La transmission de l’histoire d’une société se réduit bien souvent à en évoquer le récit national dont les contours, lissés et policés, sont laissés à la marge au nom d’une communauté de destin. L’on tend à donner de l’histoire une représentation linéaire, tissée sur les victoires successives du groupe social hégémonique qui, souvent, apparaît comme l’unique artisan de l’identité d’une nation que l’on voudrait immuable et homogène. Ainsi conçue, l’écriture de l’histoire se nourrit du déni et de l’oubli de l’Autre, minoritaire donc minoré. La collection « Tunisie plurielle » des Éditions Santillana sous la direction Habib Kazdaghli souhaite contribuer à faire perdurer les traces des communautés, minorités ethniques et religieuses qui ont vécu en Tunisie.
« Tunisie plurielle » explique t-il « entend être un espace d’interactions et d’échanges, à travers la publication d’ouvrages évoquant les diverses strates qui forment notre passé, en s’ouvrant tant aux récits de mémoires qu’aux recherches historiques, et en tendant la plume aussi bien aux écrivains tunisiens qu’aux auteurs et témoins qui, pour l’avoir connu ou habité, entretiennent des liens avec le pays. La collection aspire à dépasser la vision unilatérale d’une identité tunisienne construite autour du seul élément arabo-musulman, plongeant ainsi dans l’oubli bien des populations et des groupes ethniques ou religieux. Leur empreinte, tant matérielle qu’immatérielle, aussi bien dans l’architecture du pays que dans ses écrits, y demeure perceptible, mais elle est éclipsée par le récit hégémonique. Depuis plus de deux décennies, la diversité des couches qui forment le passé de la Tunisie éveille la curiosité d’un public de plus en plus étendu, et suscite un intérêt croissant de la part d’anciens résidents qui conservent des liens étroits avec leur terre natale. « Tunisie plurielle » entend accompagner les lecteurs qui s’inscrivent dans ces dynamiques. En éditant des écrits qui recomposent les fragments de sa belle mosaïque, produits par des spécialistes, des jeunes chercheurs ou encore des témoins, elle espère apporter une contribution, aussi modeste soit-elle, au renouvellement de l’écriture de l’histoire de la Tunisie, et donner de l’élan à un champ de connaissance en pleine éclosion ».
C’est dans ce cadre que les Éditions Santillana, en partenariat avec l’Association Manouba pour les Monuments et la Culture (AMMC), organisent la première journée Tunisie Plurielle à l’Espace Hammamet Arts & Culture ce vendredi 15 août 2025 avec la participation de Maya Ksouri (Romancière) et Dhafer Al khatib (Cinéaste). Cette rencontre offrira une immersion dans cette collection et un échange sur les enjeux de la culture tunisienne contemporaine.Au programme, une inauguration de l’exposition photo de l’AMMC, une présentation publique des ouvrages de la collection Tunisie Plurielle en présence des auteurs ainsi que des actions de l’AMMC et hommage à ses fondateurs. La clôture se fera par une projection du film documentaire « Conséquences » en présence du réalisateur Dhafer El Khatib
Kamel BOUAOUINA
