«Prochainement, des amendements seront apportés au décret n°2000-146, relatif à la conduite sous l’emprise de l’alcool. Ce texte, en cohérence avec le Code de la route, impose au conducteur d’être pleinement apte sur les plans physique, psychologique et mental», a annoncé le chef du bureau de coordination et de communication à l’Observatoire National de la Sécurité Routière (ONSR), le colonel Chamseddine Al Adouani.
Dans une déclaration accordée à la Radio nationale, le colonel Al-Adouani a précisé que le décret n°146, lors de sa promulgation, avait confié au ministère de la Santé la responsabilité d’homologuer les appareils numériques. «Pour cette raison, le texte fera l’objet d’une prochaine révision, et la révision pourrait toucher d’autres aspects associés», a-t-il expliqué.
Il convient de rappeler que le décret n°2000-146, relatif à la conduite sous l’emprise de l’alcool, avait déjà été amendé en 2016 par le décret gouvernemental n°292 du 1er mars 2016. Depuis cette réforme, les dispositions de l’article 6 ont été entièrement modifiées. Cet article stipule que toute personne dont les vérifications révèlent un taux d’alcool pur égal ou supérieur à 0,3 gramme par litre de sang est désormais considérée comme conducteur sous l’influence de l’alcool.
Par ailleurs, pour certaines catégories de conducteurs, la tolérance est nulle. Cette règle s’applique aux conducteurs en période probatoire, aux conducteurs de véhicules lourds destinés au transport de marchandises, à ceux affectés au transport de personnes disposant de plus de huit sièges (hors siège du conducteur), aux conducteurs assurant un transport public non régulier, aux conducteurs de véhicules destinés au transport touristique, ainsi qu’aux moniteurs d’auto‑école et aux formateurs spécialisés dans la formation des enseignants de conduite, lorsqu’ils exercent leur profession.
En matière de sanctions, le décret prévoit une peine d’emprisonnement pouvant atteindre six mois, ainsi qu’une amende comprise entre 200 et 500 dinars, ou l’application d’une seule de ces deux peines. L’infraction entraîne également le retrait du permis de conduire pour une durée maximale de six mois. En cas de récidive dans l’année suivant la fin de cette période, la suspension du permis peut être prolongée jusqu’à un an.
Détection du taux d’alcool : des résultats en 20 minutes grâce aux nouveaux appareils
D’un autre côté, le colonel Chamseddine Al Adouani a indiqué que les appareils de détection du taux d’alcool sont de haute qualité, soulignant qu’auparavant le processus de vérification nécessitait trois jours, alors qu’il peut désormais être réalisé en seulement vingt minutes grâce aux nouveaux dispositifs.
L’utilisation de ces appareils intelligents a été annoncée en juillet 2025 et s’est accompagnée de plusieurs campagnes de sensibilisation, sous l’égide de l’Observatoire National de la Sécurité Routière, menées dans de nombreux gouvernorats, visant à informer les conducteurs sur les dangers de la conduite sous l’influence de l’alcool. Lors de ces campagnes, les appareils ont été utilisés pour démontrer concrètement leur efficacité.
«Ces appareils se distinguent par leur précision, leur rapidité et leur capacité à fournir des résultats instantanés, permettant ainsi aux agents d’appliquer immédiatement les mesures légales nécessaires», a précisé la cheffe par intérim du service de communication routière à l’Observatoire national de la Sécurité routière, Samia Massoud.
Dans une déclaration à l’agence Tunis Afrique Presse (TAP), elle a ajouté : «Si la révision de ce décret était approuvée, les services du ministère de l’Intérieur pourraient disposer de ces appareils pour mesurer le taux d’alcool dans le sang sans passer par les laboratoires d’analyse, fournissant ainsi des résultats instantanés. Cette avancée contribuerait à dissuader les conducteurs d’enfreindre la loi et à réduire le nombre d’accidents de la route».
Accidents liés à l’alcool : 9 morts et 83 blessés enregistrés
D’après les données de l’Institut National de la Sécurité Routière, jusqu’au 14 août 2025, la conduite sous l’influence de l’alcool a provoqué 53 accidents, représentant 1,69% du total, entraînant 9 décès (1,21%) et 83 blessés (1,99%).
«Jusqu’au 11 août 2025, 3 055 accidents ont été enregistrés, soit une baisse de plus de 600 accidents par rapport à la même période de l’année précédente. On note également une diminution d’environ 1 000 blessés. Cependant, et malheureusement, le nombre de décès a augmenté de 6%, avec 46 morts supplémentaires par rapport à l’année passée», a déclaré le colonel Chamseddine Al Adouani.
Un plan national ambitieux pour réduire de 50% les accidents de la route d’ici 2034
En matière d’accidents de la route, le ministre de l’Intérieur, Khaled Nouri, a annoncé lors d’une session de dialogue au Conseil national des régions et des districts, en juillet 2025, la mise en place d’un «Plan national intégré de sécurité routière», visant à réduire le coût élevé supporté par la nation en raison des accidents de la route.
«Ce plan ambitionne de réduire de 50% ces accidents d’ici 2034. Cette stratégie repose sur le traitement des causes principales des accidents avec la participation active des parties concernées, ainsi que sur la révision des textes législatifs relatifs à la sécurité routière dans le cadre d’une réforme profonde, tout en insistant sur l’application effective et rigoureuse des lois sur le terrain», a précisé le ministre.
Khaled Nouri a ainsi indiqué que ce plan national repose sur une série de mesures progressives visant à réduire significativement le nombre d’accidents de la route en Tunisie. «Dans un premier temps, l’objectif est de diminuer de 10% le nombre d’accidents au cours des trois prochaines années, soit de 2025 à 2027. Cette réduction sera ensuite portée à 25% d’ici 2030, avant d’atteindre un objectif ambitieux de plus de 50% à l’horizon 2034», a-t-il expliqué.
Pour atteindre ces cibles, le plan prévoit également le renforcement des campagnes de contrôle sur le terrain, particulièrement aux heures de pointe et dans les secteurs les plus à risque. En parallèle, le réseau de radars sera étendu grâce à la digitalisation et au développement de systèmes d’information avancés, permettant une lecture plus précise des statistiques et une identification approfondie des causes principales des accidents de la route.
Nouha MAINSI
