La Fédération générale de l’enseignement secondaire et la Fédération générale de l’enseignement de base ont sonné, hier, une mobilisation commune contre le blocage du dialogue avec le ministère de l’Education.
Les deux fédérations rattachées à l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) ont annoncé, lors d’une conférence de presse, une «journée de colère nationale» pour demain 28 août durant laquelle un rassemblement de protestation sera organisé devant le siège du ministère de tutelle, ainsi qu’une grève générale pour le 7 octobre prochain, soit trois semaines seulement après la rentrée scolaire.
«Ces mouvements de protestation visent à défendre le droit syndical et à dénoncer le refus du ministère de tutelle de mettre en œuvre des procès-verbaux conclus au cours des dernières années, alors la situation empire dans les établissements éducatifs comme en attestent la dégradation des infrastructures et l’absence de mise à jour des programmes depuis environ 25 ans», a déclaré le secrétaire général de la Fédération générale de l’enseignement secondaire, Mohamed Essafi.
«La gestion unilatérale de la rentrée scolaire par le ministère et l’exclusion des syndicats risquent d’aggraver la situation avec une moyenne de 42 élèves par classe et une augmentation du nombre d’heures d’études qui engendrera une grande fatigue aussi bien pour les enseignants que pour les élèves», a-t-il ajouté.
De son côté, le secrétaire général de la Fédération générale de l’enseignement de base, Mohamed Laâbidi, a indiqué que le nombre moyen d’élèves par classe pourrait passer de 32 à 37 élèves dans les écoles primaires, tout en mettant en garde contre une rentrée scolaire «catastrophique».
La Fédération de l’enseignement de base réclame notamment l’amélioration des infrastructures scolaires, la reprise du dialogue sur les modalités de la mise en œuvre de plusieurs accords conclus au cours des dernières années, alors que les conditions de travail des enseignants ne cessent de se détériorer sous l’effet du manque de moyens de travail, d’une baisse du pouvoir d’achat des enseignants et de la dégradation des services de base comme le raccordement à l’eau courante et à l’électricité dans de nombreuses écoles primaires, plus particulièrement dans les petites villes situées dans l’intérieur du pays et les zones rurales.
Majorations salariales
Les enseignants du primaire revendiquent aussi des majorations salariales conséquentes pour compenser la détérioration de leur pouvoir d’achat, la révision du mouvement des directeurs des écoles primaires, la régularisation de la situation des titulaires de la licence appliquée en éducation et enseignement (LAEE) et le reclassement des instituteurs appartenant à la catégorie «A3» (niveau bac+4 et maîtrise).
Les revendications portent également sur la titularisation des enseignants stagiaires, la reconnaissance du droit des instituteurs à l’avancement professionnel à travers l’organisation de sessions d’inspection périodiques, l’octroi d’une «note pédagogique de base» à l’ensemble des enseignants et le décaissement des honoraires des enseignants suppléants et contractuels.
Les enseignants du primaire réclament par ailleurs le versement de l’indemnité de travail dans les zones rurales au titre des années 2023 et 2024, ainsi que le décaissement de la prime de direction aux directeurs des écoles primaires qui avaient été révoqués après avoir participé au mouvement de rétention des notes durant l’année scolaire 2022/2023.
La Fédération générale de l’enseignement secondaire, qui avait organisé tout au long de l’année scolaire écoulée plusieurs actions de protestation contre le blocage des négociations avec le ministère de l’Education dont une grève le 26 février 2025, réclame, quant à elle, le lancement d’un dialogue national sur la réforme de l’éducation dans les plus brefs délais, l’intégration de la totalité des enseignants suppléants, la majoration des salaires des professeurs, la révision à la hausse du montant de plusieurs indemnités telles que celles de la rentrée scolaire, du contrôle et de la correction des examens, ainsi que l’octroi d’échelons et de grades exceptionnels.
Elle revendique également la revalorisation des primes dont bénéficient les directeurs et les proviseurs des collèges et des lycées secondaires et de l’indemnité pédagogique, la révision à la hausse des budgets des établissements éducatifs secondaires, la généralisation des bourses universitaires aux descendants des enseignants, ainsi que l’adoption d’une loi qui criminalise toutes les formes d’agression ciblant le corps enseignant.
Les autorités de tutelle estiment cependant que la majorité des revendications des enseignants a un impact financier considérable qui risque d’avoir des répercussions négatives sur les équilibres budgétaires alors que la masse salariale de la fonction publique, qui représente déjà près de 15% du produit intérieur brut (PIB) du pays à l’heure où le gouvernement se penche sur des dossiers plus brûlants tels que l’intégration de plusieurs milliers d’enseignants suppléants et la suppression des diverses formes de travail précaire telles que la sous-traitance et l’intérim.
Walid KHEFIFI
