Par Samia HARRAR
Lorsqu’une jeune fille de dix-huit ans décède, suite à une crise d’appendicite aiguë, parce qu’elle n’a pas été prise en charge à temps, à l’hôpital régional de Gafsa, faute d’un carnet de soins qui serait à jour, et parce que son père n’a pas les 67 dinars qui ont été exigés afin que sa fille puisse être hospitalisée dans l’urgence, comme son état de santé le commandait, et qu’il dut rentrer chez lui avec sa fille, dans l’espoir de pouvoir trouver l’argent qui lui manquait, pour qu’elle puisse accéder aux soins, c’est que Quelque chose ne va pas. Lorsque cette jeune fille, décédée aujourd’hui, parce que son appendicite a éclaté entre-temps, aggravant son état, et que le lendemain à l’hôpital, il fut impossible, c’est à se demander s’il est tolérable , un 25 juillet, à la veille de la Fête de la République devenue égalitaire avec le tournant du 25 juillet, de refouler un malade, du seuil de l’hôpital, parce qu’il n’aurait pas ceci ou cela, qui ferait de lui un citoyen à part entière, bénéficiant de tous ses droits : d’être humain et de citoyen, parce que le droit à la Santé est un endroit fondamental, qui fait partie des « marqueurs », les plus éloquents en réalité, sur la santé d’un pays.
L’hôpital public intra-muros, est pourtant au cœur des préoccupations de la plus haute autorité du pays. Et bien des efforts ont été consentis, sauf que ça ne suit pas dans les « têtes », et dans les mœurs. Car, si les moyens viennent encore à manquer, dans les hôpitaux, et dans les structures de santé publique, régionales, qu’il faut impérativement trouver, et inventer, le cas échéant, parce qu’il faut prioriser les urgences et que la Santé n’attend pas, ce qui est regrettable par-dessus tout, c’est un certain laxisme « assassin », même s’il est sans préméditation, qui fait qu’il y ait absence totale de responsabilité dans certains cas, si ce n’est dans la plupart des cas, lors de la prise de décision, ou d’initiative, pour accueillir quelqu’un en souffrance à l’hôpital, quand bien même il n’aurait, ni « carnet de soins », ni les moyens d’y pallier, parce que cela ne demande aucune réflexion puisque cela doit aller de soi, comme la plus sûre des évidences, qu’on ne « refoule » pas un malade, du « seuil » d’un hôpital : on le soigne d’abord, et tout le reste peut attendre.
Alia Bhiri, la jeune bachelière, qui rêvait sans doute d’un avenir radieux, dans son pays, en ce jour où l’on célèbre la proclamation de la République, doit être celle, qui, par « l’uppercut » de l’injustice de sa disparition, aura permis de réveiller enfin les consciences, et de faire bouger les « lignes », afin que plus jamais cela ne se reproduise ! La meilleure manière, et la plus simple, de pousser à un changement de réflexes dans ce sens, c’est d’édicter la « consigne » générale, de ne jamais refouler quiconque, de l’hôpital public, parce qu’il n’aurait pas le « carnet », ni l’argent qu’il faut pour y accéder. Ce doit être une « circulaire », aux termes sans équivoque, qui serait généralisée à tous les hôpitaux publics, et structures de soins de la République Tunisienne, exigeant que cette consigne soit respectée sans restriction et sans concession, par tous, jusqu’à ce que cela devienne un « modus opérande », que nul n’aurait plus l’outrecuidance de transgresser. C’est ainsi que la République, prête à relever tous les défis de l’heure, qui ne sont pas minimes, pourra se refaire une « santé ».
Dans ce nouvel ordre mondial, où l’humain est hélas foulé aux pieds, chaque jour un peu plus depuis Gaza, il est important pour notre pays, qui lutte fermement afin de se tracer sa propre voie, sans que quiconque n’empiète sur ses « plates-bandes », d’être exemplaire avec ses citoyens, dans ce qui fera toujours la différence, et la singularité, en construisant l’avenir. Nous le devons, aux générations qui viendront après nous, et aux jeunes d’aujourd’hui, qui n’ont pas à payer pour nos fautes et nos manquements. Afin aussi qu’ils puissent être fiers de leur pays. Vive la République !