«La stratégie de l’État s’oriente vers la reconstruction du système de transport public sur des bases solides et durables, ainsi que le renouvellement de la flotte, afin d’améliorer les services du secteur public de transport», a déclaré la Cheffe du gouvernement, Sarra Zaâfrani Zenzri, lors d’un conseil ministériel, tenu il y a quelques jours, consacré à l’examen du développement de ce secteur stratégique.
Dans ce cadre, elle a précisé que ces mesures s’inscrivent dans la mission économique et sociale fondamentale de l’État, qui s’emploie, dans l’immédiat, à mettre en place des solutions rapides et concrètes pour soulager les difficultés de déplacement des citoyens sur l’ensemble du territoire national.
Elle a également insisté sur la nécessité de réaliser des investissements massifs afin de moderniser une flotte de bus et de métros qui s’est fortement détériorée au cours des dernières décennies.
Pour répondre à ces défis pressants, le conseil ministériel a examiné les calendriers de livraison de plusieurs lots de bus provenant de différents pays, dont l’objectif est d’atténuer les souffrances des usagers, dans l’attente d’une relance complète de ce secteur vital, quasiment anéanti dans de nombreuses régions du pays.
Le plan d’expansion du parc public
À ce sujet, une série de mesures a été annoncée. Il s’agit, en premier lieu, de l’acquisition de 300 bus neufs en provenance de Chine, livrés par étapes les 17 juin et 12 juillet 2025. Parallèlement, un contrat international a été signé pour l’achat de 418 bus supplémentaires, illustrant la volonté du gouvernement d’élargir rapidement la flotte. Une convention sera conclue en septembre 2025 pour importer 200 bus suisses, tandis qu’un appel d’offres sera lancé pour l’acquisition de 35 rames de métro. Enfin, 397 bus en provenance d’Arabie saoudite ont reçu l’autorisation d’achat et d’importation.
Dans cette optique, Sarra Zaâfrani Zenzri a tenu à rappeler que la réforme du secteur des transports, dans toutes ses composantes, ne saurait se limiter à l’importation de véhicules. L’État élabore actuellement une stratégie globale visant à reconstruire un système fragilisé par des décennies de politiques inadaptées.
Elle a insisté : «Le secteur des transports constitue une artère vitale de l’économie tunisienne, étroitement liée à la dynamique sociale et économique des citoyens.»
«Une vision claire de la planification à long terme sera mise en place, conformément aux orientations du Président de la République, Kaïs Saïed, avec l’allocation des budgets nécessaires pour investir dans le secteur et répondre aux exigences de l’époque, tout en tenant compte de la croissance urbaine rapide et de l’évolution démographique», a-t-elle souligné.
Le Président de la République ordonne l’accélération des livraisons de bus
Dans la continuité de cette vision, le Président de la République, lors d’une rencontre en mai 2025 avec le ministre des Transports, Rachid Amri, a souligné la nécessité de reconstruire en priorité le secteur public du transport. Il a également insisté sur l’importance d’assurer l’arrivée dans les délais des bus provenant de plusieurs pays, afin de soulager les déplacements des citoyens, dans l’attente d’une relance totale de ce secteur quasiment démantelé dans tout le pays.
Le Chef de l’État a donné des instructions fermes pour lever tous les obstacles logistiques et administratifs afin que ces bus parviennent en Tunisie dans les plus brefs délais.
Par ailleurs, cette rencontre a permis d’évoquer la situation de la compagnie nationale Tunisair, récemment secouée par des perturbations dans les horaires de départ et d’arrivée. Le Président a rappelé la nécessité d’engager des réformes structurelles pour redonner tout son éclat à cette institution emblématique, tout en réaffirmant qu’il n’est en aucun cas question de privatisation.
Modernisation et lutte contre la corruption
Il faut rappeler qu’en juin 2025, dans le cadre des efforts pour moderniser le réseau de transport, la société Transtu a réceptionné une première tranche de 111 bus sur un total de 300 commandés à un constructeur chinois, avec une deuxième livraison au cours de ce mois. Cette nouvelle flotte vise à renforcer l’offre de transport dans le Grand Tunis et les zones prioritaires, répondant ainsi aux besoins croissants en mobilité.
En parallèle, une conférence nationale sur la gestion des carburants a permis de présenter une stratégie anti-corruption articulée autour de trois axes , la restructuration organisationnelle, la mise en place de procédures transparentes et l’adoption d’outils technologiques pour renforcer la traçabilité. Ces initiatives s’inscrivent dans le cadre du plan de développement 2026-2030 pour le transport et la logistique, qui ambitionne de moderniser et optimiser le secteur, tout en répondant aux enjeux énergétiques et économiques du pays.
Réformes à Tunisair
Parallèlement, face aux perturbations persistantes et à la dégradation continue des services de Tunisair, le ministère des Transports a pris des mesures fermes pour redresser la situation de la compagnie nationale. Parmi ces décisions figurent le limogeage de Habib Mekki, ancien président du conseil d’administration, remplacé par Tarek Bouazizi, ainsi que la nomination d’Issam Hammam à la tête de Tunisair Technics.
Le ministère a également adressé un avertissement strict aux chefs d’escale et aux représentants de la compagnie à l’étranger, exigeant une meilleure prise en charge des passagers et une communication claire en temps réel. Des sanctions sont prévues contre tout manquement, tandis que des enquêtes sont en cours sur les dossiers de corruption financière et administrative.
Nouha MAINSI