Par Samia HARRAR
Ce ne fut pas une grève générale, et Israël n’a pas été mise totalement à l’arrêt, même si des milliers d’Israéliens ont afflué au cœur de la capitale pour demander l’arrêt de la « guerre », à Gaza et la libération des otages. Le pays n’a pas été mis à l’arrêt dimanche 17 août, parce que le mouvement des syndicats avait choisi de ne pas s’y mêler pour ne pas « paralyser » l’économie de l’entité sioniste, déjà en berne depuis 2023, à cause des choix désastreux d’un Netanyahou, plus criminel de guerre que jamais, qui se refuse à plier, même sous le poids de la pression de sa propre rue déterminé à finaliser la dernière étape de son projet génocidaire afin d’annexer Gaza et la Cisjordanie, dans la droite logique de son expansionnisme visant à faire aboutir son « rêve » de « Grand Israël », dont les sionistes israéliens et leur allié américain ont largement jeté les jalons avec la balkanisation des pays arabes qui les gênaient le plus dans leur trajectoire.
Est-ce qu’il est nécessaire de revenir sur le sort fait à l’Irak de Saddam, et aujourd’hui à la Syrie, lorsque l’hydre rampante, louche sur des pans entiers du Liban, de la Jordanie, de l’Arabie Saoudite et même de l’Égypte, en dépit de tous les accords de « bon voisinage », supposés protéger ces pays, contre l’appétit, jamais assouvi d’Israël, pour grignoter encore plus de territoires, quitte à assassiner la moitié de la planète pour y parvenir? Non, il n’est pas nécessaire de revenir là-dessus. En revanche, se rendre à une triste évidence: les milliers de citoyens israéliens qui ont manifesté dans les rues de Tel Aviv dimanche, pour l’arrêt des opérations militaires dans l’enclave dévastée, hormis quelques irréductibles de la paix, qui existent en Israël, qui existent vraiment, notamment parmi les jeunes « refuzniks » et autres opposants à la colonisation de Gaza et de la Cisjordanie occupée, n’ont pas fait la grève, par solidarité avec les Palestiniens soumis au génocide. Ils ont manifesté par solidarité avec les otages et à l’appel des familles des otages, retenus à Gaza, mais aussi pour « protéger » les soldats, ne voulant pas voir davantage de morts parmi les rangs de Tsahal, et étant toujours aussi insensibles aux souffrances endurées par les enfants Palestiniens.
C’est un constat terrible, que les différentes statistiques, émises par des instances israéliennes, soulignent cruellement, qui font montre de la totale indifférence des Israéliens, dans leur grande majorité, à ce qui se passe, quasiment sous leurs yeux, et qu’ils refusent de regarder en face. Pire: s’ils le regardent en face, cela ne leur fait pas plus d’effet que cela, et pour certains, ils en redemandent. C’est d’autant plus criant, que des voix, pourtant reconnues, parmi leur propre « intelligentsia », à l’instar d’Amos Goldberg, ou encore le journaliste Gideon Levy, qui, lui, a toujours et de tout temps dénoncé l’apartheid en cours dans son pays, et plus dernièrement: David Grossman, l’éminent écrivain, qui déclare sa honte aujourd’hui, de devoir porter le poids moral de tous ses crimes contre l’humanité, commis en son nom, c’est à dire au nom de tous les Israéliens, et de tous les juifs de la diaspora, y compris ceux qui ne se reconnaissent pas du tout dans l’État génocidaire et le proclament depuis le début, reconnaissent aujourd’hui, et ne craignent pas de nommer le génocide. Sauf qu’il n’y a pas de véritable crise morale en Israël, qui puisse pousser à l’insurrection.
Et même si les Israéliens choisissent, de plus en plus, de quitter le pays, pour aller grossir les rangs de la diaspora, surtout aux Etats-Unis et en France, c’est surtout pour fuir un climat, jugé désormais « anxiogène » pour eux, et une instabilité sécuritaire dont ils ne veulent pas payer le prix. Ironie du sort: c’est maintenant sur cette « diaspora », que compte désormais Tsahal, l’armée la plus dépravée du monde, pour renflouer ses effectifs. D’après la radio de l’armée israélienne, l’entité sioniste cherche à influencer les jeunes franco-israéliens et américano-israéliens plus spécifiquement, pour qu’ils acceptent de rejoindre Tsahal, pour combler le « déficit ». En clair, Netanyahou ne compte pas, avant d’avoir décimé, et déporté, le dernier Palestinien, arrêter l’hécatombe. Il faudrait peut-être l’arrêter lui-même, pour commencer; ce serait déjà un début… A quand le début de la fin? Il est plus qu’urgent…
