Les actes de vandalisme contre les nouveaux bus de la capitale se suivent et se ressemblent. Les nouveaux bus tant attendus et acquis auprès de la Chine sont enfin mis en circulation, mais à peine 24 heures après, ils sont déjà la cible d’un acte de vandalisme. L’un des bus, tout juste sorti du dépôt de Bir El Kassaâ et transféré vers le dépôt de la Cité Ettadhamen pour intégrer le réseau de transport, a été délibérément endommagé le jour même de sa mise en circulation. Les images de vitres cassées par des jets de pierres font le tour de la Toile, suscitant indignation et dégoût chez les internautes, avec des appels à sévir sans merci contre le ou les auteurs d’une telle abomination. Pourtant, ces bus ultra-modernes exploités par la Société des Transports de Tunis (Transtu), ont de quoi combler les usagers et redorer le blason d’une métropole qui a longtemps souffert de ses transports en commun.
La nouvelle flotte est en principe destinée à contribuer significativement au renouveau des modes de transport collectifs dans la capitale. La mise en circulation de ces bus constitue un pas qualitatif au niveau de la qualité des services
Considéré comme un ancien et récurrent phénomène, le jet de pierres est un véritable danger vu que tous les jours, les bus, les trains, voire même les métros sont attaqués. Les causes de ce phénomène sont à rechercher dans l’incivisme et au manque d’éducation. Il n’y a pas un seul jour qui passe sans que des délinquants se permettent d’exceller dans une pratique ancienne, celle des bandits de grands chemins. La pratique est très simple : ils se positionnent dans un endroit pour y jeter des pierres ou d’autres objets. Les automobilistes deviennent la cible des jets. Nombreux sont les témoignages sur les réseaux sociaux qui font état de ce type d’incidents sur le réseau routier. Mais leur importance au niveau national est aujourd’hui difficilement quantifiable.
Jet de pierres : un fléau qui coûte cher à la TRANSTU
Ces hooligans ou plutôt ces casseurs sont en grande majorité des jeunes, parfois même des mineurs. Ils n’ont pas encore intégré, ni rejoint, les rôles et les statuts d’adultes empreints de retenue. La plupart d’entre eux ne mesurent pas la gravité de leurs actes ni les conséquences sur la conduite des usagers. Ali dit avoir été victime de jets de pierre à trois reprises. «La dernière fois, un galet a été jeté du bord de l’autoroute, et a heureusement fait un ricochet. J’ai vu la pierre arriver, alors j’ai donné un grand coup de volant. Les conséquences auraient pu être terribles.» Des incidents sans gravité, mais qui ont eu des répercussions sur les habitudes du conducteur. Et comme pour Ali, ces incidents sont sources de stress : «A chaque fois que je dois prendre l’autoroute, j’ai peur et je me demande si je vais pouvoir arriver à bon port. Car un jet de pierres peut s’avérer mortel», souligne son frère Ahmed.
Et en dépit de nombreuses campagnes de sensibilisation que la TRANSTU a engagées pour endiguer ce phénomène, les moyens de transport de voyageurs continuent toujours à subir le fléau. Depuis le début de l’année 2025 et jusqu’au 17 juillet, la Société des Transports de Tunis (TRANSTU) a enregistré pas moins de 674 actes de vandalisme ciblant les rames de métro et le train Tunis – La Goulette – La Marsa. Ces agressions, selon la responsable de la communication de la société, Hayet Chamtouri, se traduisent par des jets de pierres, le saccage de rétroviseurs, le vol de câbles en cuivre et divers actes de sabotage. En 2024, pas moins de 1100 attaques avaient été recensées sur le réseau ferroviaire, incluant des agressions contre les passagers et les agents. Le réseau des bus n’est pas épargné : 320 incidents ont été comptabilisés en 2024 et 181 pour le premier semestre 2025, causant des dégâts matériels et des blessures parmi les usagers et les employés. Face à cette recrudescence, TRANSTU mène des campagnes de sensibilisation et rappelle que les métros sont équipés de caméras de surveillance, permettant d’identifier les auteurs et de les traduire en justice conformément à l’article 304 du Code pénal, qui prévoit jusqu’à 5 ans de prison et des amendes pouvant atteindre 3000 dinars, en plus des réparations pour les préjudices causés.
Ce vandalisme risque en effet de prendre des proportions telles qu’il sera impossible, après, de l’endiguer. L’important, d’abord, c’est de prendre toutes les mesures que la loi autorise contre les contrevenants en faisant endosser la responsabilité à qui de droit. De plus, des dédommagements doivent être exigés. En outre, il y aurait un autre travail hautement plus important qui consisterait à lever le voile sur celui qui pourrait se cacher derrière ces tentatives de nuire à nos sociétés de transport et à saboter tous les programmes visant à améliorer les conditions de transport et à fournir de meilleures prestations.
Kamel Bouaouina
