En 2021, 69 000 élèves ont abandonné l’école en Tunisie, soit une moyenne de 300 élèves déscolarisés chaque jour. D’autres statistiques parlent d’au moins 90 000 abandons scolaires à la fin de l’année scolaire 2021/2022, soit 4% de l’ensemble des élèves, tous niveaux confondus. Derrière les chiffres se cache un coût économique considérable, sachant que les abandons scolaires coûtent annuellement à la Tunisie plus de 1,1 milliard de dinars tunisiens, soit environ 20% du budget du ministère de l’Education. Un constat désolant ! Faut-il imputer cette situation aux défaillances du système éducatif ou à des conditions familiales et socio-économiques défavorisées ?
Il est entendu par décrocheurs précoces, les élèves entre 12 et 16 ans qui ont quitté définitivement la scolarité. Généralement, ces élèves n’ont pas les conditions d’âge et de niveau pour être inscrits dans des filières de la formation professionnelle. Le niveau scolaire de ces jeunes décrocheurs est inférieur au minimum requis pour poursuivre une formation professionnelle.Une structure a été créée depuis quelques années, baptisée «l’Ecole de la deuxième chance» qui a pour mission de prendre en charge les jeunes décrocheurs scolaires en vue de leur admission dans une filière de formation professionnelle ou d’apprentissage pour une insertion sociale et professionnelle durable. Quels sont les résultats de ces nouvelles structures faites pour secourir des milliers de décrocheurs scolaires ?
L’abandon scolaire, un véritable gâchis
En Tunisie, l’abandon scolaire est un problème complexe avec des causes multiples, touchant principalement les jeunes entre 13 et 17 ans, particulièrement ceux issus de milieux modestes et défavorisés. Plusieurs causes sont à l’origine de l’abandon scolaire. D’abord, les facteurs socio-économiques sont déterminants : la pauvreté, le manque de ressources financières pour couvrir les frais de la scolarité (fournitures, nourriture, habillement, transport…), ce qui pousse de nombreux enfants à quitter l’école pour aller travailler. Comme autre cause, il y a le manque de soutien familial dans le travail scolaire, des attitudes parentales négatives envers l’école, ou des situations familiales difficiles (divorce, pauvreté, etc.). De même, les défaillances de notre système scolaire et le manque d’infrastructures suffisantes et adéquates peuvent contribuer au décrochage scolaire. Ajoutons à cela, des problèmes de santé mentale qui peuvent également influencer la capacité de l’élève à suivre les cours et à s’intégrer dans le milieu scolaire. De surcroît, un manque de sensibilisation des parents et des élèves sur l’importance de l’éducation et les opportunités qu’elle offre peut également contribuer au décrochage. Tous ces facteurs entraînent un manque de motivation pour les études, le redoublement, la perte de confiance en soi et l’idée de l’abandon précoce de l’école.
Combinaison de facteurs socioéconomiques
L’abandon scolaire en Tunisie est donc un phénomène complexe, résultant d’une combinaison de facteurs socio-économiques liés au système éducatif, personnels et sociaux. Pour lutter efficacement contre ce problème, l’Etat a créé une nouvelle structure scolaire, appelée «Ecole de la deuxième chance» pour que chaque enfant puisse enfin avoir la chance de réussir et de construire son avenir. L’École de la Deuxième Chance (E2C) a donc pour objectif l’accompagnement et la formation destinés aux jeunes ayant quitté l’école sans qualification. Son objectif principal est de les aider à réintégrer le système éducatif ou à s’insérer dans la vie professionnelle. Cette école travaille en partenariat avec le ministère de l’Éducation, le ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi, ainsi qu’avec des entreprises privées, pour assurer un suivi complet et adapté à chaque jeune.
Aujourd’hui, selon les déclarations officielles, ces écoles de la «deuxième chance» ont permis de réaliser des résultats positifs. «Le taux de décrochage scolaire a diminué au cours de ces dernières années, passant de 100 mille par an à environ 63 mille», selon le directeur général de l’enseignement secondaire au ministère de l’Education. Plus de 70 000 élèves ont été intégrés dans ces écoles de deuxième chance, situées actuellement dans quatre gouvernorats du pays. Le taux d’abandon scolaire a été relativement réduit. Des progrès certes, mais nous sommes encore loin des objectifs escomptés.
Hechmi KHALLADI
