Par Samia HARRAR
L’impudeur et le cynisme de Netanyahou n’ont pas de limites. Quelques heures avant que Tsahal, l’armée la plus « morale » du monde, ne cible la tente de cinq journalistes palestiniens, correspondants de la chaîne qatarie Al-Jazeera” dans l’enclave, à côté de l’hôpital Al-Shifa, le premier ministre israélien donnait une conférence de presse où il osait déclarer que les médias locaux mentaient et manipulaient l’information, et qu’il n’y avait ni famine ni génocide à Gaza. Il est évident qu’il savait déjà, puisqu’il en avait donné l’ordre, que la tente de Anas al-Sharif et de ses quatre collègues, allait être bombardée le soir même.
Aux environs de minuit, Anas al-Sharif, le reporter Mohamed Qreiqeh, ainsi que les photographes Ibrahim Zaher, Moamen Aliwa, et Mohamed Noufel, meurent sous le bombardement. En les assassinant, Israël pense réussir à faire taire les voix qui faisaient parvenir au monde au monde, les images de l’horreur au quotidien dans l’enclave, et l’atroce vérité sur le génocide en cours.
Plus de 200 journalistes Palestiniens, ont été assassinés par l’entité sioniste depuis octobre 2023. En ciblant la tente de presse de l’équipe d’Al-Jazeera, l’armée israélienne commet un énième crime de guerre, en s’en prenant impunément à des journalistes, qui ne faisaient qu’accomplir leur mission-sacerdoce, qui consiste à témoigner de ce qui se passe, tout en ayant conscience à chaque seconde, qu’ils pouvaient payer de leur vie, leur dévouement à leur profession. Et à leur cause. Est-ce que les « professionnels de la profession », de par le monde, vont contester ces crimes terribles, et témoigner de leur solidarité à leurs confrères palestiniens, ou choisir de se taire?
Anas al-Sharif savait qu’il était visé. Un communiqué de l’armée de l’entité occupante, avait reconnu les faits, mais en prétendant que le journaliste était en réalité un « terroriste » du Hamas, et c’est bien pour cela qu’il avait été ciblé. Encore un mensonge éhonté d’Israël, contredit par la réalité du terrain. Anas al-Sharif était âgé de 28 ans. Il n’avait pas arrêté de témoigner de l’horreur dans l’enclave, depuis le premier jour. Et il était, sans doute, l’un des premiers, à avoir témoigné des assassinats des Palestiniens, à proximité des pseudo centres d’aide humanitaire. Il y a quelques mois, il avait écrit son testament. « Si vous lisez ces mots, c’est que j’ai été tué… » dira-t-il en substance. “N’oubliez pas mes enfants: la prunelle de mes yeux, ma fille Sham que je ne verrai pas grandir, et mon petit garçon Salah… ».
Dans une dernière vidéo, lors d’un court retour chez lui pour voir sa famille, sa fille “Sham” l’embrasse et le serre contre elle, avec ferveur, en lui disant qu’il lui avait beaucoup manqué. Comme si elle savait que ce serait peut-être la dernière fois qu’elle pourrait se blottir dans les bras de son père. Dans une autre séquence, Anas al-Sharif, serrant sa fille contre son épaule, lui fait répéter ceci: « On ne quitte pas Gaza, si on la quitte, c’est pour rejoindre le ciel… ». Que la terre lui soit légère…
