Par Samia HARRAR
Il y a ce petit garçon palestinien : Amir ; qui a marché douze kilomètres pour rejoindre un point de distribution alimentaire. Il y a son visage hagard, son regard anxieux, son corps amaigri, et ce misérable sac de lentilles qu’il serre contre lui. C’est tout ce qu’il a pu obtenir et il doit remercier. Ceux qui l’ont affamé, massacré sa famille et son peuple, pulvérisé tout ce qui était sa terre, réduite à néant. Il y a cette main qui se tend, obscène jusqu’à l’écœurement : celle d’un assassin. Cette main qui commande à l’enfant de l’embrasser, pour remercier pour le misérable petit sac de lentilles. Ce que l’enfant, terrorisé fait : embrasser cette main assassine, et puis il y a ces tirs nourris qui fauchent l’enfant au ventre vide, avant même qu’il n’ait pu esquisser quelques pas, pour fuir cet endroit immonde, ce piège infernal qui fait tomber les Palestiniens, tous les jours, qui n’y viennent que parce qu’ils sont à bout de souffle, et que, de toute façon, ils savent qu’ils peuvent mourir à n’importe quel moment, et de n’importe quelle façon à Gaza, transformée en charnier à ciel ouvert. Un cimetière pour les enfants.
Amir, un petit garçon qui, par le geste que lui impose la « vaillante » soldatesque de Tsahal, pourrie jusqu’à la moelle, signe ainsi, à son petit corps défendant, la dernière humiliation infligée à tout un peuple, par ceux qui ont volé sa terre, brûlé sa maison, massacré sa famille, affamé tous ses proches, tous ses voisins, et lui en premier, tout en continuant de bénéficier de l’impunité. Des images insoutenables, qu’il faut pourtant regarder, afin de ne jamais oublier, ce qu’a fait l’entité sioniste génocidaire, aux enfants de Palestine.
Il vous naît des idées meurtrières, et des envies de massacres à la tronçonneuse, contre tous ceux qui ont trempé leurs mains criminelles, dans le sang des enfants palestiniens, mais une seule chose vous retient : ne pas vous salir les mains, car toute cette abjection, toutes ces abominations, commises par la soldatesque de Tsahal, pourrait vous contaminer de souillures indélébiles, que vous ne pourrez pas assumer de toute votre existence. Parce que l’innommable qui est toujours en cours à Gaza, va au-delà et
par-delà tout le mal qu’il est permis d’imaginer, et qu’il faut accepter que l’on ne puisse pas, quoique l’ont ait envie de faire, rivaliser, dans l’échelle de l’abjection, avec ce que commet aujourd’hui l’entité israélienne, comme somme de monstruosités, contre les Palestiniens. Alors, à l’échelle du mal, comme c’est un combat perdu d’avance, il faut, non pas renoncer, mais choisir de ne pas devenir « monstre » à son tour, quand sonnera l’heure. Ce sera le plus dur des combats…
