Les docteurs au chômage ont décidé, jeudi soir, de lever le sit-in qu’ils observaient depuis le lundi 9 août devant le siège du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique suite à la visite du président de la République, Kaïs Saïed, qui leur a promis un processus d’intégration progressive dans les Universités et les institutions publiques.
«Le Chef de l’État nous a promis le recrutement dans des postes de recherche, d’enseignement et au sein de l’administration. Nous considérons sa promesse de trouver des solutions définitives au chômage des titulaires du diplôme du doctorat comme un accord. Par conséquent, nous avons décidé de lever le sit-in», a déclaré Boujemaâ Hajji, l’un des docteurs qui ont campé devant le ministère pendant treize jours.
Selon lui, le Président s’est également engagé à attribuer aux docteurs au chômage des postes de responsabilité dans la fonction publique et à organiser des concours de recrutement dans les établissements d’enseignement supérieur, avec la mise sur pied d’une commission nationale qui veillerait sur la transparence de ces concours et garantirait le droit de recours pour les recalés.
Le Président de la République a déclaré lors de ses entretiens avec les docteurs chômeurs que la lutte contre le chômage des titulaires de doctorat est une «priorité nationale», tout en leur assurant que l’État œuvre à mettre en place un processus de recrutement fondé sur la compétence, le mérite et des salaires équitables, conformément aux qualifications académiques.
«Nous déployons tous les efforts pour établir un recrutement juste», a-t-il déclaré, soulignant que toute intégration devra respecter les cadres légaux en vigueur.
Alors que le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a promis de recruter prochainement quelque 1350 titulaires du diplôme du doctorat au moyen d’un concours, le collectif «La Voix des docteurs chercheurs» a réitéré son appel à une intégration directe des docteurs chômeurs (sans passer par des concours) au sein des établissements d’enseignement supérieur et des centres de recherche.
Victimes de «choix erronés»
Il a d’autre part plaidé pour l’abolition de l’ensemble des contrats et des heures de vacation au niveau des établissements de l’enseignement supérieur, ainsi que pour l’arrêt de la prolongation de l’activité de certains enseignants-chercheurs au-delà de l’âge de la retraite et la suspension du rattachement des enseignants du secondaire, des experts et des professionnels, notant au passage que 40% des enseignants à l’Université ne sont pas des doctorants.
Les docteurs au chômage ou exerçant des fonctions en deçà de leurs qualifications académiques ont multiplié ces dernières années les actions de protestation pour réclamer leur droit au travail.
Le Président de la République, Kaïs Saïed, avait appelé, en juillet 2024, le gouvernement à trouver des «solutions urgentes» au dossier des docteurs chômeurs. Expliquant que ces derniers sont «les victimes de certains choix erronés dont ils paient cher le prix».
En plus du recrutement des docteurs au chômage au sein des établissements d’enseignement supérieur, le Chef de l’État avait annoncé, le 13 février dernier, la possibilité de créer au moins 5 000 postes d’emploi pour les docteurs chercheurs au sein de plusieurs centres et laboratoires de recherche rattachés aux divers ministères. Il avait également ordonné «une accélération du processus de recrutement des docteurs au chômage afin de clore définitivement ce dossier», selon un communiqué officiel de la présidence.
Le nombre de docteurs chômeurs ou occupant des postes inférieurs à leurs qualifications académiques (enseignants vacataires, fonctionnaires, simples agents administratifs, etc.) est estimé à environ 7000. Mais des centaines de nouveaux diplômés viennent grossir chaque année les rangs de ces chômeurs «ultra-diplômés».
Walid KHEFIFI
