maintenance se poursuivent et une vision globale est en cours d’élaboration pour la restructuration de l’Office national de l’huile. « L’objectif étant d’en renforcer l’efficacité et la compétitivité sur les marchés internationaux », a-t-il expliqué.
Nouha MAINSI
