Dans un souci d’améliorer la qualité des prestations et de rapprocher les services médicaux des citoyens, notamment dans les régions de l’intérieur, le ministère de la Santé mise désormais sur de nouvelles solutions technologiques. Depuis quelque temps, le département œuvre à la digitalisation du système de santé à travers plusieurs mécanismes innovants. Parmi eux figure le lancement d’un système d’intelligence artificielle (IA) conçu pour renforcer l’efficacité et la qualité des services offerts aux patients.
C’est dans cette perspective qu’une rencontre récente a réuni le ministre de la Santé, Mustapha Ferjani, et le ministre des Technologies de la communication, Sofiène Hemissi. Cette réunion a permis de dresser une feuille de route commune pour accélérer la transformation digitale du secteur.
À l’issue de cet échange, plusieurs priorités ont été définies : le développement du système d’information sanitaire, la généralisation du raccordement des établissements de santé à l’Internet haut débit, ainsi que le rapprochement des services et des spécialités médicales des citoyens vivant dans les régions de l’intérieur, notamment grâce à la lecture à distance des images de scanner.
Parallèlement, les deux ministres ont évoqué la préparation au lancement du premier hôpital numérique, destiné à mieux couvrir les besoins des zones intérieures. Un accent particulier a également été mis sur le renforcement de la gouvernance numérique et sur la nécessité de fluidifier l’échange de données entre les différents secteurs concernés.
«La transformation numérique n’est pas un simple choix, mais un processus dynamique et durable qui exige un suivi et un développement continus», a affirmé le ministre Mustapha Ferjani lors de la cérémonie de clôture du projet DigiHealth Tour Tunisia. Il a souligné que la digitalisation du secteur de la santé ne se limite pas à une modernisation technique, mais qu’elle s’inscrit dans une véritable vision stratégique. «L’intelligence artificielle joue un rôle clé dans l’amélioration du diagnostic médical et dans le renforcement de la précision des décisions thérapeutiques», a-t-il ajouté.
La Banque mondiale accorde 125 millions de dollars pour moderniser le système de santé
En matière de financement, la Banque mondiale a annoncé, le 28 mai 2025, l’approbation par son Conseil des administrateurs d’un appui de 125,16 millions de dollars, dont 17,16 millions sous forme de don provenant du Fonds de lutte contre les pandémies.
Dans un communiqué, la Banque mondiale a précisé que ce financement vise à soutenir les efforts de la Tunisie pour améliorer l’accès à des services de santé résilients, de qualité et mieux préparés aux situations d’urgence. «Ce soutien s’inscrit dans le cadre du Projet de renforcement du système de santé tunisien», a-t-elle précisé.
Cette initiative nationale a pour objectif de renforcer la préparation aux pandémies et les capacités de prise en charge des urgences, de moderniser les services de soins primaires et d’améliorer la gouvernance, ainsi que la numérisation du système de santé publique.
Concrètement, le projet vise à améliorer l’accès de l’ensemble de la population aux soins critiques, aux services d’urgence et aux interventions hospitalières de qualité. Il bénéficiera également directement aux agents de santé de première ligne, en renforçant leurs compétences dans des domaines clés tels que la surveillance des maladies, l’épidémiologie de terrain, les soins d’urgence et l’utilisation de systèmes numériques, notamment les dossiers médicaux électroniques.
Alexandre Arrobbio, chef des opérations de la Banque mondiale pour la Tunisie, a déclaré : «En renforçant la résilience et la réactivité du système de santé tunisien, ce projet contribuera à garantir que tous les Tunisiens, en particulier les plus vulnérables, puissent accéder à des soins de qualité en temps utile.»
Vers un premier hôpital numérique pour renforcer l’accès aux soins dans les régions
Dans le prolongement de cette stratégie, le ministère de la Santé s’appuie sur la mise en place d’un hôpital 100% numérique. Ce chantier ambitieux représentera une première, non seulement en Tunisie, mais aussi sur l’ensemble du continent africain, comme l’a révélé Aymen Chakhari, responsable de l’intelligence artificielle et du développement numérique au ministère de la Santé.
Grâce à ce centre de télémédecine, les citoyens des régions de l’intérieur et des zones éloignées pourront bientôt accéder à des services de santé de qualité via l’intelligence artificielle et les technologies modernes, rapprochant ainsi les soins des patients et évitant des déplacements longs et contraignants.
Médecine interne et digitalisation
Dans la continuité de sa stratégie de digitalisation et de rapprochement des services médicaux, le ministère a récemment annoncé une série de mesures visant à renforcer la médecine interne et à promouvoir la numérisation pour garantir l’équité sanitaire. Le ministre a souligné le rôle central des médecins spécialisés, notamment dans la prévention et le traitement, tout en insistant sur l’importance de suivre les avancées scientifiques et les recherches récentes.
Ces mesures incluent le renforcement des ressources humaines spécialisées en médecine interne, l’élaboration d’un plan national de diagnostic médical et la généralisation des consultations à distance.
La plateforme «Njda.TN» pour améliorer la prise en charge des urgences cardiaques
Pour améliorer la prise en charge des urgences cardiaques, le 12 août 2025, le ministère de la Santé a lancé un plan ambitieux visant à généraliser la plateforme «Njda.TN» sur l’ensemble du territoire national. Cette initiative permet de détecter les infarctus à un stade précoce, avec des notifications envoyées instantanément aux équipes médicales, favorisant ainsi une intervention rapide pour sauver le patient et réduire les complications.
Pour accompagner cette démarche, le ministère prévoit de fournir des équipements numériques modernes à tous les services de cardiologie, aux services d’urgence,* ainsi qu’aux véhicules d’ambulance du SAMU. Parallèlement, les équipes médicales bénéficieront de formations spécialisées pour utiliser efficacement ces outils. En combinant innovation, formation et équipements de pointe, cette technologie vise à assurer que chaque patient reçoive un traitement dans les plus brefs délais, garantissant ainsi la protection maximale et la sauvegarde du plus grand nombre de vies possible.
Coopération internationale avec la Corée du Sud pour renforcer la digitalisation médicale
Le 14 août 2025, le ministre de la Santé a rencontré l’ambassadeur de Corée du Sud, LEE Tae-won, pour renforcer la collaboration en matière de digitalisation médicale, de développement des technologies de santé, de recherche conjointe, de formation en chirurgie robotique et de tourisme médical.
Le ministre a été invité à participer au Sommet mondial de la biotechnologie en Corée en septembre. Les deux parties ont souligné que l’innovation et les technologies modernes sont essentielles pour améliorer la qualité des soins et positionner la Tunisie comme un acteur de premier plan en Afrique.
Nouha MAINSI
